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Etudiants médecins et infirmiers. En première ligne de la crise, payés 1 euro de l’heure !

Piliers des hôpitaux, les internes en médecine et les stagiaires étudiants en infirmerie sont au coeur de cette crise sanitaire. Payés entre 0,7 et 1,08 euros de l'heure, travaillant en moyenne 60 heures hebdomadaires, ces jeunes travailleurs constituent une armée de réserve corvéable à merci pour le gouvernement. Une précarité qui se fait particulièrement ressentir en pleine pandémie de Covid-19.

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Crédit Photo / AFP. Une infirmière s’occupant d’un patient atteint du Covid-19 dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital Bichat, à Paris, le 13 mars 2020.

Une main d’oeuvre ultra précaire au coeur de la crise

Dans une vidéo publiée sur Twitter, une étudiante infirmière témoigne des conditions de travail dans les hôpitaux pour les étudiants. Stagiaire, elle évoque la situation des étudiants réquisitionnés pour se joindre à la gestion de la crise, et dénonce l’utilisation par les hôpitaux du statut d’étudiant des jeunes pour les payer… 1,08 de l’heure, voire 70 centimes pour les premières années. "On nous envoie comme des petites mains pas chères, alors qu’on a un diplôme d’aide soignants".

Le fait que les étudiants soient réquisitionnés en tant qu’étudiants permet aux hôpitaux de leur donner les responsabilités d’un diplômé tout en les payant comme des étudiants. La rémunération scandaleuse des étudiants en infirmerie est même inférieure à celle des stagiaires, dont les conditions de travail et la précarité ne sont plus à démontrer.

Le "dernier maillon de la chaîne alimentaire de l’hôpital", le "bouche-trou", la "variable d’ajustement" ou encore "l’ouvrier de l’hôpital", autant d’adjectifs que les internes utilisent pour se qualifier selon l’étude du syndicat des internes ISNIH publiée en 2012.

Ce qui est certain, c’est qu’avec une moyenne de 60 heures de travail par semaines et des salaires quasi-inexistants, les internes et stagiaires font partie des plus précaires de l’hôpital public, qui ne peut tourner sans eux. Et l’embauche des étudiants permet d’exercer une pression par le bas sur les salariés de l’hôpital, dont les conditions de travail sont déjà très précarisées. "Plus que dix heures, et je pourrai pleurer" exprimait une interne à Lyon dans l’enquête de l’ISNIH. Une souffrance qui fait écho à celle de l’ensemble de la communauté soignante alors qu’elle est au coeur de l’ouragan du Covid-19.

Cette précarité est le fruit d’une longue dynamique de destruction des services publiques. En 2016 déjà, le syndicat CFE CGC déononcait les politiques passées et à venir de casse systématique de l’hôpital public avec une volonté du gouvernement de faire des économies (140 millions d’économies par ans prévues), avec des suppressions de lits, (17 500 ces 6 dernières années), des regroupement de centres hospitaliers qui impliquent la fermetures de certains sites et surtout près de 2500 de CDI supprimés entre 2012 et 2016 pour être remplacés par 1200 contractuels : un statut nettement plus précaire puisque la sécurité de l’emploi n’est plus assurée pour ces travailleurs. Ces remaniements et politiques managériales violentes ont particulièrement touché l’Alsace et la Lorraine ainsi que l’Ile de France. Deux foyers aujourd’hui particulièrement touchés par l’épidémie et dont les hôpitaux sont déjà saturés.

Face à cette épidémie historique, le gouvernement en appelle aujourd’hui à la jeunesse bon marché qui se destine aux métiers de la santé en les réquisitionnant. Des étudiants triés sur le volet par des réformes de plus en plus sélectives, qui ne permettent qu’à 20% des jeunes souhaitant s’engager dans la santé de sortir diplômé. Un manque cruel de médecins et de soignants, que l’on ressent fortement aujourd’hui alors que les internes et le corps médical est asphyxié par la charge de travail.

Face à la crise sanitaire et sa gestion désastreuse par le gouvernement, exigeons pour ceux qui sont en première ligne des conditions de travail et de vie dignes !

Le gouvernement réquisitionne des étudiants parce qu’ils représentent une main d’oeuvre quasiment gratuite. Réquisitionner, oui, mais comment ?

Il s’agit en priorité de payer l’ensemble du personnel soignant à hauteur du travail et de l’effort qu’il fournit pour la collectivité. À travail égal, salaire égal : plus aucun salaire de misère pour les étudiants réquisitionnés !

Ensuite, il est nécessaire de diminuer le temps de travail des salariés de l’hôpital, en embauchant largement. En travaillant une moyenne de 60 heures hebdomadaires, les internes sont incapables de fournir des soins de qualité, et admettent pour 15% d’entre eux avoir déjà commis des fautes professionnelles à cause de l’extrême fatigue. Face à la crise du Coronavirus, il est une nécessité impérieuse de renforcer les effectifs en première ligne.

Egalement, les centres d’étude sanitaire doivent rouvrir dans le but de former massivement et rapidement les étudiants à opérer les premiers soins en cas de rebond de l’épidémie ou de nouvelle crise sanitaire de ce type. Des actions simples tels que les tests au coronavirus, qui, avec une campagne pratiquée sur l’ensemble de la population, pourrait drastiquement faire baisser la propagation de l’épidémie et donc limiter l’engorgement des hôpitaux.

Sur le plus long terme, rouvrir les centres d’études sanitaire et abolir les critères de sélection à l’entrée de l’université de médecine permettraient de doter les établissements hospitaliers et de santé de bien plus d’effectifs formés à sauver des vies dans ce genre de situation. Une perspective qui s’avère impérative à la lumière du Coronavirus.


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