éloignez-vous, doulces blandices

Il est à la mode de repêcher les mots oubliés, déchus, chassés des dictionnaires. Celui qui est l’objet de notre dilection figure encore dans le Larousse et le Robert, certes, mais on suppute que son existence est précaire. Nous voulons parler de blandices, ce substantif féminin pluriel si délectable.
Pour le Larousse 2013, c’est le « charme trompeur » ; pour le Robert, « ce qui flatte, séduit. » Ce mot vénérable a été importé au Moyen Age du latin blanditia, « caresse », « flatterie »,  mais aussi « attraits », « séductions ». Le verbe correspondant, blandior, fut également importé, à peine transformé en blandir, en ces temps où l’on n’hésitait pas à créer des verbes en « ir »  – vous imaginez blander ?
Il exista toute une flottille autour de ces vaisseaux, qui naviguaient de conserve, dont blandisseur, blandissement, blandie et blandiement. Ils ont tous sombré. Littré, qui n’était pas un sensuel, se permit même de « regretter », à l’entrée blandices, la quasi-disparition de ce mot ainsi que celle de blandir. Blandices surnage encore, esquif exquis, mais pour combien de temps ?
Son charme subtil réside dans sa délicieuse ambiguïté : où passe la frontière entre la caresse et la flatterie ; la séduction et la tromperie ? il serait dommage de s’en priver : maintenons-lui la tête hors de l’eau.

,,,,,,

On aura reconnu la patte de B. Buffet, sur l’image de tentation, intitulée simplement Ulysse et les sirènes (1993).

77 réponses sur “éloignez-vous, doulces blandices”

  1. « Blander » aurait pu se confondre avec son paronyme auquel vous pensez, et garder les deux sens pour faire un délicieux énantiosémique !

  2. Je ne saurais trop vous remercier : voilà un mot nouveau qui trouvera surement sa place dans un prochain quatrain bucolique…
    Au fond, c’est un peu dommage qu’un aussi joli mot désigne une chose aussi laide que la flagornerie (ou à peu près…)

  3. Voyons si Dudu nous explique pourquoi le rapport Gallois est signé « commmissaire » (avec 3 « m ») ?
    Ne serait-ce pas que le troisième provient de « Medef », co-rédacteur ?

  4. « Plus d’orchidées pour Miss Blandish* ? »

    Comme c’est dommage !
    ______________

    * to blandish = flatter

  5.  » vous imaginez blander ?  » (Oliouste)

    Mais oui, pépé, et ça nous arrive encore.

  6. Wana : une chose aussi laide que la flagornerie (ou à peu près…)
    Ah, c’est donc ça ! Je m’interrogeais sur le pourquoi de cette illustration.

    Chers Correcteurs, lorsque vous dites qu’il est à la mode de repêcher les mots oubliés, à qui, à quoi pensez-vous précisément ? Voilà une mode que je n’ai pas vraiment remarquée, sauf ici et chez le professeur Rollin F., mais suffit-ce à être « tendance »?

  7. à Gus: il y en a tout un tas de livres qui sortent ou ressortent sur le sujet !
    Citons parmi bien d’autres les « 80 jeux charmants sur les mots d’antan » (Laroussse), « Dictionnaire des mots rares et précieux », « 100 expressions à sauver » de Pivot…………

    Martine

  8. En tout bien tout honneur…
    Aurait-il fallu que nous la blandissions pour obtenir la faveur de ses regards ?

  9. Commentaire qui n’a rien à voir
    Le Monde papier du 6/11 page 4, ce titre
    « L’Hexagone championne de la désindustrialisation »

  10. Votre dernière phrase est bien énigmatique : comment au juste maintient-on la tête d’un mot hors de l’eau ? Il faudrait l’utiliser, et pas seulement pour l’exhiber, comme vous faites là, mais parce qu’il apporterât quelque chose au texte dont il fisse partie. Se pose alors la question : quel genre de texte ?
    Un journaliste d’information ne peut pas se permettre de truffer ses articles de mots que personne ne comprend plus, ils seraient retoqués par la rédaction – il n’y a là rien n’à espérer.
    Le sens fichument littéraire et fort peu exact de « blandices » ne le qualifie pas non plus pour orner un texte officiel, loi, décret ni jugement.
    Bien sûr, on pourrait demander à un écrivain bien choisi de mettre « blandices » dans son prochain livre. Mais il sort au moins mille romans précieux par an, on peut à bon droit douter de ce que ce mot serait maintenu hors de l’eau en étant perdu au milieu d’un océan de phrases perdues au milieu d’un océan de chapitres perdus au milieu d’un océan de papiers lus par trois prétentieux germanopratins. Bon, demander ne coûte rien. Je suggère de confier l’affaire à Renaud Camus, ce réac puant sera ravi que quelqu’un pense à lui pour une opération de conserverie.
    Enfin, un homme politique pourrait faire un coup de com en glissant « blandices » dans un discours, ce qui inciterait la presse pipolitique à en gloser. Peut-être pourrait-on charger M. de Villepin de cette mission languifieuse ? Connaissez-vous son numéro de téléphone, pour le lui demander de vive voix ?

  11. Quand même, qu’est consternante cette mode d’exonder des vieilleries… (Oui, exonder : vous avez l’air de dire que les mots coulent sous les eaux, celles du Léthé, j’imagine, le fleuve de l’oubli, en tout cas pas de terre en vue dans cette affaire, et donc rien n’à exhumer.)

    Alors que notre langue merveilleusement féconde nous permettrait de jouir sans entraves ni vergogne du plaisir infiniment plus constructif de la néologie ! Râââh, quel pied, quel flash, quel embrasement du tréfonds cérébelleux que, timonier des étymons, d’en atteler qui ne s’étaient jamais rencontrés, que de faire chanter des rimes zinouïes, que d’assouplir la grammaire jusqu’à lui conférer la grâce d’une gymnaste pluricentenaire ! Singet dem Herrn ein neues Lied, ce devrait être notre devise – réformons cette vieille bigote de langue aux indigentes indulgences, à moi Luther ! mort au latin, biblons de neuf, couchons au papier kiskoses et verdeurs. À vos claviers, misérables foruns, il est temps de créer !

  12. « Éloignez-vous, doulces blandices »
    Doulces ? Je ne voudrais pas tomber dans le délit de faciès mais vraiment j’ai du mal à trouver de la doulceur aux sirènes de BB ! Un bon coup de rame sur la tronche c’est tout ce qu’elles méritent.
    Enfin j’dis ça, je ne suis pas marin…

  13. Cherchant une image en vue de quelque lamentable rapprochement paronymique, je tombe sur la page de Ste Wiki consacrée à Sainte Blandine (dont les blandices apaisèrent les lions mais pas les taureaux). Et je lis :

    « Ayant survécu à l’incarcération, Blandine fut livrée aux bêtes qui refusèrent de lui faire le moindre mal. Elle fut torturée et dut assister à la mort de ses compagnons. Elle fut ensuite flagellée, placée sur un grill brûlant, puis livrée dans un filet à un taureau qui la lança en l’air avec ses cornes. Ayant survécu au taureau, sainte Blandine fut achevée par le glaive. »

    « Placée sur un grill brûlant » ? Avec deux « l » ? On ne dira jamais assez les liens de l’Église et du commerce.

    http://www.saintgeorgesdedidonne.com/blog/wp-content/uploads/logo_Buffalo_Grill.jpg

  14. Parfaitement @illico, qu’il apporterât, et qu’il fisse – c’est de l’hypothétif, ou du votif, en tout cas un temps rare, aussi nouveau qu’ancien, et que vous comprendrâtrez sans difficulté.

    « Comprendrâtrez » n’est pas un temps rare, c’est le futur simple de l’indicatif du verbe comprendrâtre, qui signifie « comprendre bien qu’on ne soit pas d’accord », un peu comme « jaunâtre » signifie « jaune » mais avec une nuance peu reluisante, et qui se conjugue comme « paître ».

    Quand à blander, ça se fait avec le gand, bien sûr.

  15. Vous avez un don Rémy la pucelle que je suis ne le niera pas pour inventoriaser des mots difficiles à envoyer par SMS.

  16. blandices a quand même l’inconvénient de rimer avec immondices…

    (ah non, il y a aussi : « de longs spadices sanguinolents, imitant la forme de monstrueux phallus » (Mirbeau) )

    (quand à glander, j’imagine… mais je manque d’enthousiasme…)

  17. @Wana : Vous voyez l’m du Medef dans ce commmissaire et vous avez peut-être raison. On pourrait aussi y voir l’influence de la trinité de Sens de la lettre M, comme la préfigurent ses 3 jambages hiéroglyphiques: M = Personne (Madame), m = matière (mur), m = onde (mer). Mais bon, un simple lapsus digital.

    Grain de Sable :
    @Correcteurs
    <>

    Pourtant cette ambiguïté n’est pas surprenante puisque le couple signifiant littéral « bl « en est porteur: « bl » = éblouissement et/ou aveuglement.

    Cette ambivalence sémantique de « bl » est source d’une ambiguïté permanente
    inconsciente. Eblouissement et aveuglement sont deux concepts parfois synonymes, semblables : lorsqu’on est ébloui, on est bien aveuglé, dans le noir (black). Mais l’éblouissement, c’est aussi l’émerveillement, la fascination, la brillance ou l’éclat, le sublime, c’est-à-dire l’inverse de l’obscur ou du noir du monde de l’aveugle ou de l’aveuglé.

    L’éblouissement par reflet de lumière est la caractéristique de nombreux
    mots conscients tels blanc, blond (onde éblouissante) ou blé, tandis que l’aveuglement est évident en allemand et en anglais, car « blind » signifie aveugle.
    Ainsi le « blanc » éblouissant français est l’inverse du « black » anglais où la lettre k « coupe » l’action éblouissante.
    Le vent de sable, le blizzard et le marchand de sable ne nous font-ils pas fermer les yeux ? La publicité, nouvelle forme de diable (du grec diabolein, diviser), n’a-t-elle pas ce double pouvoir d’éblouissement et d’aveuglement secondaire ?

    L’aveuglement est aussi employé pour tromper l’autre: le doubler, le blouser, le bluffer, l’éblouir, le troubler, lui conter des fables ou des blagues, surtout si on est roublard, hâbleur maîtrisant le « bla-bla ».

    Donc la séquence signifiante « bl » porte cette ambiguïté ( inconsciente puisque insue jusqu’alors) ; elle a bien le sens double d’éblouissement et/ou d’aveuglement, un aveuglement qui se généralise vers le sens d’incapacité, d’incompétence, d’inaptitude: bleu (n’y voir que du bleu, être dans le bleu, un bleu: novice), un blanc-bec, « t’es » blet, blessé, faible, oblitéré, trembler, oublier…

    Avec le a privatif grec, a-ble détermine l’absence d’inaptitude, et désigne donc ce qui est apte à (être) … ou capable de: confortable, aimable, jouable, sciable, fiable et même stable … (st = rester, fixe).

  18. > r

    Blandice rime aussi avec Eurydice, la belle épouse d’Orphée.
    Et aussi avec indice, préjudice, appendice..
    Rimeurs, à vos luths

  19. Norbert : « Blandice rime aussi avec Eurydice »

    S’il faut rimer pour l’œil, « blandices », toujours au pluriel, ne rimerait qu’avec « sévices » ? Les mauvais traitements après les caresses ?

  20. «Rimeurs, à vos luths»
    ( Norbert | le 6 novembre 2012 à 14 h 57 min )

    Et c’est poussé par vos blandices
    Qui sont pour moi de vraies délices
    Que j’approche du gouffre lisse
    Et donc que je m’y précipice

    Bon. Fallait pas me tentir.

  21. Pour MiniPhasme (sur une autre file)

    Recette de la blandice
    « prendre une tablette de chocolat blanc ( la marque la plus connue avec le dauphin), tu la fais fondre au bain marie, hors du feu, tu rajoutes progressivement 100 gr de crème fraîche, sans sesser de remuer avec un fouet, tu remets au bain-marie, sans trop faire chauffer, et progressivement aussi, tu rajoutes 100 gr de beurre doux. Tu mets ensuite au réfrigérateur au moins une nuit. »
    Sans garantie…Le tutoiement n’est pas de moi non plus.

  22. Martine,
    je vous remercie pour votre réponse ; savoir qu’il existe « 80 jeux charmants sur les mots d’antan » me réjouit beaucoup.
    Je me lance : doulces blandices fait socle du bas déclin
    plus que 79…

  23. rares, nettement XXX et féminines, surtout « douces », parfois « sensuelles », rarement célibataires*, ces blandices, sur le net. Une secrète vie d’alcôve.

    (on est loin des belles citations de Littré :
    Adulacion n’est autre chose, fors, fainctement par mençonge, loer autry par controuvée blandice [Chr. de Pisan]
    ou du CNRTL : Moi? fit Petit-Pouce en savourant les doulces blandices de l’hypocrisie, moi? je suis en plein goudron. Qu’est-ce que je vais devenir? [Queneau])

    __
    *sans qualificatif qui lui pompe** le sens
    **subj.

  24. ► Rémy | le 6 novembre 2012 à 13 h 13
    Je subodorâtre que vous nous préparissiez quelques bon/bonnes parties de rigolâtrines, au fil de ces pages. Non que vous outrepatatrassiez les limites de notre entendementation, mais l’exorbitantativisme de vos inventions nous réjouissiveront sans nul doute toujours.
    Ne changez pas de main !

  25. Le passé, c’est bien mais quid de l’avenir ?
    Je lis dans lemonde.fr du moment présent : « nos enfants n’ont plus de futur. »
    Veut-on dire que leurs fiançailles sont rompues ?
    Veut-on dire que leur grammaire s’est appauvrie et que le futur des conjugaisons a disparu ?
    Ou voulait-on dire qu’ils n’ont plus d’avenir ?

  26. Bonjour.
    Pourquoi dites-vous que ce mot est toujours au pluriel. Je suis allé consulter l’Officiel du Scrabble et il est permis de jouer « blandice » et je cite la définition : n.f. Litt. Séduction.
    Quelqu’un pour m’expliquer…?
    Merci quand même de me faire découvrir ce mot venu abysses de la langue.

  27. Gus : en plus de ce qu’a dit Martine, le sujet était en der du « Monde » du 4-5, sous le titre « retrouvés ».
    Cyber : en effet, le mot peut aussi s’employer au singulier, mais c’est nettement plus rare.
    Nicet : le temps futur est en train de s’étioler, et c’est un processus qui vient de loin. Il est, en outre, très souvent confondu avec le conditionnel.

  28. Le sing. est inus., mais relevé en poésie (cf. Moréas, Sylves, Le Pèlerin passionné, 1891, p. 90)

    Je trouve à ces blandices une grande sensualité qui disparaît dès lors qu’on se tourne vers ses voisins portés disparus blande, de blanderie ou encore blandiement. Étrangement, il ne semble pas y avoir de blandette.

    Deux nuages crémeux cerisent ton empreinte
    De lait qu’un rien émeut et colore de sel,
    Prisme des blandices sous l’affection tu feintes
    D’ignorer le délice en pinceau qui ruisselle

  29. > [Le futur :] Il est, en outre, très souvent confondu avec le conditionnel.
    normal en ces temps incertains…

  30. ► Wana ( le 6 novembre 2012 à 10 h 46 min)

    Doit-on comprendre que vous faites la claque* de ■■■■ ?

    Au risque d’alimenter Ladudurrhée, n’ a-t-il pas encore mis à côté de la plaque (de chocolat**) en affirmant que « (st = rester, fixe) » ?

    Qui mieux que notre st*** pour le démentir ?

    * énantiosémique ? Affirmatif Gildas ; les anglophones nous l’ont même empruntée…
    [cf. « The voice » (Sinatra) sous ma signature]
    ** je vous soumettrai une autre recette leveto (aujourd’hui peut-être etc…)
    *** dont la ((parenthèsophilie)) ne saurait me déplaire..

    PS : And you know what ? Lulu aurait pour éponyme une meuf…

  31. ► MartinOli

    Merci pour ce terme inconnu à mon bataillon…
    Té ! Félix aurait sans doute jugé « Blandices » beaucoup meilleur qu’ « Intimités ».

    J’en mettrais même ma tête à couper* !

    * Eh oui, Savary…

  32. « Éloignez-vous, doulces blandices »
    Doulces ? Je ne voudrais pas tomber dans le délit de faciès mais vraiment j’ai du mal à trouver de la doulceur aux sirènes de BB ! Un bon coup de rame sur la tronche c’est tout ce qu’elles méritent.
    Enfin j’dis ça, je ne suis pas marin…
    ( laplumequivole | le 6 novembre 2012 à 13 h 07 min )

    Allons, allons! Écoutez le poète:

    Le beau trait de son œil seulement ne me touche:
    Je n’aime seulement ses cheveux et sa bouche,
    Sa main qui peut d’un coup et blesser et guérir
    Sur toutes ses beautés son sein me fait mourir.
    Cent fois ravi je pense, et si ne saurais dire
    De quelle veine fut emprunté le porphyre,
    Et le marbre poli dont Amour l’a bâti
    Ni de quels beaux jardins cet œillet est sorti,
    Qui donna la couleur à sa jeune mamelle,
    Dont le bouton ressemble une fraise nouvelle,
    Verdelet, pommelé, des Grâces le séjour.
    Vénus et ses enfants volent tout à l’entour,
    La douce mignardise et les douces blandices,
    Et tout cela qu’Amour inventa de délices.

    ( Ronsard, Amours « Elégie du printemps – À la sœur d’Astrée.»)

  33. ► « Le verbe correspondant, blandior, fut également importé, à peine transformé en blandir, en ces temps où l’on n’hésitait pas à créer des verbes en « ir » – vous imaginez blander ? »

    Oseriez-vous insinuer qu’il n’existe pas de verbe… bi ?

  34. « Blandices surnage encore, esquif exquis, mais pour combien de temps ? Son charme subtil réside dans sa délicieuse ambiguïté : où passe la frontière entre la caresse et la flatterie ; la séduction et la tromperie ? il (sic) serait dommage de s’en priver : maintenons-lui la tête hors de l’eau. » (Correcteurs du mardi 6 novembre 2012.)

    Par ces quelques mots bien trempés, alors que, jour pour jour, deux cent vingt ans passés, Dumouriez et ses troupes françaises infligent la mort victorieuse aux vils Autrichiens, vous concluez votre pérégrination nocturne, dans le dessein de flatter l’usage de ce mot sous le charme duquel vous succombez grave. Tels les galériens d’Ulysse, vous succombez vite ; le feu bleu aux oreilles que, jusqu’à la folie, percent les pépiements de mille sirènes. Au grand dommage du mélomane, la cervelle en brioche rend sourd comme un cadavre.

    Que toutes les blandices du monde roulent sous toutes les langues. Aucun inconvénient à l’horizon, pour promener sa barque ou tenir la barre. Mais tous « ces délices de l’ambiguïté » ? Ça tonne et même étonne. Je pense sans barguigner le moins du monde que, lors de votre cogito ou votre grand sommeil, votre belle question se viciait dans votre dos ; je le pense d’autant mieux que j’ai bien lu le Trésor qui nous enseigne la flatterie pour peu que l’on y colle le nez tout en lorgnant entre les pages d’un Robert (et non entre les roberts d’un page fort flatteusement efféminé).

    Seul l’usage d’un mot peut s’avérer ambigu en contexte et en situation de discours, non le mot lui-même, tout polysémique qu’il soit. C’est bien l’expression, l’acte de parole ou le texte qui peuvent plus ou moins prêter à ambiguïté. Vous y voyez du délice, j’y vois de l’ennui, voire du dégoût, de l’écœurement. Rien n’invite tant à fuir qu’un texte obscur dont aucune interprétation n’est décidable. Et quelle plus grande obscurité que l’ambiguïté d’un texte duduesque où le non-sens tricote l’absurde sous chaque phrase rabâchée et rabâchée ?

    Mais quittons ces terres trop arides et essayons de comprendre votre belle âme : « où passe la frontière entre la caresse et la flatterie ? » Peinez-vous vraiment comme une bête de somme pour bien distinguer une caresse flatteuse d’une caresse amoureuse ? Délestez-vous alors de tout pouvoir, et illico vous verrez plus clair. Même les chiens de rue ont le poil doux, au bordel.

    Les chats trublions ne regardent pas les étoiles, mais voient ce que la sottise bourgeoise fait à l’homme.

    Yacedjaz, un prolétaire.

  35. Un autre de la flottille :

    Je vouldroy bien richement jaunissant
    En pluye d’or goute à goute descendre
    Dans le beau sein de ma belle Cassandre,
    Lors qu’en ses yeulx le somne va glissant.

    Je vouldroy bien en toreau blandissant
    Me transformer pour finement la prendre,
    Quand elle va par l’herbe la plus tendre
    Seule à l’escart mile fleurs ravissant.

  36. Dans le port d’Amsterrrrdam

    « Eloignez-vous » qu’ils nous disent !

    Okay… Puisqu’il lui est impossible de faire feu ailleurs (au café du Port), l’insecte va tenter sa chance ici, tel un galérien de Buffet…

    TRS à Ph.H lointain : «Et vous, y êtes-vous à ce générique ?… peut-être le marin aux délicatesses chocolatées transbahutées sur plateau ? »

    Too bad ! Recalé pour cause de tatouage grotesque ?!

    Pourquoi ne pas lui conseiller d’aller se faire voir chez les Flamands ?

    (à suivre…)

  37. Damned… L’insecte est-il le seul à ne pas pouvoir franchir la frontière ?

  38. Les blandices seraient-elles évocatrices de vices, de supplices ou sévices infligés par des provocatrices excitatrices, des tentatrices fornicatrices, érectrices, castratrices, à la malice calculatrice et falsificatrice et aux subreptices artifices, bref celles de simulatrices et d’usurpatrices? Homo erectus n’est pas d’ice (dixit DSK).

  39. On se demande un peu pourquoi cette peinture a été choisie pour illustrer les délices de la tentation ; je suis assez d’accord avec laplumequivole (13:07). On observe que le caneva des représentations antiques connues est respecté, le navire vogue de droite à gauche, les sirènes volettent mais il y a, en plus, un squelette. Il est question dans cette peinture des délices de la tentation morbide. Les blandices plus françaises données en exemple sont plus heureuses et mignonnes.
    Malheureux Bernard Buffet.

    Rémy, on a compris que vous ne vous comptez pas parmi ces fameux trois germanopratins prétentieux qui cristallisent la vindicte sur tout les blogs, forums et courrier des lecteurs. Quand les roms, les voleurs de pains au chocolat, les pilleurs de caisses d’allocations familiales auront tous été expulsés « et leurs familles », il ne leur restera plus qu’à raser les murs.

  40. ► lamidices : « je suis assez d’accord avec laplumequivole (13:07) »

    Vraiment ? Doit-on comprendre que vous préconisez l’usage de la rame* pour venir à bout de ces maigriottes diptères* ? Et pourquoi pas le gourdin  d’Hercule ?

    Ben ouais, y en a marre des bellicistes qui font feu de tout bois !
    Le « délit de faciès », ça peut plus durer !

    * mauvais genre ?

    PS : difficile de dialoguer quand les commentaires n’apparaissent qu’après « un certain temps » …

  41. Damned… L’insecte est-il le seul à ne pas pouvoir franchir la frontière ?

    … eh ben non.

  42. ►: Yacedjaz  à olihoud: Peinez-vous vraiment comme une bête de somme pour bien distinguer une caresse flatteuse d’une caresse amoureuse ?

    A sa décharge, les caresses –flatteuses ou pas– ne font guère long feu

    Quant à la « bête de somme », elle a bon dos ! Le « délit de faciès », ça ne peut plus durer !

    PS : Allez-y quand même mollo… Qui trop embarrasse mal éreinte !

    (à suivre ?)

  43. >Lamidices
    L’angélique ignorant que je suis a été frappé par ces sirènes volantes hier jusqu’au moment de lire l’acception de ces divinités de la Mort dans votre TLFi. Je ne « connaissais » que celles dont le bas est celui d’un poisson. Aussi, dans cette source, Lavedan m’a appris que ce sont certains commentateurs qui ont écrit sur l’aspect de ces êtres fabuleux. De toute façon, en ce qui concerne la tentation, je ne vois pas comment ces deux types peuvent être blandices avec ces bas. Ben, c’est vrai que blandices ne sont autre chose qu’actions reliées avec les langues.

  44. Ah, voilà de vraies sirènes pompier.
    rhttp://lewebpedagogique.com/cailleaux/files/2010/08/mottez-sirenes.jpg

  45. Lorsque j’étais petit j’ai vu le film « Ulysses » (Kirk douglas et al.) Je ne m’en souviens pas bien mais je crois que, sur les sirènes, seulement on pouvait écouter ses chants (cris). Pourtant, ce qui encore me frappe c’est la fermentation soudaine du moût qu’on peut voir et que Polyphème peut boire. Quelques siècles après, les évangélistes nous ont raconté une chose pareille donc aussi incroyable:
    http://www.youtube.com/watch?v=xvW0Y8MCkBk&feature=related

  46. Traduction duduesque :

    trublion =
    ion = élément
    bl = aveugle
    ub = rouge
    tr = déviant du droit chemin

    Le chat serait-il albinos ?

  47. Lamidices
    votre lien que wordpress a chatbotté :
    Heureux qui communiste a fait un bon suffrage

    Que l’astre solaire fasse lumière sur votre douce clarté et que se réverbère au déclin de son jour sa chaleur jusqu’au terme de la nuitée.

    [PDF] Petit dictionnaire des mots rares et anciens

      J’entre en lice, pas de supplice de cilice juste les délices du bord du calice de sa tendre et si chère complice, sans malice… Poètes vos papiers !

    Lesquelles devrait-on embrasser ?
    là mots d’heureux péché
    l’aime aux oubliés
    déchus, chassés
    des dictions
    erre.
    Celui, objet de notre dilection
    figure encore dans le Larousse et le Robert,
    mais que son existence est précaire.
    Nous voulons blandices, si délectable.

    Son charme subtil réside
    dans sa délicieuse ambiguïté :
    frontière entre caresse et flatterie ;
    séduction est la tromperie ?
    il serait d’hommes, âge de s’en priver :
    Maintenon, l’huile à tête, or de l’eau.

    Je pourrais vous le jouer :
    WWW contre MMM
    mais
    i-MMM (Make More Money)
    Pyramygdale ou gros panier de scrabble ?
    C’est certainement pour coincer son plan dans un guichet! ? à moins que ce ne soit un plan qui vient de la Guinée ?

  48. Merci Lebanni, deus ex machina qui veillez à tout, savez tout dèfoirer et défoncez tous les doubles-fonds

  49. Se trouvera-t-il quelqu’un(e) dans la salle pour s’intéresser à la question que j’ai posée le 6 novembre 2012 à 21 h 42 ?

    ► Autrement dit, êtes-vous cap de nous présenter un verbe bi* ?

    * qui peut adhèrer au premier ou troisième groupe, s’entend…

  50. Ben, MiniPhasme, je ne vois que le verbe « aller » qui par certaines de ses conjugaisons est indéniablement du troisième groupe mais qui par son infinitif et certaines de ses conjugaisons ( nous allons, vous allez, …) est du premier groupe.
    Cela vous ira-t-il ?

  51. > complètement bi, ou à l’occasion ?
    verbes en -ir à présent (évent. futur) de type aimer :
    assaillir, tressaillir (saillir, défaillir), mais: j’assaillirai (défaillerai)
    offrir, mais : j’offrirai
    cueillir, accueillir, recueillir

  52. ► leveto & Grevisse, 840

    Merci de vous être mouillés ! Mais c’est l’emploi de l’infinitif qui m’intéresse ; le verbe que j’ai en tête peut prendre la forme –er ou –ir;

    Et je veux bien traverser la Manche à la nage si vous le (re)trouvez !

  53. Ne vous ai-je pas confessé être caconecte* ?

    Cela dit, pour dormir tranquille je vais corser l’affaire : le verbe mystère est énantiosémique

    * néologisme de mon cru…

  54. > L’Insecte (aiguisé du neurone ?) qui a en tête « un verbe qui peut prendre la forme –er ou –ir;
    ___________

    Face à l’angoisse* générée par une question si pointue, il convient fissa d’appointer ou d’appointir son crayon ou son clavier… On ne sait jamais !… et deux précautions, venues de l’un ou l’autre groupe, valent mieux qu’une.

    * faute de Lexomil et plutôt que d’avoir à supporter le spectacle déprimant d’un insecte flottillant (à grand peine et en nocturne) dans les eaux sévères de la Manche, le Machincourtois s’autoprescrit une ‘tite dose de Monsieur Pointu :

    http://www.youtube.com/watch?v=7YPXRRJAJ1E

    Pour l’énantiosémie… il lui suffit de savoir qu’on appointe aussi bien en donnant (en matière de rétribution) qu’en ôtant quelque matière lors de l’affûtage.

  55. ► Lebanni,, TRS, Jesús et alii

    Chapeau  (pointu)… Mais trêve de slaloms…

    Avant de retourner « bayer aux corneille » dans la rame, je vous soumets le verbe que  JK Huysmans, « qui cultiv[ait] l’esthétique du mot rare et parfois déconcertant (…) emploi[ait] volontiers » pour évoquer l’acoquinement :

    Il s’acagnardait maintenant chez eux, lutinait Irma, la belle-sœur de son ami, une petite folle qui chantait à tue-tête, gaminait ou cousait, le taquinait sur son air chagrin, était, quelque temps qu’il fît, d’humeur également réjouie.

    … ou le cocooning :

    Il rentra, au plus vite, ses bras dans le lit, s’acagnarda* sous ses couvertures.

    [ ZZZzz

    * trop fort le HD [Huysmans & Daumier]
    Au cas où vous ne l’auriez pas reconnu, le propriétaire du bonnet de nuit n’est autre que la vedette éprouvée par le chant des sirènes. Si si, Ulysse  soi-même…

  56. >MiniPhasme
    Au contraire qu’Argos, mais aussi acagnardé, je n’aperçois pas l’énantiosémie de ces verbes.

  57. >pttR
    Oui, et aussi, par exemple, ameubler/ir mais sans trouver trace d’énantiosémie non plus.

  58. Énantiosémie garantie par le TLFi :

    ROTER : A ♦ Au fig., fam.Peiner sur un travail pénible, supporter de mauvais traitements.
    RÔTIR : C ♦ Se faire bronzer (sous le soleil).

  59. ► Jesús (le 8 novembre 2012 à 9 h 58)

    Euh… j’ai « sans doute » eu tort d’ « opposer » la vie de  débauche  (au cabaret) à celle, casanière, auprès du feu et d’une femme….

    « Relevant d’abord du vocab. théol. et moral (cf. étymol. et hist.), puis poét. (Ronsard), acagnarder glisse rapidement vers la lang. pop. et fam. S’il contient, surtout au xviies. et au xviiies., les not. de paresse et de débauche (souvent synon. de (s’) acoquiner : s’acagnarder au cabaret, la mauvaise compagnie l’a acagnardé, etc.), il retrouve à l’époque mod. un sens moins vulg. : s’acagnarder auprès du feu, dans un fauteuil, auprès d’une femme, « mener une vie oisive et casanière, se confiner dans un coin »

    Quid de l’énantiosémie d’un… Judas*? J’ose même penser qu’il pourrait avantageusement remplacer les diptères du « malheureux Buffet »…

    * au risque d’enfoncer une porte ouverte…

  60. ► pttR : « chauvir / chauver ? »

    ))) clap Clap clap (((

    Gageons qu’il embellira la paroi(sse) de l’insecte :

    Chauver tel le hibou de…

    Chauvet* ?

    * Une récidive

  61. Non, MiniPhasme (12:59), les sirènes bien qu’elles aient deux ailes ne sont pas des diptères. Il faut remonter jusqu’à l’embranchement des arthropodes pour faire entrer les sirènes dans le classement philogénétique et les siréniens dont les Sirènes sont l’éponyme, eux n’ont pas d’ailes du tout. La botanique est décidément compliquée.

  62. ► pttR : « chauvir / chauver ? »

    Se pourrait-il que la chouette chauvisse ?

    1565 chauvir des oreilles (Tahureau, 1erDial du Democritic, p. 156 ds Hug.). Se rattache vraisemblablement aux désignations de la chouette[ ʘʘ ] qui dresserait ses oreilles de cette façon.

    Ne se distingue-t-elle pas du hibou par l’absence d’aigrettes sur la tête ?

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