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Europe: 40% de femmes pour les sociétés cotées en 2020

Viviane Reding, commissaire européenne à la Justice, mercredi à Bruxelles. GEORGES GOBET/AFP

Bruxelles a adopté une proposition de loi imposant des quotas de 40% de femmes dans les conseils d'administration d'entreprises cotées en 2020. Mais le texte a été édulcoré: les sanctions ne dépendront plus de l'UE.

De notre correspondant à Bruxelles

La Commission européenne, aussi divisée sur la question des quotas que le reste du continent, fait marche arrière sur l'avancement des femmes à la tête des entreprises: l'objectif de 40% de femmes en 2020 à des postes d'administrateurs reste inscrit dans la proposition de loi finalement adoptée, ce mercredi. Mais Bruxelles a renoncé à l'appuyer par des sanctions à l'échelle de l'UE. Il reviendra aux États de sanctionner les manquements, en ordre dispersé.

Viviane Reding, commissaire à la Justice et championne des quotas, a reconnu mercredi qu'elle aurait souhaité un texte plus robuste. Mais l'accueil glacial d'une première version l'a obligée à revoir sa copie il y a deux semaines. Seule la France l'a ouvertement soutenue.

La commissaire luxembourgeoise a paradoxalement trouvé la résistance la plus forte chez ses collègues femmes, la Britannique Catherine Ashton, la Néerlandaise Neelie Kroes et la Suédoise Cecilia Malmström. L'Europe du Nord, souvent en avance sur le reste du continent dans la promotion des femmes, se méfie instinctivement d'une confusion bruxelloise entre bonne cause et mauvais outils.

De fait, le texte révisé confirme l'objectif: 40% de femmes à des postes d'administrateurs non exécutifs en 2020, pour les sociétés cotées. Mais il en abandonne les instruments contraignants aux vingt-sept capitales.

«Atteindre un équilibre plus satisfaisant»

À partir de 2016, chaque État pourra, selon sa sensibilité, imposer des amendes administratives et/ou annuler les nominations qui, à qualification égale, contreviendraient ouvertement à l'objectif assigné. La commissaire Reding pense avoir sauvé l'essentiel en attribuant sur ce point un droit de regard à la Cour de justice de l'UE.

Les femmes comptent pour 60% des diplômés universitaires en Europe, mais moins de 14% des sièges aux conseils d'administration des grandes entreprises, d'après les chiffres de l'UE. Au rythme actuel, «quarante ans seraient nécessaires pour atteindre un équilibre plus satisfaisant et la présence d'au moins 40% de femmes», observaient Pierre Moscovici et Najat Vallaud-Belkacem dans une lettre de soutien officiel adressée à Viviane Reding à l'automne.

La question du pouvoir des femmes - non plus dans les entreprises mais au cœur même des institutions européennes - a été spectaculairement relancée au Parlement européen. Par 325 voix contre 300, les eurodéputés viennent de bloquer la nomination au directoire de la BCE du Luxembourgeois Yves Mersch, faute de candidature féminine.

Aucun des 17 gouverneurs de banques centrales de l'euro n'est une femme, aucun des six membres du directoire de la BCE non plus. À titre de comparaison, la puissante Réserve fédérale américaine compte trois femmes parmi ses sept gouverneurs. Et l'une d'entre elles, Janet Yellen, fait figure de candidate à la succession de Ben Bernanke.

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