Tribune. J’ai quelques sérieuses inquiétudes quant aux discussions en cours au Parlement européen autour de la directive sur le droit d’auteur et plus particulièrement de son article 13 [le vote décisif est programmé au Parlement européen le 12 septembre]. Cet article, dans sa rédaction actuelle, impose à toute plate-forme de détecter et de bloquer systématiquement toute mise en ligne par un utilisateur d’un contenu potentiellement protégé par le droit d’auteur (pas uniquement de la musique), sauf lorsqu’un accord de licence a auparavant été conclu avec l’ayant droit ou ses représentants.
Trente-cinq années d’expérience dans l’industrie musicale me portent à croire que cette directive s’avérerait négative pour les artistes, pour l’industrie et, à terme, pour le bien public
Cette disposition qui est très large pourrait en fait avoir un impact négatif sur la création puisqu’elle aboutirait à une certaine forme de censure aveugle, automatique et systématique. Trente-cinq années d’expérience dans l’industrie musicale me portent à croire que cette directive s’avérerait négative pour les artistes, pour l’industrie et, à terme, pour le bien public. La musique a une valeur culturelle unique. Elle nous rapproche, nous rappelle des souvenirs communs et constitue un lien social plus que tout autre type d’art.
Elle a également une valeur monétaire. Je soutiens entièrement les ayants droit et les créateurs qui défendent la protection du droit d’auteur et une rémunération juste. Il est essentiel que les plates-formes se comportent de manière responsable et maintiennent leurs accords avec les labels, éditeurs et sociétés de gestion collective. Cela est indéniable. Mais l’article 13 de la directive européenne sur le droit d’auteur ne prend pas le bon chemin.
Piratage en déclin
Si Internet, et plus précisément le piratage, menaçait, il y a quelque temps, l’industrie musicale d’une mort imminente, les choses ont bien évolué depuis : le piratage est en déclin et la musique en ligne en plein essor.
Les plates-formes de contenus générés par les utilisateurs telles que YouTube, Vimeo, Facebook ou Soundcloud ont abaissé les barrières à l’entrée en permettant aux musiciens de partager leurs travaux, d’être découverts et de créer du lien avec leurs fans. Les plates-formes en ligne ont également développé des outils de gestion des contenus soumis au droit d’auteur qui permettent de protéger ces contenus et de choisir l’utilisation qui en est faite.
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