Décès de l’académicien, écrivain et critique littéraire Marc Fumaroli

Décès de l’académicien, écrivain et critique littéraire Marc Fumaroli
Marc Fumaroli (©USR République du Savoir)

Le 24 juin, Marc Fumaroli est décédé à l’âge de 88 ans. Critique littéraire, essayiste et membre de l’Académie française, il a écrit de nombreux textes sur l’art et la rhétorique au XVIIe siècle et a été président de la Société des Amis du Louvre.

Comment résumer en quelques lignes une carrière aussi intense au royaume des belles lettres ? Impossible d’autant que les yeux s’embuent facilement quand l’on songe à Marc Fumaroli, né en 1932 à Marseille et décédé aujourd’hui à 88 ans. Impressionnant par sa haute taille, sa prestance, son élégance et par ses traits d’humour cinglant comme des flèches, Marc Fumaroli était également accessible et passionné par tout ce qui tournait autour de la littérature et des arts plastiques du Grand Siècle.

Jeune étudiant à l’Université de Paris I, j’avais suivi ses cours sur la rhétorique à la Sorbonne et il s’était alors penché sur mes recherches sur les spectacles et le théâtre au noviciat des Jésuites à Avignon au XVIIe siècle. Lorsque je me suis orienté vers le journalisme, il avait été déçu de ce choix car il mettait la recherche universitaire au-dessus de tout. Son parcours, d’ailleurs, s’était déroulé dans ce cadre savant. Après des études supérieures à l’université d’Aix-Marseille et à la Sorbonne, Marc Fumaroli est reçu à l’agrégation de lettres en 1959. Chargé de cours à l’Université Lille III de 1969 à 1976, il devient docteur ès lettres, maître de conférences puis professeur à l’université Paris Sorbonne, puis professeur au Collège de France à la chaire Rhétorique et société en Europe du XVIe au XVIIe siècles. Mais son champ d’action est bien plus large puisqu’il s’intéresse aussi bien à Montaigne qu’à Madame du Deffand, à Poussin aussi bien qu’à Élisabeth Vigée-Lebrun. Il publie de nombreux ouvrages, de Héros et orateurs (1990) à Le Poète et le roi, Jean de La Fontaine et son siècle (1997) et Le Poète et l’empereur, et autres textes sur Chateaubriand (2019).

Contre un certain art contemporain

Marc Fumaroli a été élu à l’Académie française en 1995 et à l’Académie des Inscriptions et belles-lettres en 1998. En 1996, il est également élu président de la Société des Amis du Louvre, une charge qu’il va honorer pendant vingt ans. Faut-il d’ailleurs noter sa générosité envers ce musée puisqu’il lui a donné plusieurs œuvres dont un tableau de Jacques-Louis David et deux crucifix en ivoire du XVIe siècle. Ses prises de position contre la politique culturelle française (L’Etat culturel en 1991) et un certain art contemporain (Paris-New York et retour en 2009) ont pourtant donné de lui l’image d’un critique à la dent dure, opposé aux créations des artistes post-Duchamp comme Jeff Koons ou Damien Hirst. Pour montrer ses goûts en matière d’art contemporain, il a en revanche signé un très beau texte dédié à Claude Garache et monté une exposition à la mairie du Ve arrondissement à Paris en 2017 intitulée « Présence de la peinture en France 1974-2016 » autour de la figure de Sam Szafran.

Avec lui disparaît l’un des derniers amateurs d’art dandy, ultra-cultivé, léger et critique, un immense érudit et chercheur, un goûteur de mots qui, pour citer Marc Lambron de l’Académie française, « adorait reconstituer avec minutie un état révolu des civilités occidentales, toujours attentif à la croûte supérieure des sociétés du verbe ».

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