Surréaliste. Un apprenti trader français amateur de 41 ans, Harouna Traoré, poursuit en justice Valbury Capital, un courtier britannique (filiale de l’indonésien Valbury Group), qui refuserait de lui reconnaître pour 10 millions d’euros de profits, rapporte le Financial Times. Cette somme, qui constitue un enjeu élevé pour Valbury Capital - elle représente presque l’équivalent d’un an de son chiffre d’affaires ! -, aurait été gagnée par Harouna Traoré via une spéculation débridée sur ce que le trader amateur croyait initialement n’être qu’un compte de démonstration de la plateforme du courtier, indique le quotidien économique et financier britannique.

Harouna Traoré avait à l’origine ouvert le compte de démonstration sur la plateforme de Valbury Capital pour s’entraîner à spéculer, en tant qu’investisseur particulier, sur les contrats à terme sur indices actions. Il avait ensuite ouvert, l’été 2017, un compte doté de 20.000 euros chez ce même courtier. Il s’est ensuite mis au trading à domicile, en passant - croyant spéculer sur le compte de démonstration - pour un milliard de dollars (!) d’ordres sur les marchés de contrats à terme d’indices actions européens et américains. Et ce, jusqu’au jour où il s’est rendu compte que le compte de trading était tout sauf fictif… et qu’il accusait une perte cumulée de plus d’un million d’euros ! Il s’est néanmoins entêté, continuant à spéculer jusqu’à constituer une position de 5 milliards de dollars sur des contrats à terme sur indices actions américains. Sa perte de plus d’un million s’est alors transformée en un gain de plus de 10 millions.

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Las, du moins sur le papier... En effet, après avoir appelé Valbury quelques jours plus tard pour expliquer ce qu’il s’était passé, le courtier lui aurait indiqué qu’il n’avait pas respecté les règles - en particulier les limites qui lui avaient été imposées sur les montants qu’il pouvait négocier - et que ses positions de trading avaient été annulées. Le torchon se met alors à brûler entre les deux parties. En janvier dernier, Harouna Traoré s’est tourné vers le tribunal de Pontoise, se décidant à poursuivre Valbury pour “violation de contrat et négligence”, en lui réclamant les 10 millions d’euros qu’il lui devrait, selon lui.

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De son côté, Valbury nierait être en tort et ferait valoir qu’Harouna Traoré n’est pas un “consommateur” (ou un investisseur particulier non averti) mais un professionnel des services financiers, et militerait pour que le bras de fer juridique ne se fasse pas dans l’Hexagone, où les consommateurs bénéficient de plus de protections… Or, Harouna Traoré aurait indiqué lors de l’ouverture du compte qu’il avait l’habitude de négocier des contrats à terme et des options - ce que Valbury a de fortes chances de souligner lors du procès. Le plaignant aurait lui-même reconnu avoir alors essayé d’embellir son niveau d’expérience en trading et ses compétences professionnelles afin d’ouvrir plus facilement son compte.

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Les avocats du cabinet Linklaters, qui défendent Harouna Traoré, auraient indiqué de leur côté que leur client, qui a précédemment travaillé chez Thomson Reuters en tant que vendeur de logiciels d’analyse de la performance, n’avait pas d’expérience préalable des marchés financiers. Il devrait donc être considéré comme un “consommateur”, selon eux, ce qui militerait pour un jugement en France. Par ailleurs, Valbury aurait dû empêcher Harouna Traoré de spéculer sur de tels montants, via des limites de trading prédéfinies, argueraient-ils…

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