Des Jeux Olympiques, grands accélérateurs du Grand Paris

Décision « historique », comme l'ont dit la maire de la capitale, Anne Hidalgo, et le coprésident du comité de candidature, Tony Estanguet, l'organisation des JO à Paris aura un impact sur le développement de l'ensemble du territoire. Par Carlos Moreno, spécialiste de la ville intelligente.

C'est une grande ambition métropolitaine, qui prend forme avec cette attribution des JO 2024 à Paris. La ville de Paris et le Comité d'organisation des Jeux olympiques ont su, dès le départ, associer un très vaste écosystème territorial, entrepreneurial, institutionnel, dépassant, de très loin, tout clivage.

À l'échelle du Grand Paris, l'impulsion pour accueillir les Jeux olympiques en 2024 a permis de donner corps au concept de « bien commun territorial ». Chacun peut prétendre prendre sa part de victoire, mais la réalité qui se profile devant nous est une action stratégique pour aller de l'avant dans la transformation urbaine comme rarement elle a eu lieu à Paris et dans l'ensemble du territoire, dans un esprit global de convergence et de concertation. Certes, avec un brin d'utopie mais aussi beaucoup de pragmatisme.

Paris, avec à sa tête la maire, Anne Hidalgo, le comité de candidature, désormais comité d'organisation de Paris 2024, soutenus par les plus hautes autorités de l'État, ont pris l'engagement ferme, auprès des communautés non seulement parisienne, métropolitaine et francilienne, mais aussi française et internationale, d'organiser les jeux les plus durables et inclusifs qui aient jamais eu lieu. La traduction de cet engagement reste une ambitieuse et visionnaire feuille de route pour un Paris postcarbone, vivant, intelligent et durable.

La ville veut ainsi réaliser les premiers Jeux olympiques durables de l'Histoire, parfaitement conformes à l'accord de Paris sur le climat. À l'heure de l'attribution, cette ambition devient un défi, une réalité à construire dans l'esprit des accords de la COP21 et de leur implémentation, et c'est le premier des accélérateurs.

Qu'en est-il par ailleurs de l'impact des jeux sur l'ensemble du territoire sur lequel rayonne le Grand Paris ? Sans aucun doute l'enjeu majeur concerne l'un des départements les plus en difficulté, en souffrance aussi, affichant un développement pour le moins contrasté, et qui fonde un espoir majeur dans la transformation qu'entraînera la tenue des JO sur son territoire : la Seine-Saint-Denis.

Continuité territoriale

En effet, le Stade de France accueillera les cérémonies d'ouverture et de clôture ainsi que l'athlétisme ; le Centre aquatique de Saint-Denis, la natation, la natation synchronisée et le plongeon ; le Parc des expos du Bourget, le badminton, le tir, le volleyball ; Dugny hébergera le village des médias et à la piscine de Marville auront lieu les épreuves de water-polo. En outre, le village olympique sera construit sur le site Pleyel, et laissera en héritage plusieurs écoquartiers, comprenant 5 000 logements environ. En quoi ces engagements sont-ils une chance pour le développement du territoire ? La première raison est la possibilité d'établir une continuité territoriale de long terme entre Paris et la Seine-Saint-Denis. Les Jeux sont une chance unique d'accompagner le redéploiement socioterritorial. À l'horizon 2024, nous pouvons projeter une image : la disparition de la barrière du périphérique comme ligne d'appartenance ou pas à un projet commun de vie urbaine. Cette ambition doit porter sur l'ensemble de cette ligne, séparant le Paris intra-muros d'aujourd'hui et le Grand Paris de demain. Au-delà de la Seine-Saint-Denis, le pari est de développer une ambition qui soit partagée par les 131 communes du territoire actuel de la métropole du Grand Paris, et qui rejaillisse sur l'ensemble de la région.

Les Hauts-de-Seine en profiteront avec des sites comme Roland-Garros ou le Parc des Princes, mais aussi les stades Jean-Bouin et Pierre-de-Coubertin ou la récente U Arena. La tenue des épreuves de canoë et d'aviron à Vaires-Sur-Marne sera une source de dynamisme pour la Seine-et-Marne.

Le précédent de Shanghai

Soyons réalistes quant aux chances réelles d'une véritable accélération territoriale. L'étude du développement des grandes métropoles mondiales montre que la clé réside dans la stratégie d'une mobilité multimodale de qualité couplée à une vraie vision polycentrique du territoire, créatrice de valeur locale et rayonnant sur chaque composante territoriale. C'est un duo irremplaçable.

L'une des premières zones économiques mondiales, Shanghai, est passée de zéro ligne de métro en 1993 à une vaste toile d'araignée composée aujourd'hui de 14 lignes couvrant 600 km et desservant 364 stations. La même carte sans contact permet de payer dans le métro, les bus, les taxis, les ferries et même dans les parkings. Depuis bientôt dix ans, elle permet aussi de régler les transports dans les villes de Hangzhou (à 170 km), Fuyang (à 655 km) et Wuxi (à 135 km). À l'horizon 2020, quatre lignes complémentaires permettront la desserte de 524 stations pour couvrir une distance de presque 1000 km. Le taux de correspondances avec au moins une ligne sera proche de 20 %.

Accompagner une culture urbaine du bien commun

L'Exposition universelle de 2010 a été un accélérateur remarquable dans cette politique ambitieuse de mobilité. Shanghai est aujourd'hui un vaste territoire engagé dans un polycentrisme multifonctionnel, irriguant un réseau de 142 villes de nature différente, des centralités secondaires et des villes-relais, toutes créatrices de richesses.

La politique de mobilité doit ainsi refléter une ambition, une audace et des innovations remarquables. Elle doit accompagner un esprit de développement socio-économique, une culture urbaine du bien commun partagé et doit s'imposer par une utilisation massive des transports publics, sous toutes les formes et de qualité. L'attribution des JO 2024 constitue donc un coup d'accélérateur pour le projet de la Société du Grand Paris, le Grand Paris Express, les lignes en cours de construction, le renouvellement des flottes de bus à énergie propre, mais aussi pour imaginer de nouvelles mobilités bas carbone, et, parmi elles les transports autonomes et le transport flexible à la demande. La capacité d'augmenter le territoire par la portée du rayon d'action de la multimodalité et le polycentrisme qui va de pair s'imposent à nous comme des défis stratégiques majeurs, les moyens de porter une accélération territoriale qui se fasse sous le signe d'un développement inclusif et durable.

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Commentaires 3
à écrit le 30/11/2017 à 8:51
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Quand on a ete en Chine et precisement a Shanghai, la comparaison territoriale est ridicule. L'espace autour de cette cite etait pratiquement vide. Paris et son ensemble banlieue est hypersaturee. Cet article est pompeux de certitudes et de lieux c...

à écrit le 29/11/2017 à 16:20
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Combien la ville de Paris paie-t-elle la Tribune pour ses publireportages réguliers pour les JO ?

à écrit le 29/11/2017 à 10:50
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Il n'y a pas de ville intelligente. Il y a des gens intelligents ou pas qui font des villes vivables. Je doute que les mégapoles soient vivables et gérables sans casse sociale.

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