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Aller au-delà de l'industrie 4.0

LE CERCLE/POINT DE VUE - Plus que de numériser les usines, il s'agit à présent de transformer les offres industrielles en services numériques.

« Suite logique de la 4.0, l'industry X.0 généralise ce concept à l'ensemble de la chaîne de valeur. »
« Suite logique de la 4.0, l'industry X.0 généralise ce concept à l'ensemble de la chaîne de valeur. »

Par Eric Schaeffer (directeur exécutif monde chez Accenture), Max Blanchet (directeur exécutif industrie 4.0 chez Accenture Strategy )

Publié le 1 févr. 2018 à 09:01

Dans un récent discours, le Premier ministre Edouard Philippe déplorait que l'industrie française est désormais au 8e rang mondial, dernière l'Italie et demeurait trois fois plus petite que l'Allemagne. L'industrie 4.0 est née en Allemagne, plus précisément de la Foire Hanovre en 2011. Impactée par la crise de 2009, où son volume de production a notablement chuté, l'Allemagne a pris conscience qu'il fallait moderniser son industrie, mais aussi la rendre plus flexible. Elle s'est alors dirigée vers une nouvelle façon de fabriquer, basée sur les nouvelles technologies.

Suite logique de la 4.0, l'« industry X.0 » [notion développée par l'un des auteurs dans un récent livre, NDLR] généralise ce concept à l'ensemble de la chaîne de valeur : du design jusqu'au développement de services connectés. L'industry X.0 c'est 20 à 30 % de compétitivité supplémentaire attendue, particulièrement pour les PME et les ETI. La France doit donc s'y intéresser.

Révolution industrielle

Les causes de la dégradation de notre appareil de production sont connues : réduction continue de la marge des entreprises, sous-investissement chronique et vieillissement de l'outil industriel. Pour autant, il n'est pas question de céder au déclinisme. Le rythme accéléré de l'innovation et la combinaison des nouvelles technologies (intelligence artificielle, informatique cognitive, Big Data, IoT…) sont une formidable opportunité d'inverser la tendance.

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Une révolution industrielle est amorcée. D'ici quelques années, cette révolution conduira à l'émergence d'une nouvelle ère économique, où la commercialisation de produits physiques, qui a dominé toute l'histoire industrielle, sera supplantée par la vente de résultats ou de services autour de produits intelligents et connectés.

Ainsi, à l'avenir, l'automobile par exemple sera considérée comme une plate-forme numérique mobile et autonome, équipée de logiciels embarqués qui offriront une multitude de services. Cette évolution aura des conséquences cruciales pour la construction automobile. Précisons que la société a tout à gagner à l'avènement de cette nouvelle ère industrielle. Les nouveaux modèles économiques contribueront en effet à la réduction des émissions de CO2 (gestion de flottes logistiques et immeubles connectés), à la baisse de la charge de morbidité (santé connectée) ou encore à la réduction des accidents de la route (voiture autonome, assurance automobile à l'usage).

Des sources de revenus complémentaires

Certains industriels pionniers ont déjà commencé à imaginer de nouveaux modèles économiques pour s'inscrire dans cette dynamique. Grâce notamment à des boîtiers télématiques installés dans les camions, Michelin commercialise des services de gestion de flotte qui garantissent une baisse de la consommation de carburant. L'industriel a ainsi créé des sources de revenus complémentaires de son activité traditionnelle de fabrication et de vente de pneus. Cependant, de tels exemples demeurent isolés.

Dossier :

L'industrie 4.0

La complexité du changement explique en partie la prudence des industriels. Non seulement en raison de la difficulté de suivre les progrès technologiques, mais surtout parce que cette révolution industrielle touche à l'ADN même des entreprises. La culture des sociétés industrielles sera également bouleversée par le passage d'une approche centrée sur le produit à une approche centrée sur le client dans le but d'atteindre une hyperpersonnalisation de l'expérience.

Avec sa Digital Factory, Schneider Electric montre la voie à suivre. Son usine virtuelle, récemment créée, a pour objectif d'accélérer le développement des nouveaux produits et services, en insufflant une culture de start-up, ouverte vers l'extérieur, basée sur la multiplication des expérimentations rapides et l'acceptation de l'échec.

La transition sera progressive, mais elle est inéluctable, car le désir de changement est désormais impulsé par la demande. Les entreprises industrielles qui réussiront à prendre ce virage seront les grandes gagnantes.

Eric Schaeffer est directeur exécutif monde chez Accenture et auteur du livre « Industry X.0 ». Max Blanchet est directeur exécutif chez Accenture Strategy.

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