Imaginez que vous soyez un fan transi de l’Olympique de Marseille et que vous passez un temps fou à défendre vos couleurs sur les réseaux sociaux. Pour l’instant, ça ne vous rapporte pas grand chose (sauf quelques douceurs échangées avec vos homologues de l’OL et du PSG). Mais essayez de concevoir qu’à chaque action positive réalisée publiquement en faveur de l’OM, vous recevez automatiquement des cryptomonnaies “OM coin” sur votre compte.
Celles-ci vous permettent d’obtenir des maillots, des places de match ou du contenu exclusif du club. Un peu comme des points de fidélité. C’est en substance ce que propose aux clubs sportifs Havas Sports & Entertainment, l'une des filiales de l’agence de communication Havas, tout en utilisant la technologie blockchain pour faire tourner le système. Elle présente sa solution comme “la première offre blockchain de fidélisation des fans pour les organisations sportives et leurs partenaires.”
Yann Baffalio, en charge du service Fan Relationship Management d'Havas, explique la démarche : “Notre objectif est de mieux valoriser la puissance des clubs auprès de leurs sponsors de les aider à mieux connaître leurs fans : ces derniers devront fournir quelques données pour créer leur portefeuille de tokens (ndlr : un synonyme plus précis de cryptomonnaies)”. Les clubs pourront alors mieux les cibler lors d’opérations marketing.
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BLOCKCHAIN PRIVÉE ET PAS D'ICO
Le groupe Havas précise que ce protocole fonctionnera uniquement avec des blockchains privées : le club gardera ainsi le contrôle total sur la cryptomonnaie qu’il émet (à l’inverse d’une blockchain dite ouverte, comme celle du Bitcoin, où c’est la communauté qui en a la gestion). Les cryptomonnaies des clubs ne devraient pas pouvoir être échangées contre d’autres crypto-actifs, en tous cas dans un premier temps. “Nous n’avons pas souhaité développer l’aspect spéculatif et il n’est pas non plus prévu d’avoir recours à des ICO (Initial coin offering, une nouvelle méthode de financement qui consiste à émettre de nouvelles cryptomonnaies)”, prévient Stéphane Guerry, président d’Havas Sports & Entertainment.
Havas annonce fournir le protocole clé en main. Celui-ci comprend la définition du programme marketing ainsi que le développement de la plateforme blockchain et la gestion des données des fans. L’agence du groupe Vivendi est conseillée par Sandblock, Quidam et Blockchain Partner, le leader français de l’accompagnement dans les technologies blockchain. Le projet semble sur de bons rails : “Nous sommes d’ores et déjà en discussion avec une équipe nationale plusieurs fois championne du monde, ainsi que quatre clubs de niveau Ligue des champions”, souffle Yann Baffalio.
LA NOTORIÉTÉ NUMÉRIQUE EST CRUCIALE
La notoriété numérique des clubs a désormais un rôle incontournable dans leur développement, notamment lorsqu’il s’agit de négocier les contrats de sponsoring avec les marques. Pour ces dernières, c’est un moyen de toucher des millions de personnes en dehors des simples matches. “La notoriété sur les réseaux sociaux est aujourd’hui le meilleur argument pour mesurer le potentiel marketing d’un club”, explique Vincent Chaudel, expert sport pour le cabinet Wavestone. “Les marques considèrent que c’est plus efficace qu’une publicité traditionnelle car on entre directement en contact avec la cible et on interagit avec elle”, rajoute-t-il.
À titre indicatif, chaque post sponsorisé posté par Cristiano Ronaldo sur son profil Instagram lui rapporte en moyenne 400.000 dollars, selon une étude du cabinet américain Hopper HQ publiée l'an dernier. On comprends alors l'appétit des clubs face à cette manne supplémentaire et encore peu exploitée...
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