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Le mime Marceau s'est tu il y a dix ans

Marcel Marceau : les photos d'un grand mime

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EN IMAGES - Marcel Marceau nous quittait le 22 septembre 2007. Ses gestes et sa geste ont marqué à jamais l'histoire de la pantomime. En hommage à son talent, Le Figaro retrace la carrière d'un artiste unique qui inspira son Moonwalk à Michael Jackson.

Marcel Marceau était et restera le poète du silence. Le plus célèbre mime de l'Histoire nous a quittés, il y a dix ans déjà, le 22 septembre 2007. Il avait 84 ans. Il avait créé un personnage fétiche, Bip, qui avait fait de lui un artiste admiré dans le monde entier. Michael Jackson connaissait et appréciait son art.

» Lire aussi - Le moonwalk de Michael Jackson a 30 ans

Il y avait un peu chez lui de Charlie Chaplin et de Buster Keaton. La légende dit qu'il avait suggéré à Michael Jackson son célébrissime pas de danse, le moonwalk. Jean Cocteau avait dit de lui cette phrase sublime: «Il entre chez nous sur ses pieds de voleur avec le terrible sans-gêne du clair de lune».

La pantomime pour Marcel Marceau était un accomplissement suprême. Très jeune il avait fait part de son ambition d'être son plus grand génie. Comme Victor Hugo qui affirma, «Je serai Chateaubriand ou rien», il proclama dès ses débuts «Je serai mime ou rien».

Son vrai nom était Marcel Mangel. Il était né le 22 mars 1923, à Strasbourg. Son père, Charles, était boucher de profession mais avait toujours rêvé d'être chanteur. Son premier dieu fut Charlot. En voyant à 10 ans La Ruée vers l'or de Charlie Chaplin, il trouva son modèle. Quand la Seconde Guerre mondiale éclata et que les Alsaciens durent se replier en Dordogne, Il s'inscrivit aux Arts déco de Limoges.

Inspiré par Jean-Louis Barrault

Cette époque sombre vit également le nom de Mangel se transformer en Marceau. Juif, le père du jeune homme sera arrêté, déporté pour ne plus jamais revenir. Marcel s'engagea alors dans la Résistance et, cherchant une nouvelle identité, pensa à Victor Hugo - encore lui - et à ce vers: «Hoche sur l'Adige, Marceau sur le Rhin». Il était Alsacien, il choisit le Rhin. Obligé de se cacher, il rejoindra ensuite Paris et devint éducateur dans une maison d'enfants de Sèvres. Au même moment, il intégra les cours de théâtre de Charles Dullin.

Il rencontra alors son maître, Étienne Decroux. L'homme était un esthète du geste. Élève de Copeau, il avait créé dans les années 1930 ce qu'il appelait «la statuaire mobile». Avec son premier disciple, Jean-Louis Barrault, il jeta les premières bases de la pantomime moderne, inventa la marche sur place. Celui qui, en 1945, sera le père de Deburau dans Les Enfants du paradis de Marcel Carné, transmet donc tout cela au jeune Marcel Marceau.

Celui-ci va ainsi devenir cet orfèvre du mouvement, ciselant chacun de ses gestes. Il étirait ses bras, ses jambes, multipliait ses mains et modifiait les traits de son visage. Il sculptait l'air, modèlait le vide. Et à force d'observation du monde, il parvint à le récréer, avec féerie, jusque dans ce qu'il a de plus immatériel. Marceau marchait contre le vent, montait sur un fil de fer, escaladait un escalier. Rien de tout cela n'existait, bien sûr. «Avec le faux nous faisons du vrai», assurait-il.

La France l'a boudé

Mais, en 1947, ce corps pétri de virtuosité ne pouvait suffire à conquérir le monde. «Pour faire renaître le mime, il me fallait un personnage, car c'est le personnage qui fait la légende, expliquait-il. Alors Bip est né.» L'événement a eu lieu le 22 mars 1947, le jour même des 24 ans de Marcel Marceau. Sur la scène du Théâtre de Poche, Bip apparaîtra comme tombé du ciel. Son nom, il le doit au Pip des Grandes Espérances de Dickens et sa dégaine est très étudiée. Désormais, un visage blanc, un haut-de-forme très urbain piqué d'une fleur rouge très champêtre, que viennent compléter un maillot rayé et un pantalon blanc, seront la marque de Bip.

Bip et Marceau écumeront les scènes du monde entier. Dès 1948, on les verra en Suisse, en Hollande, en Belgique, en Italie. Puis ce sera l'Amérique du Sud, Israël, l'URSS, l'Australie. Ils ont fait un triomphe au théâtre Belasco de Broadway ou dans la salle du Pont du Ciel de Pékin. Étrangement, c'est peut-être la France qui sera l'admiratrice la moins assidue du mime Marceau. Pourtant c'est dans ses théâtres qu'il aura sans doute le plus joué. Mais, parfois, on y faisait la fine bouche. Philosophe, il rétorqua: «En France, on attend toujours..»

Marcel Marceau avait donné une définition de son art: «Le geste est éphémère, aucun homme ne peut travailler dans l'éphémère pur. Ce que je recherche à présent c'est l'immortalité.» La postérité a tranché: son art éphémère est devenu immortel.

● L'art du mime Marceau: Bip chasse les papillons

● Un moonwalk de Michael Jackson

 Les Enfants du Paradis avec Jean-Louis Barrault

 La Ruée vers l'or avec Charlie Chaplin

Le mime Marceau s'est tu il y a dix ans

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1 commentaire
  • Sir G

    le

    Le chapeau de l'article dit "Le Figaro retrace la carrière d'un artiste unique qui inspira son Moonwalk à Michael Jackson"
    Puis plus loin "La légende dit qu'il avait suggéré à Michael Jackson son célébrissime pas de danse, le moonwalk"
    Correction heureuse, car Marceau ne figure nulle part dans les influences de Jackson, lequel Jackson créditait Fred Astaire et James Brown, à qui il rendait d'ailleurs hommage dans ses spectacles. Youtube regorge d'exemples.

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