"C’était une stratégie, très astucieuse et cynique, qui montrait que l’on pouvait faire ce que l’on voulait en Amérique." David Anfam
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Bonjour,

Aujourd'hui : "Votre mission, si vous l’acceptez…"

Où l’on fait la connaissance d’un mécène très, très discret.

Jackson Pollock, Convergence, 1952, huile sur toile, 237 × 390 cm, Galerie d'art Albright-Knox, Buffalo © ADAGP Paris, 2018
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1958. Une gigantesque exposition fait le tour des grandes villes européennes. Son sujet ? La "nouvelle peinture américaine".
Parmi les œuvres exposées, on trouve des grands noms de l’art abstrait, comme Pollock, Rothko ou Newman. Peu de personnes savent alors que cette exposition est soutenue par… la CIA.

Mark Rothko, Light cloud, dark cloud, 1957, huile sur toile, 167 x 154 cm, Musée d'art moderne, Fort Worth © ADAGP Paris, 2018
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Est-ce que les services secrets américains seraient amateurs de peinture abstraite ? Pas spécialement. Surtout que ces artistes sont souvent des anarchistes ou des sympathisants communistes. Autant dire qu’en pleine guerre froide, ils ne sont vraiment pas appréciés du gouvernement des États-Unis !
Mais la CIA a parfaitement compris l’intérêt d’utiliser leurs œuvres dans la féroce bataille idéologique qui l’oppose à l’URSS.

Nikolay Belyayev, Les Heureux, 1949, huile sur toile, dimensions et lieu de conservation inconnus
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L’art officiel de l’URSS est alors le "réalisme socialiste", un style figuratif assez contraignant qui doit illustrer les valeurs soviétiques.
Aux États-Unis, c’est tout l’inverse : un art sans sujet appelé "expressionnisme abstrait", où l’artiste exprime sa liberté individuelle.

Martha Holmes, Jackson Pollock dans son atelier, 1949, Life Magazine

La CIA investit donc beaucoup d’argent et d’énergie pour promouvoir ces peintres aux États-Unis et en Europe. Leur but ? Faire apparaître, en comparaison, l’art soviétique comme rigide et vieillot…

Mais le rôle de la CIA doit rester un secret absolu ! Hors de question que les artistes apprennent la manière dont leur art sert la propagande américaine. "Il ne fallait pas qu’on puisse se retrouver dans la situation d’avoir à dédouaner Jackson Pollock", raconte un ancien agent secret.

Membres du "Congrès pour la liberté culturelle"
De gauche à droite : Arthur Koestler, Irving Brown et James Burnham, photo : DR
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La CIA se cache donc derrière une autre institution, le "Congrès pour la liberté culturelle". Et c’est ce dernier qui organise les expositions, trouve des financements et encourage les journalistes.

Si le succès de cette guerre d’influence est difficile à quantifier, pour un autre ex-agent secret, c’est sûr, “c’est la meilleure chose que la CIA ait jamais payée" !

Barnett Newman, Adam, vers 1951-1952, huile sur toile, 242 x 202 cm, Tate, Londres © ADAGP Paris, 2018
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Pour en savoir plus :

Sur les liens entre CIA et art abstrait

Sur l'expressionnisme abstrait

Sur la guerre froide

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Racontée par
Delphine Peresan-Roudil
Validée par Gérard Marié,
professeur d'histoire de l'art
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C’était une stratégie, très astucieuse et cynique, qui montrait que l’on pouvait faire ce que l’on voulait en Amérique.
David Anfam
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