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Quand la gestion des risques devient stratégique

Alors que la survie même de certaines entreprises peut être remise en cause par le changement climatique, les enjeux du management des risques se hissent à un niveau stratégique. Avec des problématiques plus complexes, plus diverses, mais qui souvent s'interconnectent.

Au-delà des risques de dommages, une importante menace pèse sur beaucoup de sociétés dont les business models pourraient être balayés à un horizon de dix ou vingt ans.
Au-delà des risques de dommages, une importante menace pèse sur beaucoup de sociétés dont les business models pourraient être balayés à un horizon de dix ou vingt ans. (Getty Images)

Par Cécile Desjardins

Publié le 6 févr. 2020 à 17:19Mis à jour le 6 févr. 2020 à 17:28

Réunis à Deauville jusqu'à la fin de la semaine à l'occasion des « Rencontres » de l'Amrae, leur association professionnelle, les responsables des risques en entreprise sont confrontés à une situation particulièrement complexe cette année.

Tout d'abord parce que le marché de l'assurance « grands risques » fait grise mine. Si tous les renouvellements de couverture ont finalement été bouclés, cela s'est souvent fait dans la douleur, avec de fortes augmentations de primes. Le paysage des risques ? Il ne cesse de s'élargir, de se compliquer, de s'interconnecter. Tous les sujets semblent désormais se répondre et se croiser, rendant l'analyse plus difficile. Et les coûts d'un éventuel sinistre plus élevés.

De nouvelles vulnérabilités

Ainsi, l'interruption d'activité, depuis plus de dix ans sur le podium du Baromètre annuel des risques d'Allianz, peut trouver son origine dans la plupart des autres risques cités. « Même s'il a été cette année surpassé par le risque cyber, le sujet de l'interruption d'activité reste très prégnant, avec des origines qui peuvent être multiples : le cyber, justement, mais aussi les incendies, explosions, catastrophes naturelles, ou même un problème sur la chaîne d'approvisionnement, relève Corinne Cipière, CEO France de Allianz Global Corporate and Specialty (AGCS). De façon générale, on constate que si beaucoup d'entreprises ont, ces dernières années, amélioré et modernisé leur organisation, cela a généré de nouvelles vulnérabilités, avec des effets domino. »

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Au niveau mondial, les tensions géopolitiques ne retombent pas, mais l'année a aussi été marquée par des conflits locaux ou des émeutes qui se sont parfois étalées dans le temps. « Les évolutions législatives et réglementaires sont perçues comme un risque croissant. Le risque politique est aujourd'hui fortement ressenti en France, en lien avec les 'gilets jaunes' comme avec les grèves liées aux retraites. Mais beaucoup d'autres pays sont concernés, depuis le Chili jusqu'à Hong Kong… », souligne Corinne Cipière.

Enfin, en ce début 2020, l'actualité nous rappelle l'importance du risque de pandémie avec, à la fois, des enjeux vitaux et des conséquences économiques qui peuvent être rapides et majeures.

Enjeux climatiques

A plus long terme, et malgré quelques irréductibles, le risque climatique s'impose désormais. Selon la récente étude du Forum de Davos (Global Risks Report), les cinq premières préoccupations des dirigeants à une échéance de dix ans sont toutes liées à l'environnement. En tête ? Les événements météorologiques extrêmes et l'incapacité des gouvernements et du monde économique à prévenir le changement climatique.

« Si nous franchissons la barre de 1,5 degré de réchauffement climatique, les événements extrêmes et les catastrophes naturelles auront des conséquences dévastatrices… Nous n'avons que dix ans pour inverser la trajectoire : il nous faut agir », estime Florence Tondu-Mélique, PDG de Zurich France. De fait, le sujet fait planer sur toutes les entreprises une ombre aux enjeux multiples : au-delà des risques de dommages, une importante menace stratégique pèse aujourd'hui sur beaucoup d'entreprises « marron », dont les business models pourraient se voir balayés à un horizon de dix ou vingt ans.

Identifier les signaux faibles

Dans ce contexte, les responsables des risques ont un nouveau rôle à prendre, qui va bien au-delà de la prévention, de la gestion des incidents, ou encore de leur couverture. « Il leur faut identifier les signaux faibles, avoir une vision holistique des enjeux et combattre les biais cognitifs par des éléments scientifiques pour finalement prévenir et conseiller la stratégie de l'entreprise », estime Florence Tondu-Mélique. Sachant, sur la prochaine décennie, que le passage à une économie durable aura des impacts matériels très lourds et des conséquences sur la stratégie de nombreuses entreprises.

« Le risque climatique va modifier les business models et la valeur des actifs. Les dirigeants l'ont aujourd'hui compris et beaucoup réfléchissent à des cartographies globales des risques liés au changement climatique, entraînant les risk managers à un niveau plus stratégique et plus proche des boards que dans le passé », estime Brigitte Bouquot, la présidente de l'Amrae.

Votre mission, si vous l'acceptez : assurer la résilience de l'entreprise, en cas d'incendie ou d'armageddon numérique mais aussi jusque dans la disruption climatique.

Cécile Desjardins

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