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LES COMPAGNONS BâTISSEURS Mieux vivre dans son logement et dans son quartier

Améliorer les conditions de logement dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) tout en formant les habitants aux travaux d’intérieur et en encourageant leur capacité d’agir : c’est ce que propose l’Association nationale des Compagnons Bâtisseurs (ANCB). Soutenue par le CGET depuis dix ans, elle intervient dans 60 sites en France métropolitaine et Outre-mer. Reportage dans le QPV situé porte de Bagnolet, dans le 20ème arrondissement de Paris (75), où l’association mène, depuis un an, 15 chantiers de rénovation de logements, auprès de 11 familles modestes.

Le secteur Python-Duvernois, au cœur du QPV des portes du Vingtième, à Paris (75).
L’auto-réhabilitation accompagnée

« Notre activité principale, c’est de mener des chantiers d’auto-réhabilitation accompagnée (ARA) dans les logements. Il s’agit d’aider les habitants à réaliser des travaux de rénovation chez eux. Concrètement, un professionnel du bâtiment, payé par l'association, fait un diagnostic des défauts du domicile, définit un projet puis achète le matériel, prête les outils au locataire et le guide dans les travaux. L’habitant est vraiment au cœur du chantier : il participe à chaque étape, il se forme et réalise les travaux, supervisés par l’animateur technique. C’est ce qu’on appelle des chantiers en semi-autonomie. »

Rachid Maziane, directeur développement et innovation à l’ANCB

LES HABITANTS, ACTEURS DU CHANGEMENT

Cet après-midi, rendez-vous à l’atelier de Python-Duvernois, en pied d’immeubles, pour apprendre à fabriquer son dressing. Plomberie, menuiserie, lutte contre les nuisibles… Ce sont les habitants qui proposent les thèmes des ateliers, selon leurs besoins. L’espace est ouvert tous les jours, et les Compagnons Bâtisseurs organisent des animations deux fois par semaine, permettant aux habitants de se former « à la carte ».

Yamina Ghazali vit avec son mari et ses trois enfants dans un appartement de 50 m². Il y a un an, elle s'est lancée dans un chantier ARA avec l'association.

La cuisine, la salle de bain et la cloison du salon de Yamina, en octobre 2017.

« Je n'avais jamais fait de travaux avant ce chantier. J’ai appris lors des ateliers à poser un carrelage, à faire de la peinture… Grâce aux Compagnons Bâtisseurs, avec mon mari, on a refait les toilettes, la salle de bain et la cuisine. On va lancer un 2e chantier pour la chambre des enfants : il faut réaménager l’espace pour leur donner plus d’intimité. » Yamina Ghazali

Les toilettes et la cuisine, après travaux !

« L’ARA va au-delà de la rénovation urbaine : plus que des travaux, il s’agit d’encourager la capacité d’agir des habitants. On leur permet d’apprendre, de s’autonomiser et de prendre confiance en eux. Les projets d’ARA permettent aussi de redynamiser le quartier : les gens participent aux ateliers, se rassemblent pour régler des problèmes communs, partagent leurs compétences, s’entraident… On valorise le faire-avec et le faire-ensemble. »

Victoire Ayrault, responsable territoriale de la section Île-De-France

Aïda Al Motamassik (à gauche), animatrice technique, fait partie des 300 professionnels du bâtiment de l’association.
Des logements plus vétustes dans les quartiers prioritaires

Les principaux défauts graves de confort constatés par l'association : le manque d’espace, l’humidité, les nuisances sonores ou encore les nuisibles (cafards, rats…). L’ARA répond à ces problèmes en permettant aux ménages les plus modestes d’améliorer à moindre coût leurs logements et leur qualité de vie.

27% des logements en qpv ont au moins un défaut grave de logement, contre 21% en dehors

Source : rapport 2018 de l'Observatoire national de la politique de la ville (ONPV)

Aziza Aouir a pu refaire entièrement sa cuisine grâce à un chantier ARA, dans son appartement de 50 m² où elle vit avec ses deux enfants.

« Je n’aurais pas pu faire ces travaux toute seule. Ça coûte trop cher ! Chez nous, on a refait la cuisine : ça ne m’a coûté que 32 €, l’association a pris en charge 90 % du prix des matériaux et nous a mis un professionnel à disposition.»

L’ARA, une plus-value dans les quartiers en renouvellement urbain

De 2016 à 2018, le CGET a soutenu l’expérimentation de l’ARA pendant trois ans dans cinq quartiers prioritaires - à Avignon (84), Bordeaux (33), Rennes (35), Roubaix (59) et Sarcelles (95). L’objectif : définir les cadres dans lesquels les opérations d’ARA peuvent s’inscrire dans le Nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU), mené par l’Anru.

L’action de l’association vient compléter les politiques publiques de renouvellement urbain : elle offre aux habitants, dont les immeubles ne sont pas concernés par la réhabilitation, la possibilité d’améliorer le confort de leur logement et de ne pas être exclu des grandes transformations de leur environnement. Autre aspect, la gestion de l’attente des ménages : les chantiers ARA permettent une intervention rapide sur l’habitat, tandis que les opérations de renouvellement urbain, complexes et de grande ampleur, peuvent s'étaler sur une dizaine d'années.

« On mène 2 000 chantiers par an, soit entre 3 000 et 4 000 familles bénéficiaires » Rachid Maziane

Avec ses 300 professionnels, 250 jeunes volontaires en service civique et 800 bénévoles, l’Association nationale des Compagnons Bâtisseurs mène 95 projets d’ARA en France, soit 60 sites répartis sur 13 régions, dont La Réunion, Saint-Martin et la Guyane en Outre-mer. 80 % de leur activité est située dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.

Created By
CGET Mars 2019
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Credits:

Léa Rumeau / CGET

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