Bleeding Through - NINE
Chronique CD album (42:17)

- Style
Metalcore - Label(s)
SharpTone Records - Date de sortie
14 février 2025
écouter "Gallows"

Comme la vie est simple, parfois… J’en veux pour preuve la flemme que peuvent manifester certains groupes pour trouver des titres à leurs albums en se contentant juste de leur accoler une putain de numérotation. Pensez, entre autres, à Weedpecker, Toundra ou même aux premiers albums de Led Zep’, Van Halen et Monolithe – tant qu’à varier les genres... Eh bah v’là-t’y pas que la tendance en arrive même à contaminer le metalcore ; pourtant, c’est même pas faute de la part de Bleeding Through d’avoir fait preuve d’imagination pour entitrailler leurs huit premiers skeuds avec ce qu’il faut de tantinetterie de créativité – sans que ça ne casse trois paires de pattes à un canard unijambiste ; « This is Love, This is Murderous » et « Love Will Kill All » laissaient à tout le moins de quoi retenir l’attention…
Nine ne se paye même pas la petite classe de sortir neuf ans après son prédécesseur pour mieux se justifier : à peine sept ans les séparent. On ne pouvait quand même pas légitimement espérer mieux comme titre après un tel délai de maturation ? « C’est l’aboutissement de 25 ans de Bleeding Through dans sa forme la plus pure », s’est même fendu le chanteur Brandan Schieppati, quand même ; la honte…
Pour le coup on va pas non plus en chier une pendule ; c’est vrai que ce numéro 9 évoquera difficilement le film d’animation du même nom*, il n’en évoquera pas moins, à son instar, un climat de déréliction généralisé des plus significatifs. « Path Of Our Disease », promet le groupe, promet l’évocation musicale d’une libération envers le « climat social à gerber dominant le monde » (traduction assez approximative mais non moins exacte vis-à-vis du message véhiculé). Et il est clair qu’entre la régularité des breakdowns rythmant le skeud (mention à l’abrasivité de « Gallows »), de la radicalité de ses lyrics (voire même leur vulgarité assumée dans la moitié de la tracklist, « Our Brand Is Chaos » en première ligne) et de la mélodicité de ses riffings (« Hail Destruction »), Nine en impose en matière de défouloir auditif de tous les instants.
Pourtant basico-basique entre mille et une nuits de metalcore à la bitchasserie, Nine échoue de fait à imposer une véritable réplétion de hargne structurelle, cantonné dans un classicisme où se disputent les fondamentaux les plus ambivalents du metalcore et du deathcore – la boulette, à l'égard de la singularité dont voulait se revendiquer le groupe au prisme de cette sortie... L’acrimonie latente se maintient bel et bien au gré des éparses envolées lyriques franchement splendides qu’impriment les chœurs féminins (« Lost In Isolation ») comme les riffings les plus techniques (« Last Breath »). L’alchimie se dessine hélas trop superficiellement pour créer les points d’ancrage nécessaires à l’implication émotionnelle recherchée. On se raccrochera éventuellement à la dynamique deathisante d’« I Am Resistance » et celle symphoblackisante d’« Emery », qui ne perdureront activement que sur la première de leurs moitiés respectives – ponctuées de leurs soli de guitare et de leurs lignes vocales cradleoffilthiennes pour le moins bâclées, toutes deux parfaitement oubliables –, voire à la fulgurance instrumentale des lignes mélodiques d’« Our Brand Is Chaos »…
Cela suffira pourtant à peine à rehausser le dynamisme particulièrement faiblard d’un skeud singeant maladroitement Betraying The Martyrs (« War Time ») ou Sacramentum (« Unholy Armada ») pour échouer à se donner la contenance jubilatoire des plus belles heures de Lorna Shore. Si vous comptiez voir ce neuvième album de Bleeding Through bardé de son joli 9/10, je vous le dis tout de suite : c’est NEIN ! Et en plus j'ai même pas fait allemand LV2, c'est dire...
* Ce qui n’a absolument rien à voir avec l’album en question mais ledit film est tellement tombé dans l’oubli malgré qu’il soit absolument génialissime que je ne voulais certainement pas me priver d’une telle occasion d’y faire allusion.
1 COMMENTAIRE
Crom-Cruach le 18/03/2025 à 10:06:51
Pas vu le film mais il est forcément bien car dans VO, y'a Jennifer Connely qui double un personnage.
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