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Sortir sur Crescent

Vers 1966

Avant Après
Photo courtoisie, Archives de la Ville de Montréal, VM94-A0633-008.
Photo Chantal Poirier


De belles victoriennes

L’animation de la rue Crescent de nos jours nous fait oublier qu’elle a déjà été une rue résidentielle fort calme, en périphérie du centre-ville. C’était une autre époque, vers 1880, où le cœur de l’activité montréalaise se situait plutôt dans l’actuel Vieux-Montréal. Les maisons victoriennes qui se construisent sur des rues comme Crescent ou Stanley accueillent les familles de la classe moyenne aisée et de la bourgeoisie. En général, plus on vit haut sur les pentes du Mont-Royal, plus les terrains et les maisons coûtent cher. C’est alors le fameux Golden Square Mile, un lieu où se concentre à l’époque l’essentiel des fortunes canadiennes. L’enfilade de maisons qui se déploie devant nous accueille, à partir des années 1950, des boutiques et des restaurants qui lui donnent la fonction de divertissement qu’elle a encore aujourd’hui. Le fameux pub Sir Winston Churchill s’y trouve déjà, plus modeste qu’aujourd’hui, mais prêt à recevoir des générations de fêtards !

La Moussepathèque de Mousseau

Drôle de nom pour l’une des premières discothèques modernes de Montréal. Son nom s’inspire de son fondateur et décorateur, Jean-Paul Mousseau, un des artistes québécois les plus marquants de cette décennie. Élève de l’École du meuble et de Paul-Émile Borduas, il fait partie des signataires du Refus global, en 1948. L’art contemporain québécois s’exprime à travers cet artiste multidisciplinaire à qui l’on doit aussi les mosaïques du métro Peel ou l’installation de verre et lumière au siège social d’Hydro-Québec. Mousseau croit que l’art doit être démocratisé et rendu accessible au plus grand nombre. Il est donc dans l’ordre des choses qu’on fréquente son travail dans les lieux publics et dans une discothèque ! Mousseau a dû croiser, dans les années 1960, un autre oiseau de nuit célèbre de la rue Crescent : Nick Auf der Maur, journaliste et conseiller municipal qui a participé à la création du RCM, en 1974. La petite ruelle qui se trouve aujourd’hui au pied de la maison porte son nom.

Jean-Paul Mousseau et compagnie

Photo courtoisie, Archives de la Ville de Montréal, VM094-42-023-D009-007.

Cette jeune femme lâche prise parmi les mannequins, sur la piste de danse de la Moussepathèque. Nous sommes vers 1966, et le décor de la discothèque, feutré et sensuel, donne au public un lieu d’expression d’une nouvelle liberté personnelle et sexuelle qui correspond bien à l’utopie artistique de l’époque. On danse au son des airs pop les plus populaires qu’un « disc jockey » fait tourner. Le lieu n’est pas la première boîte de nuit de Montréal à connaître déjà des nuits réputées chaudes dès les années 20 et 30. Les orchestres live feront toutefois place aux tourne-disques et à la musique en continu, comme dans les Whisky a Go Go parisiens. Une faune bigarrée fait aussi son apparition dans le secteur qui devient un endroit très à la mode et prisé des personnalités, dont Gilles Archambault, le flamboyant fondateur du club, habillé de complets italiens au volant de sa Bentley !

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