Michel Ragon, 1924-2020

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© Thesupermat - Michel Ragon, écrivain et critique d'art, 1924-2020

Décédé le 14 février 2020 à l'âge de 95 ans, l'écrivain Michel Ragon était un grand critique et historien de l'architecture, auteur notamment d'ouvrages sur l’architecture et de l’urbanisme moderne, sur les utopies des années 1950-60 ou encore l'implication des habitants dans la construction de leur environnement.

"Je n'ai rien contre les historiens d'art, ni les historiens de l'architecture. Bien au contraire, je leur suis reconnaissant des précisions qu'ils m'apportent et qui me servent de références pour mon travail. Mais il s'agit là de critique a posteriori. La critique architecturale que j'essaie de faire et qui, dans une large mesure, est encore un genre à créer, est une critique d'actualité", écrivait Michel Ragon en 1964, au rédacteur en chef de L'Architecture d'aujourd'hui, Alexandre Persitz. Le critique comme intermédiaire entre le professionnel de l'art et le public -et pas seulement entre pairs-, voilà l'engagement social que n'a eu de cesse de défendre Michel Ragon.

Prospective

Né à Marseille en 1924, écrivain, poète, critique d’art et historien, Michel Ragon publie son premier ouvrage sur l’architecture en 1958, Le Livre de l’architecture moderne. En 1965, Les visionnaires de l'architecture est lui axé sur les expérimentations des années 1950-60. Défenseur d'une architecture prospective, dénonçant l’indigence esthétique et "l’impasse" de l’urbanisme occidental, Michel Ragon devient alors le porte-voix d’une jeune génération d’architectes engagés dans l’expérimentation de nouvelles formes urbaines. Il fonde en 1965, le Groupe international d’architecture prospective (Giap), qu’il anime jusqu’au début des années 1970.

Implication habitante

Son engagement social s'affirmera à travers ses innombrables écrits, expositions et conférences. Il nourrit c'est certain, la publication en 1977 de L'architecte, le prince et la démocratie, ouvrage sur le thème de la participation habitante et de l'autogestion. Alors qu'au même moment l'architecture devient "d'intérêt public" par la loi, Ragon y réfute la terminologie moderniste "d'usagers" et appelle les "habitants" à prendre en main leur environnement, à devenir les maîtres de chez eux, de véritables maîtres d'ouvrage. Opposant le "logement marchandise" au "logement fonction sociale", "l'habiter fonctionnaliste" à "l'habitat poétique", l'ouvrage fait le point sur les expérimentations d'alors à Grenoble, Bologne et aux Etats-Unis. Et il interpelle les concepteurs de l'époque: "tant que les architectes modernes ne sauront pas répondre aux fonctions psychiques de l'habiter dans leurs immeubles collectifs, le pavillon aura plus de séduction que l'appartement". Un pamphlet d'inspiration anarchiste -idées dont Ragon n'a cessé d'être proche-, autant qu'un livre d'histoire, à relire alors que l'implication des habitants devient la norme dans la fabrication du cadre de vie.

 

 

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