The Pimps - More Songs About Drugs With Curse Words

Chronique CD album (45:30)

chronique The Pimps - More Songs About Drugs With Curse Words

L’avantage d’internet en général, et du site www.rateyourmusic.com en particulier (dont je ne suis pas actionnaire, contrairement aux apparences), ce n’est pas seulement de porter à notre connaissance des nouveautés croustillantes issues des banlieues indonésiennes les plus reculées ou des vallées de la Cordillères des Andes les plus inaccessibles, mais également de découvrir des vieilleries dont personne ne nous avait susurré le nom à l’oreille jusqu’alors. Celui de The Pimps par exemple, qui a dû abandonner le blaze de The Goodyear Pimps après que le géant du caoutchouc pour roues lui a demandé d’arrêter de traîner son nom dans la drogue et la boue (… faut croire qu’ils n’équipent pas les véhicules tout-terrain, les pauvres chéris !).

 

The Pimps (= Les Maquereaux !) s’est formé à Rockford, Illinois, en 1997. Une époque où ChatGPT n’était qu’un animal de compagnie pétomane, et Deezer l’heure de la messe. Et si le groupe n’a pas fait beaucoup parler de lui de ce côté-ci de la mappemonde musicale, cela n’a rien à voir avec l’éventuelle courte durée de son aventure, ni le caractère confidentiel de ses sorties… Car :

  • les loustics n’ont jamais lâché l’affaire depuis qu’ils ont commencé à balancer la sauce
  • selon ce qu’on inclut ou non dedans, leur discographie peut afficher jusqu’à dix entrées
  • à leurs débuts, les loustics étaient signés chez Hollywood Records, une filiale de Disney
  • ils ont tourné avec Insane Clown Posse
  • ils ont placé un titre sur la BO de Mission Impossible II…
  • … et un autre sur celle de Sexy/Crazy

Bref : pas besoin d’indics chelous traînant dans des bidonvilles craignos pour choper l’info, a priori.

 

« C’est parce que leur musique est toute moisie, sans doute, que personne ne t’a jamais passé le mot… »

 

Même pas, c’est un comble ! OK, c’est vrai, parmi les rares chroniques qu’on peut trouver sur la toile, certaines sont saignantes. Parce que « sur More Songs About Drugs With Curse Words, tous les morceaux se ressemblent », prétendent-elles. Alors oui mais non. Certes, une certaine homogénéité peut pousser des auditeurs intransigeants à faire rimer le mot avec linéarité. Sauf que :

1) non seulement le rythme est brisé à intervalles réguliers par des titres « autres »

2) mais de plus cette impression est surtout le fruit

  • d’une personnalité forte
  • de compos mettant particulièrement en avant la rythmique
  • d’un chanteur dont le flow hypnotisant ne varie que peu

 

Le registre de The Pimps – sur cet album du moins – c’est une Fusion des bas-fonds, évoluant dans une ambiance de film noir tendance charbon urbain foncé. Un Rap Metal groovy de petites frappes pratiquant le racket bas de gamme et fréquentant les salles de boxe miteuses. La tension est donc quasi constante, la gouaille menaçante, les marques de piquouse apparentes. Et pourtant l'expérience ne fait pas qu'hypnotiser : elle séduit. Profondément. Du fait – entre autres – d’une basse girondissime, de quelques percus bien placées, et de mille autres stratagèmes qui font mouche.

Afin de goûter à la « The Pimps touch », le mieux est de tremper l’oreille dans les tueries « Japanese Game Show » (rhaaa ces riffs granuleux !), « Code Brown » (au jeu de jambes félin et aux enchaînements dignes de Mike Tyson) et « Rocket Science » (qui ne desserre jamais les dents). Mais contrairement à ce que disent les langues de vipère, le groupe brille dans d’autres registres. La défense appelle d’ailleurs à la barre « Aqua Velva », qui s'avère aussi funky’n’groovy que le plus funky des morceaux de Funk Metal funky. Du côté de « Axes 6th » ça tchatche et rappe « à la cool » en bordure d’un terrain de basket du Bronx (« cool » comme un crackhead, prenez garde !). À noter d’ailleurs que ce titre dégage également de sympathiques fragrances bluesy, qu’on retrouvera plus fortement encore sur « Pookie » et « Mr Smiley » – où le Blues trempe cette fois plus dans la Soul et la Funk. Et si ça ne vous suffit pas, notez que le « Machine Stop » final hésite entre couplets Hardcore Metal et refrain Punk Rock à roulettes, et que le morceau bonus qui lui fait suite rend hommage aux grands classiques de la Honky Tonk Country.

 

Franchement : linéaire, More Songs About Drugs With Curse Words ? On parle sans doute de la ligne droite que suit le fêtard torché pour rentrer chez lui… J’en ai fait des découvertes tardives de « classiques »… Mais rares sont ceux qui sont revenus aussi souvent dans mes écouteurs que ce coup de poing discographique au groove délicieusement vicieux. Dépêchez-vous, vous aussi, de rattraper votre retard en la matière : cela donnera un coup de frais à votre playlist jogging / salle de sport / punching ball.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : et si RATM était tombé dans les drogues dures et les petits larcins ? Ils auraient sans doute composé More Songs About Drugs With Curse Words, même si le chant est ici plus menaçant que moralisateur, et que la basse a souvent l’ascendant sur la guitare. Plus groovy que jumpy, plus sombre que le groupe de Fusion moyen, plus boxe que skate, cet album de The Pimps reviendra immanquablement tourner sur votre platine / lecteur dès lors que vous y aurez glissé un bout d’oreille.

photo de Cglaume
le 16/03/2025

5 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 16/03/2025 à 08:38:03

Ah ?!  De la Fusion pas rigolote du tout et encore moins ''piss and luv''?! Je suis client !

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 17/03/2025 à 10:40:34

Bon bah bravo, grâce à ta chronique j'ai maintenant une playlist sport/pump it Up sur Spotify. Y a encore que Code Brown dessus mais elle est là.

cglaume

cglaume le 17/03/2025 à 10:49:14

Allez 1... 2... 3... On bouge le fessier, on rentre le ventre !!!!!

fedaykyn

fedaykyn le 19/03/2025 à 10:05:22

Merci de nouveau pour cette autre découverte. Je ne connaissais pas non plus ce groupe mais c'est vraiment cool. Très bon groove une fois de plus. En revanche c'est chiant à trouver à petit prix.

cglaume

cglaume le 19/03/2025 à 10:43:15

Le fétichisme coûte de plus en plus cher 😅😅


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