Bonnes affaires, locations, billets… les vacances commencent sur le Web

LE PARISIEN MAGAZINE. Curieux, exigeant, pressé et accro aux bons plans, le touriste 2019 est arrivé. Avec une tendance de fond : près de 8 Français sur 10 préparent désormais leur voyage en ligne.

 Le contexte économique et social a beau être très tendu, les Français n’ont jamais placé autant d’espoirs et d’attentes dans leurs congés d’été. Ici  la calanque de Morgiou à Marseille.
Le contexte économique et social a beau être très tendu, les Français n’ont jamais placé autant d’espoirs et d’attentes dans leurs congés d’été. Ici la calanque de Morgiou à Marseille. Yohanne Lamoulère pour Le Parisien Week-End

    « Les vacances devraient presque être remboursées par la Sécurité sociale », plaisantait Guy Raffour, directeur du cabinet d'études Raffour interactif, en conclusion du dernier bilan du tourisme de loisir des Français qu'il présentait le 12 mars. Plus que jamais, les congés représentent un « besoin vital », exprimé par 53 % des personnes interrogées pour le baromètre Opodo/Raffour interactif en mars 2019. En 2018, les deux tiers d'entre elles ont eu la chance de partir, un record depuis la création du baromètre, il y a dix-sept ans.

    Grèves dans les transports, mouvement des Gilets jaunes, hausse des prix du carburant… Le contexte économique et social a beau être très tendu, les Français n'ont jamais placé autant d'espoirs et d'attentes dans leurs congés d'été. « C'est une parenthèse émotionnelle et reposante de plus en plus indispensable face à un environnement international préoccupant et à un quotidien saturé de contraintes », résume Guy Raffour. Le budget consacré au principal séjour de l'année reste relativement stable – environ 2 200 euros par foyer – et 55 % des Français sont prêts à limiter leurs dépenses pendant l'année pour pouvoir partir en vacances.

    Consommateurs aguerris et plus exigeants qu'autrefois, les Français passent des heures sur le Web en quête du séjour idéal ou du meilleur rapport qualité-prix. Selon le dernier TripBarometer de TripAdvisor (mené par l'institut Mori, en janvier 2019), 14 % des Français réservent lorsqu'ils tombent sur une bonne affaire, et pas forcément à date fixe, comme la plupart des Européens. De même, une personne sur trois est prête à changer de destination si elle trouve un vol moins cher. Le baromètre Opodo pointe aussi le comportement flexible de ces touristes modernes : ils font preuve de souplesse, s'adaptent aux offres proposées, aiment être surpris par de nouvelles propositions…

    Téléphone portable et réseaux sociaux

    « Le voyage virtuel précède désormais le voyage réel », affirme Guy Raffour. En 2018, près de huit Français sur dix ont préparé leur voyage en ligne; 55 % y ont réservé leur séjour et 58 % ont utilisé leur smartphone ou leur tablette pour la préparation des vacances. Pratique consistant à préparer son voyage depuis son ordinateur, le « e-tourisme » continue de se développer mais il faut désormais compter avec le « m-tourisme », qui se décline sur les appareils mobiles avec des sites optimisés pour les téléphones portables et de nombreuses applications (guides touristiques, visites de musées, géolocalisation…).

    Autre évolution : l'influence grandissante des réseaux sociaux. Sur Facebook, nombre de parents préparent ainsi, des mois à l'avance, leur été, sondant la communauté à propos des meilleurs hôtels pour partir avec un bébé, ou des destinations riches en activités pour ados. Pour ceux que les sociologues nomment la génération « Y » (née entre 1980 et 1999), qui baigne depuis toujours dans une société de l'image, un autre réseau social – Instagram – fait figure de prescripteur pour le choix des visites, restaurants ou bars à ne surtout pas manquer.

    Selon une étude réalisée en février dernier par le site de réservations d'hôtels Booking auprès de 21 500 clients de 29 pays différents, 28 % des voyageurs sélectionnent leur destination en fonction de son caractère « instagrammable », et 43 % préparent leur valise en songeant aux futures photos de vacances qu'ils pourront partager sur les réseaux sociaux.

    «City break» et découverte de nouvelles cultures

    Si les séjours longue durée occupent toujours le haut du classement (et concernent 40 % des Français), les séjours courts – dits « city break » – sont en hausse. Budget serré oblige, 38 % des Français (contre 33 % en 2017) ont opté pour des escapades d'une à trois nuits, dans des villes européennes (Lisbonne, Porto, Rome, etc.) ou bien en France, ce qui leur a permis d'utiliser leur véhicule personnel… et d'éviter les grèves.

    Valeur sûre, la plage reste une destination plébiscitée par un quart des Français, en majorité dans des locations ou des centres de vacances (TripBarometer, janvier 2019). « La découverte de nouvelles cultures est un facteur plus important que la météo dans le choix de la destination, nuance cependant Sally Davey, directrice des relations avec les professionnels chez TripAdvisor.

    Les voyageurs souhaitent élargir leurs horizons et expérimenter quelque chose de nouveau, plutôt que d'aller simplement vers une destination ensoleillée ». En 2019, plage, soleil et farniente ne suffisent plus. Car même si l'on garde un œil sur le porte-monnaie, les vacances, pour être réussies, doivent aussi comporter leur lot d'inattendu, de rencontres et d'émotions.

    Quatre formules pour l'été

    Aurélie Stapf

    Le «all inclusive», beaucoup pour moins cher Cet anglicisme, que l'on peut traduire par « tout compris », implique une prise en charge complète du séjour (avion, trajet aéroport-hôtel, nuitées d'hôtel, repas, boissons, animations, accès à des activités sportives et des espaces de détente). Appréciée des vacanciers soucieux de leurs dépenses, cette formule de vacances est souvent associée au tourisme de masse. Attention aux pièges, certaines activités et certaines boissons, notamment l'alcool, n'étant pas toujours vraiment incluses.

    Le «glamping», le chic en pleine nature Contraction des mots « glamour » et « camping », le « glamping » est apparu il a une quinzaine d'années aux Pays-Bas et connaît un net engouement depuis cinq ans. Sous une yourte, dans une cabane perchée dans les arbres ou dans une bulle avec vue imprenable sur le ciel étoilé, il plaît aux amoureux de la nature qui aspirent à des vacances originales... et confortables. Car si l'électricité fait défaut, la literie est digne des meilleurs hôtels et les sanitaires d'une propreté irréprochable.

    Le «slow», le temps comme un luxe Apparu dans les années 2000 comme une alternative au tourisme de masse, ces vacances « à faible allure » s'apparentent à une philosophie de vie. Il s'agit de prendre son temps, d'éviter les lieux bondés, de consommer des produits locaux ou d'échanger avec l'habitant. Les « slow » touristes privilégient des déplacements propres comme le vélo ou la marche. Ces séjours s'accompagnent en général d'une détox digitale : on éteint alors les écrans pour contempler la nature !

    Le ciné-tourisme un séjour sur un grand écran Sur les traces de Game of Thrones de l'Islande à l'Espagne, ou de Harry Potter en Grande-Bretagne, les cinéphiles ont leurs propres circuits touristiques. On peut parier que la ville de Matera, dans le Sud de l'Italie, attirera des foules après la sortie du prochain James Bond, prévue en 2020. Si vous vous trouvez en manque d'idée, suivez le compte Instagram de l'Américain Phil Grishayev (@phil_grishayev), qui se prend en photo sur les lieux de tournage de films américains cultes.