C’est un divorce qui coûte cher. Lundi 30 novembre, le directeur général d’Habitat 17, l’office HLM qui gère plus de 4.700 logements en Charente-Maritime, doit quitter ses fonctions. Philippe Drujon quitte ainsi un établissement qui emploie 85 personnes et gère un budget de près de 50 millions d’euros. Un départ qui a été acté par le conseil d’administration et qui prend la forme d’une rupture conventionnelle, détaille Sud Ouest, assortie d’une indemnité de 180.000 euros qui pose question.

"Je suis soulagée qu’il parte mais excusez-moi, c’est dégueulasse que ce soit avec une telle enveloppe", tempête ainsi une employée d’Habitat 17 quand un ancien cadre ironise : "Lui qui se posait toujours comme le défenseur de l’argent des locataires, on mesure aujourd’hui le delta entre son discours et ses actes". Depuis l’annonce de cette indemnité, les témoignages se multiplient, sous couvert d’anonymat, pour dénoncer un accord bien trop cher pour l’office HLM créé par le Département.

Climat de terreur

D’autant plus que Philippe Drujon était loin de faire l’unanimité. Ainsi, détaille le quotidien régional, l’année 2020 a été marquée par de nombreux départs au sein d’Habitat 17, certains ayant fini devant les prud’hommes, alors que trois directeurs de service ont quitté le navire entre mars et novembre. "C’est un gâchis monumental. Il laisse derrière lui des dégâts collatéraux énormes", affirme un ancien responsable quand une employée explique avoir "des collègues en souffrance".

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Si les compétences de Philippe Drujon ne sont pas remises en cause, c’est sa méthode qui est largement critiquée. Certains dénoncent "l’opacité des décisions", l’instauration "d’un climat de terreur" ou encore des "licenciements pour l’exemple, convocations ou intimidations". Une ambiance difficile au sein d’Habitat 17 qui s’est installée peu après l’arrivée du directeur en décembre 2013, quelques mois après avoir été remercié par le conseil d’administration d’Habitat Drouais (Eure-et-Loir).

Un résultat qui "écœure tout le monde"

C’est dans cette atmosphère difficile qu’intervient le débat autour d’une indemnité de départ âprement négociée. "La présidente nous a expliqué que le licenciement, c’était la garantie de perdre aux prud’hommes et que ça nous coûterait plus cher", détaille une participant aux négociations. Le conseil d’administration a ainsi préféré débourser 180.000 euros pour voir son directeur partir plutôt que de risquer un coûteux procès. Un résultat qui "écœure tout le monde", affirme une salariée qui déplore : "Il a réussi à nous conduire là où il voulait aller".

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Contacté par Sud Ouest, Philippe Drujon, de son côté, dit découvrir les critiques qui le visent. "J’avoue ne pas comprendre", affirme-t-il. "Si je suis un affreux de la sorte, pourquoi aucun collaborateur n’a jamais déposé plainte contre moi ? Si j’étais l’homme que vous décrivez, il y aurait eu des mouvements de grève ou des alertes des représentants du personnel", se défend-il avant de regretter qu’on "cherche à le salir". Concernant l’indemnité polémique, il explique ne faire "qu’appliquer les textes" avant d’insister : "Je ne peux que constater que la loi est généreuse et qu’elle mériterait d’être revue".