Société Générale donne le départ à sa plateforme blockchain
La banque française a bouclé le 18 avril une émission obligataire de 100 millions d'euros sous forme de « security tokens » (jetons numériques). Elle compte désormais proposer cette offre blockchain à ses clients professionnels. Aucun calendrier n'a encore été fixé.
Par Raphaël Bloch
La Société Générale se lance officiellement dans la blockchain. Après plusieurs mois de recherche et de développement, la banque française a réussi à boucler le 18 avril sa première opération grâce à la technologie dite de « registre distribué ». La banque rouge et noire a confirmé ce mardi avoir émis 100 millions d'euros sous forme de « security tokens » (jetons numériques) .
L'opération, entièrement souscrite par la Société Générale, a été réalisée en quelques heures. Pour l'effectuer, la deuxième banque d'investissement française s'est appuyée sur Société Générale Forge, une start-up du groupe à la manoeuvre en interne pour porter les projets liés à la blockchain .
Une première étape
Cette entité créée en 2017 travaille sur trois axes, selon nos informations. La start-up développe des solutions blockchain pour les marchés primaires, secondaires, ainsi que des services de « custody », c'est-à-dire de conservation des actifs. L'émission du 18 avril est justement une opération test liée au marché primaire.
Mais la banque dirigée par Frédéric Oudéa ne veut pas s'arrêter là. « L'émission de 100 millions d'euros est un succès, tout s'est passé comme prévu, mais ce n'était qu'un test », explique Jean-Marc Stenger, à la tête de Forge. L'idée est désormais d'aller au-delà. La banque espère convaincre ses clients de tester à leur tour une émission sur la blockchain via des jetons numériques.
Celle-ci pourrait se faire sur de l'obligataire (dette) ou des marchés actions. Le marché est en en effet en train de s'ouvrir, notamment en France où le cadre a été très largement assoupli. « Il y a de vrais gains opérationnels attendus avec ces opérations », explique Pauline Adam-Kalfon, responsable de la division blockchain au sein du cabinet de consulting PwC. Elles sont censées être plus rapides et moins chères qu'une opération traditionnelle.
Pas encore de calendrier
En attendant, aucun calendrier n'a été arrêté. La première opération va servir de vitrine à la banque. « On s'est mis en ordre de bataille. On prend date avec l'écosystème et les clients », analyse Jean-Marc Stenger. « Tout le monde attendait qu'une banque offre ces services. c'est désormais le cas », abonde Hubert Merveilleux du Vignaux, associé spécialisé en marchés de capitaux au sein du cabinet d'avocats Gide et conseil de la banque sur l'opération.
La banque a en tout cas préparé le terrain et veut proposer une offre crédible. Son émission de dette de 100 millions d'euros a été effectuée sur Ethereum. « Le fait d'avoir choisi Ethereum n'est pas anodin comme choix. C'est fort de prendre une blockchain publique », explique Jean-Marc Stenger. Ethereum est considérée comme la plus importante blockchain de la planète avec celle de Bitcoin.
Raphaël Bloch