« OSS 117 » : pourquoi Michel Hazanavicius ne répond plus

Ce qui s'est vraiment passé entre le réalisateur, les producteurs et Jean Dujardin. Récit d'un divorce lent qui aurait pu être évité.

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Temps de lecture : 4 min

C'était un tandem de rêve qui jurait la main sur le cœur qu'il tournerait forcément ensemble le 3e opus de la saga OSS 117. L'univers impitoyable du cinéma en a voulu autrement : Michel Hazanavicius et Jean Dujardin font donc désormais film à part. Tandis que le premier s'affaire à la postproduction de son prochain bébé (Le Prince oublié, avec Omar Sy, programmé au 29 janvier 2020), le second commencera à l'automne 2019 les prises de vue des prochaines aventures de l'espion ringard Hubert Bonisseur de La Bath, sous la houlette de Nicolas Bedos. Ce dernier a révélé son embauche à la direction du 3e chapitre, à l'occasion de la projection à Cannes de son nouveau film, La Belle Époque. Entre Hazanavicius et Dujardin, les beaux jours, eux, sont bel et bien ternis par cette triste affaire qui aurait pourtant pu être évitée. « Ils ne sont pas fâchés à mort et, d'ailleurs, ils se sont reparlé récemment à une avant-première du Daim, mais, incontestablement, quelque chose s'est cassé entre eux », nous confie un proche du réalisateur oscarisé de The Artist, qui valut aussi une statuette à Dujardin en 2012, au temps de leur gloire hollywoodienne. Pourquoi donc, alors même que OSS 117 : Le Caire nid d'espions (2006) et sa suite, Rio ne répond plus (2009), ont été de retentissants succès publics et critiques, Hazanavicius n'est-il plus de la partie ? « Les raisons sont complexes et le résultat d'une somme de passifs accumulés entre lui et ses producteurs, Éric et Nicolas Altmayer (Mandarin Films) », explique une autre source préférant conserver l'anonymat. « Ce fut un divorce lent, jusqu'à ce que les Atlmayer fassent écrire en solo par le scénariste Jean-François Halin le script d'un troisième OSS. »

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L'embrouille remonterait au début de l'année 2016. Michel Hazanavicius prépare alors le tournage de son nouveau long-métrage Le Redoutable, qui doit débuter en juillet à Paris. Coscénariste, avec Jean-François Halin, des deux premiers OSS, Hazanavicius est prié depuis un bout de temps par Mandarin Films de retrousser ses manches pour un 3e round. Nid d'espions et Rio ne répond plus ont chacun dépassé les 2 millions d'entrées France et sont devenus des comédies aux dialogues aussi cultes que Les Tontons flingueurs, Le Père Noël est une ordure ou encore La Cité de la peur. À l'instar de Jean Dujardin, Hazanavicius est harcelé par la presse au sujet d'une autre suite à chacune de ses apparitions. Bref, tout le monde réclame ce film, avec le duo magique en haut de l'affiche et nous-même avions posé la question (sans succès) à l'intéressé en 2017, lors de la présentation du Redoutable en compétition à Cannes. En réalité, le réalisateur n'a jamais eu le déclic inspirant pour un 3e volet, estimant que, depuis 2009, la situation en France s'est tellement tendue sur les questions de racisme et d'intolérance qu'un nouvel OSS doit impérativement trouver une autre manière de raconter les exploits de l'agent secret réac sans pour autant dénaturer son ADN comique. Les Altmayer n'en peuvent plus d'attendre, le temps joue contre la « hype » de la franchise et, face aux atermoiements d'Hazanavicius, ils chargent donc Halin de rédiger une première version.

Mis devant le fait accompli en recevant ce script, peu avant le tournage du Redoutable, et passablement agacé, Hazanavicius fait savoir qu'il n'aime pas le résultat – qu'il juge beaucoup trop similaire aux deux premiers films et donc déjà daté, selon nos informations. Huit mois plus tard, le metteur en scène est prié par ses producteurs, lettre recommandée à l'appui, de se décider sur une version revue et corrigée, faute de quoi il sera remplacé. Un courrier qui signera le clap de fin entre Mandarin Films et Hazanavicius. À quel moment Jean Dujardin est-il entré dans cette équation ? Difficile à dire. Ce que l'on sait, c'est que le cinéaste et lui travaillaient auparavant sur un autre projet commun « pas très éloigné d'OSS, dans l'esprit », confient nos sources. Le lancement d'un 3e OSS avec Jean, mais sans Michel, va instantanément torpiller ce nouveau mystérieux long-métrage et brouiller le binôme. En acceptant de tourner un nouvel OSS 117 (qui n'aurait, à l'évidence, pas pu se faire sans lui), Dujardin trahit de facto son réalisateur. Le 5 février 2018, il officialise sur le plateau de l'émission Quotidien le retour prochain d'Hubert Bonisseur de La Bath – sans préciser que son cinéaste pygmalion n'en sera pas. Et, en mars 2018, lors de sa présence aux Rencontres nationales patrimoine/répertoire de Romainville, le réalisateur confirmera publiquement ne « pas aimer » le scénario du prochain OSS (toujours signé Halin) et travailler sur un autre long-métrage (Le Prince oublié, donc). Ambiance tendue, et il faudra sans doute attendre un moment avant que Dujardin et Hazanavicius ne retrouvent leur complicité d'antan. Mais, aux dernières nouvelles, ce dernier souhaite de toute façon tourner la page OSS, calmer le jeu et, selon ses proches, « ne rien dire ou faire qui puisse causer du tort au film de Bedos ». Ça, c'est plutôt bath, comme dirait Hubert.

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