Tribune. La finance a désormais pris conscience de l’intérêt d’intégrer les enjeux environnementaux et sociaux, que ce soit pour améliorer ses processus de gestion des risques ou tout simplement pour se reconnecter à l’économie réelle et à ses parties prenantes. La recherche en finance n’est toutefois pas à la hauteur des défis de la transition vers une économie verte et durable. Au sein des autres industries « à risques » comme l’aéronautique, la cryptographie, l’industrie électrique – notamment nucléaire –, on s’assure que les modèles reviennent régulièrement au stand de la recherche et développement pour faire les réglages nécessaires, éliminer les bugs critiques et alimenter les moteurs de l’innovation. En finance, en revanche, où les chercheurs n’ont pas accès aux données et où les ingénieurs sont soumis à la pression, aux échéances et aux règles de confidentialité du marché, les nouveaux risques sont pris en compte au rythme des crises successives qui envoient notre économie dans le mur.
Les problèmes de la finance verte et durable sont bien plus complexes que ceux de la finance de marché ; ses enjeux sont plus critiques et le champ d’étude est aussi vaste que multidisciplinaire. Il s’agit des risques climatiques que tentent d’atténuer les négociations internationales de la COP, mais aussi environnementaux, sociaux ou comportementaux dont la nature systémique fait des marchés des accélérateurs de crises. Il faut s’assurer que les progrès de la connaissance scientifique, comme les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui ne cessent de nous alerter sur ces risques émergents, soient réellement pris en compte en passant à la vitesse supérieure dans l’implication des chercheurs et la transparence de l’industrie financière.
Allouer des moyens à la hauteur des défis
La finance durable définit un système censé contribuer à un développement économique harmonieux de ses dimensions environnementales, sociales et de gouvernance, sans qu’aucun de ses trois piliers néglige les autres. Elle doit nécessairement s’appuyer sur une recherche transdisciplinaire à laquelle il est urgent d’allouer des ressources publiques et privées à la hauteur des défis auxquels fait face notre civilisation. La course contre la montre du financement de la transition vers une économie bas carbone, acceptée et facilitée par le plus grand nombre, appelle un changement d’échelle dans les moyens affectés à la recherche, seul susceptible de produire des innovations de rupture.
Il vous reste 72.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.