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Comment gérer sa charge cognitive pour être plus efficace au travail

Les avancées dans les neurosciences ont mis en avant les effets néfastes de l’open space. Trop bruyant, ce système ne favoriserait pas la concentration. Quelques conseils pour rester performant.

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Pourquoi ne pas instaurer un droit à la déconnexion... à l'intérieur de l'entreprise ? (Shutterstock)

Par Florent Vairet

Publié le 3 janv. 2019 à 13:00Mis à jour le 7 janv. 2019 à 14:06

“Aujourd’hui, un salarié est interrompu en moyenne toutes les trois minutes. Entre les mails sur l’ordinateur, les notifications du smartphone et le bruit dans l’open space, le niveau de sollicitations est devenu un frein à la performance et au bien-être”, affirme Gaëtan de Lavilleon, docteur en neurosciences et fondateur de l’agence Cog’X. Ce frein porte un nom : la charge cognitive. Elle correspond à l’effort mental déployé pour effectuer une tâche dans un contexte particulier.

Ce scientifique intervient dans les entreprises pour les aider à réduire la surcharge d’activité cérébrale de leurs salariés. En dix ans, il assure avoir vu le nombre de perturbations dans l’environnement de travail exploser. La configuration en open space, massivement adoptée par les entreprises, n’est pas étrangère à ce phénomène. “Certaines études mesurent une diminution de 70% des échanges en face-à-face.”

Des avancées dans la compréhension du cerveau

Conséquence : pour échanger en interne, les courriels pleuvent toute la journée sur votre boîte mail. Que vous soyez en réunion ou en pause déjeuner, ils viennent se rajouter à toutes les autres stimuli externes. Pour les spécialistes, il est devenu urgent de savoir gérer ces sollicitations pour soulager notre cerveau.

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Le concept de charge cognitive n’est pas nouveau et remonte aux travaux sur la psychologie cognitive des années 60. Ces dernières années, les travaux scientifiques ont remis cette notion au goût du jour grâce à des avancées dans la compréhension du cerveau. Il a été montré que la charge cognitive dépend de l’ensemble de facteurs qui agissent sur notre capacité de compréhension, comprenant le passé de l’individu, son niveau d’anxiété, son niveau de concentration, etc.

Répondre au texto ou écouter la réunion ?

On admet aisément que la capacité de traitement de cet organe est limité, mais comprend-on réellement pourquoi ? “Il ne traite pas les informations en parallèle - comme le font les ordinateurs - mais en série”, rappelle Nawal Abboub, neuroscientifique et dirigeante de la startup Rising Up Paris. En d’autres termes, il analyse un élément après l’autre. Il cherche à les traiter de la manière la plus efficace possible. Or, dans un environnement avec beaucoup de facteurs stimulants, le cerveau “switch” d’une tâche à l’autre et finit par s’épuiser.

De nos jours, les salariés sont donc soumis à deux injonctions contradictoires : être multitâche tout en étant performant. Les neurosciences battent en brèche cette idée et conseillent plutôt de prioriser les tâches, même si ce n’est pas toujours facile, lorsque tête dans le guidon, plongé dans notre journée de travail, nous sommes tentés de croire que tout est urgent. Il faut s’efforcer de faire la différence et se demander par exemple, ce texto est-il plus important que la réunion à laquelle vous assistez?

Autre conseil des neuroscientifiques : faire des pauses. Là encore, le conseil n’est pas novateur mais combien d’entre nous ne s’en accordent pas pour, disent-ils, “pouvoir quitter le travail en ayant fini sa to-do-list”. Bien souvent, le résultat est que durant les dernières heures de la journée, vous êtes frappé d’une productivité médiocre.

L’open space n’est pas la panacée

Or, “une pause permet non seulement de recharger les batteries, mais aussi de pouvoir ancrer durablement une information dans le cerveau”, explique Nawal Abbou. S’accorder un break est fortement conseillé avant de trancher entre deux options dans le cadre d’une décision importante. Au retour d’une pause, même très courte, le dilemme paraît moins insolvable.

Si vous êtes pris par le temps, laissez-vous aller quelques minutes à vos rêveries pour diminuer la charge cognitive. Avec un peu plus de temps, il est conseillé de sortir marcher, et si possible à plusieurs. “Les pauses sociales permettent une recharge plus efficace”, affirme la neuroscientifique.

Autre conseil : s’isoler pour effectuer les tâches nécessitant de la concentration. L’open space amène son lot d’interférences et Gaëtan de Lavilleon constate que des entreprises remettent en place des salles de silence. “Il est important d’avoir des espaces dédiés aux différents types d’activités”, assure le fondateur de Cog’X.

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Droit à la déconnexion aussi dans l’entreprise

Bien sûr, bien dormir est indispensable. Les neuroscientifiques ont longtemps pensé que le cerveau était inactif durant les phases de sommeil. Dernièrement, ils ont observé que les neurones se réactivaient la nuit, à une vitesse trois à quatre fois plus importante. Un tri se fait et le cerveau fixe les chemins qui ont été tracés durant la journée.

En résumé, on vous conseille de prioriser, vous aérer l’esprit, et si besoin de vous isoler. “En France, nous avons acté un droit à la déconnexion en dehors de l’entreprise, il faudrait réfléchir aux modalités pour l’appliquer également à l’intérieur”, conclut Gaëtan de Lavilleon.

Florent Vairet

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