Le métier du M&A a le vent en poupe : Goldman Sachs n’a jamais eu autant de candidatures, les Masters en Finance se multiplient et n’ont jamais été autant à la mode, AlumnEye n’a jamais rempli ses formations aussi vite et les banquiers M&A ont rarement été autant sollicités par de jeunes wannabes pour intégrer le métier.

Pourquoi démarrer en M&A ? Quelles raisons poussent les jeunes diplômés à ambitionner une carrière de banquier en fusions-acquisitions ?

D’abord, en quoi consiste le métier ? Les équipes de M&A conseillent à l’acquisition ou à la cession d’entreprises, de filiales, de business units ou d’actifs d’entreprises. Les questions principales auxquelles répond le banquier sont : à quel prix doit se faire la transaction ? quel processus de vente mettre en place pour négocier au mieux ? quelle « equity story » vendre aux acquéreurs ?

Les raisons qui poussent les jeunes candidats à considérer une carrière dans la banque d’affaires, et notamment en M&A, sont multiples.

Le prestige social du M&A

Le prestige social est sans aucun doute la première raison, devant l’argent. En effet, la reconnaissance sociale du métier de banquier d’affaires est très forte. Certes, la crise financière de 2008 a écorché l’image de « la finance » au sens large. Pour autant, en discutant récemment avec un farouche détracteur de la « finance internationale », force est de constater que ma question « et si votre fils/fille décrochait un job chez Goldman Sachs, vous en penseriez quoi ? » a fait réfléchir. Et pour cause, qu’on l’aime où qu’on le déteste, ce secteur jouit d’une reconnaissance sociale forte. Même les militants « Occupy Wall Street » reconnaissent une certaine sophistication à ceux dont ils dénoncent le goût prononcé pour le gain et la chose capitaliste.

Les salaires en M&A

La rémunération est un critère important pour les jeunes diplômés. Et pour cause, les salaires en junior en M&A sont très élevés. Par exemple, un Analyste 1 débute sa carrière avec un salaire annuel brut situé entre 70k€ et 110k€ de package. Ces montants comportent une grande partie de variable, les fameux « bonus », qui sont nettement plus élevés dans les équipes M&A que dans les autres équipes produit (Leveraged Finance, DCM, ECM).

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La progression salariale en M&A

Au delà de la rémunération, les perspectives salariales sur le long terme sont excellentes, et cette progression salariale est « garantie » en M&A : tous les ans, la base fixe progresse fortement, grâce à des grilles de salaire liées aux progression en grade d’Analyste (2 ou 3 ans), Associate (3 ans) et Vice President.

C’est une réalité souvent négligée par les juniors qui ne réalisent pas que dans beaucoup de métiers, ces augmentations doivent être négociées chaque année, et sont loin d’être automatiques. Cette réalité dépasse le métier du M&A et s’applique plus généralement à la Banque d’Affaires, au Conseil en Stratégie, à l’Audit et au Transaction Services.

Les débouchés après un début de carrière en M&A

Après quelques années en M&A, plusieurs débouchés professionnels sont possibles :

  • en buy-side :
    • Private Equity
    • Hedge Fund
    • Asset Management
  • en M&A interne au sein d’un Corporate
  • dans une autre fonction de la banque (Coverage, COO, etc.)
  • dans l’entrepreneuriat

Plusieurs de ces métiers – notamment le buyside ou le M&A interne – ne sont pas accessibles aux juniors en sortie d’école, d’où le passage souvent obligé en M&A.

A noter qu’il est possible d’accéder à ces débouchés en venant d’autres équipes que le M&A. Ainsi, il est possible de rentrer en Private Equity en passant par une équipe de Leveraged Finance, ou bien après quelques années de Conseil en Stratégie. Il est également possible de rentrer dans des fonds small et mid cap en passant par une équipe de Transaction Services.

L’intérêt du job en M&A

Le métier du M&A a pour réputation de permettre de travailler sur les enjeux les plus stratégiques des entreprises. Et pour cause, les équipes M&A sont à l’origine des acquisitions ou cessions stratégiques qui font la une du Financial Times ou des Echos en France. La réalité du travail des juniors est beaucoup plus nuancée sur l’aspect « intéressant » : les tâches de formatting, les PIB, les profils, les markups incessants, et le binding font partie des tâches ingrates qui peuplent les journées (et les nuits) des stagiaires et jeunes analystes.

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La courbe d’apprentissage en M&A

Les sujets couverts lors des premières années d’Analyste sont extrêmement divers et permettent une courbe d’apprentissage très forte. Concrètement :

  • Les situations sont multiples : buyside, take private, IPO, sell-side, carve out, etc.
  • Les compétences de modélisation sur Excel se renforcent au fil des opérations : merger model, LBO, operating model, etc.
  • La compréhension sectorielle s’enrichit, que l’on soit en équipe sectorielle en voyant de nombreux acteurs du même secteur, ou en équipe généraliste, en couvrant de nombreux secteurs différents.

Au delà de ces apprentissages relatifs au métier du M&A, le banquier d’affaires développe d’autres compétences très utiles par la suite :

  • Capacité de travail : tout recruteur qui fait passer un entretien à un banquier M&A sait qu’il n’a pas à s’inquiéter sur sa capacité de travail. C’est une qualité précieuse pour un entrepreneur qui se lance comme pour un investisseur en Private Equity lorsqu’un deal s’accélère.
  • Qualité de production de livrables : le banquier M&A est un maître du PowerPoint. Il est névrosé des doubles espaces, PhD en alignement de logo, et docteur honoris causa en markups inutiles. Le PDF du banquier M&A est bullet proof.
  • Fiabilité à toute épreuve : le quotidien du banquier M&A est la gestion de dates butoirs sur plusieurs dossiers en simultané. La qualité ultime d’un junior en M&A est donc sa fiabilité : elle se traduit par le respect des deadlines, la qualité du travail livré ainsi qu’une communication systématique dès qu’un obstacle intervient. Le pire étant les Analystes qui cachent la poussière sous le tapis pour que l’on découvre les problèmes la veille du rendez-vous client.
  • Forte résistance au stress : à force de situations générant beaucoup de stress, le banquier M&A a développé une aptitude étonnante à ne pas céder à la pression. Il est capable de délivrer sous tension, entouré des supérieurs hiérarchiques qui n’hésitent pas, eux, à bien faire sentir l’urgence et la pression qu’ils prennent de la part du Partner ou du client.
  • Maturité/sophistication business : trop souvent sous-estimée, la capacité à parler à un client, à mettre un costume à sa taille, à interagir avec des C-levels sans passer pour le stagiaire de la machine à café. Petite précision : cette « sophistication » ne veut pas dire pour autant que le banquier maîtrise son sujet.

Le réseau construit en M&A

Il se construit d’abord au sein de son équipe. Les réputations se forgent lors des années d’Analyste et Associate en M&A et perdurent de nombreuses années. C’est à ce moment que sont identifiés les « stars », les « besogneux », les « génies », les « fumistes », et les « assassins », ceux pour qui aucun junior ne veut plus jamais travailler.

Ces réputations individuelles se construisent également avec les équipes que l’on croise sur les différents deals. Il n’est pas rare de voir un Analyste rejoindre un fonds de Private Equity avec lequel il a travaillé sur une grosse transaction.

L’intérêt de ce réseau est qu’il se diversifie avec le temps : au fil des années, certains évoluent dans d’autres banques, rejoignent des fonds d’investissement, vont « monter la startup » ou reprendre la boîte familiale (la méritocratie, ça va un moment). D’autres enfin sortent des circuits traditionnels pour aller monter un bar, un restaurant ou encore un magazine (véridique : Socialter a été monté par un ancien Analyste M&A de chez BAML et Philosophie Magazine par un ancien banquier M&A de chez UBS).

L’ambiance en M&A

Le M&A est un métier où l’on retrouve un esprit d’école. Concrètement : une promotion d’Analyste a le même âge, les mêmes centres d’intérêts, les mêmes sujets de discussion, et parfois les mêmes réseaux d’école. Le sentiment d’être « au front » ensemble sur les dossiers difficiles forge des amitiés improbables. Cette proximité aide à tenir psychologiquement les horaires et la charge de travail et retient parfois d’excellents éléments qui seraient tentés de quitter le bateau.

Pour toutes ces raisons, les jeunes diplômés n’ont jamais été aussi nombreux à postuler en M&A, malgré la frénésie qui entoure le secteur des nouvelles technologies couplée à l’attractivité forte du Conseil en Stratégie.