Olivier Ravanello est en train de convertir Explicite en entreprise médiatique (image d'illustration).

Olivier Ravanello est en train de convertir Explicite en entreprise médiatique (image d'illustration).

Explicite

Même si Olivier Ravanello admet bien volontiers que créer Explicite n'a pas été de tout repos, il en est sûr: le média qu'il a fondé avec ses anciens camarades d'iTélé, est un média d'avenir. "Je suis fier de mes copains, se réjouit-il auprès de L'Express. Depuis le lancement, il s'est passé énormément de choses. Mais surtout, on a fait beaucoup de journalisme."

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Le 15 juillet, cela fera six mois qu'Explicite tente de bouleverser les codes de l'info en ligne, en proposant des contenus exclusifs, gratuitement, sur Twitter et Facebook. Parmi les "coups" du jeune média? L'interview d'Emmanuel Macron, le 21 mars dernier lors de laquelle il affirme sans sourciller, face à Sonia Chironi, que lui aussi a pu "connaître des fins de mois difficiles".

Explicite possède aujourd'hui 44 000 abonnés sur Twitter et 52 000 fans sur Facebook. En février dernier, grâce à une opération de crowdfunding organisée sur le site Kiss Kiss Bank Bank, le média a même récolté 165 840 euros. "Cela nous a permis d'acheter du matériel pour faire ce que l'on s'était engagé à faire: du journalisme sur de nouveaux supports, explique Olivier Ravanello, l'un des co-fondateurs du média. On a toujours dit qu'on voulait faire de la qualité, au même standard que ce que l'on pouvait faire auparavant. On a réussi à partir à l'étranger, pour effectuer plusieurs reportages."

Explicite doit devenir rentable

Problème: les quelques 165 000 euros sont désormais quasiment épuisés. "Là, on en vient à bout, révèle l'ancien journaliste d'iTélé. L'objectif, maintenant, c'est de faire la conversion d'Explicite."

Le jeune média gratuit va donc prendre son envol et devenir une entreprise médiatique rentable. C'est avec Simon Baldeyrou, ancien Directeur Général de Deezer, qu'Olivier Ravanello et ses journalistes associés ont réfléchi à un business plan rentable. Depuis trois semaines, le journaliste enchaîne ainsi les rendez-vous avec de potentiels investisseurs. "C'est ce qu'on a dit quand on s'est lancé, qu'on voulait en faire un média pérenne. Maintenant, on a trouvé un modèle économique très arrêté."

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Quid de l'indépendance tant revendiquée du jeune média, qui voulait faire du journalisme sans aucune pression extérieure? Olivier Ravanello estime, ni plus ni moins, que c'est un "faux débat". "Si on ne veut pas d'investisseurs, il faut être capable de lever plusieurs millions d'euros uniquement par le participatif, ce qui n'est pas possible en France aujourd'hui, répond-il à L'Express. Je crois vraiment aux investisseurs d'une nouvelle génération qui font confiance aux gens qui portent le projet et qui ne sont pas dans la logique de Vincent Bolloré [patron d'iTélé/CNews]." Une logique de direction brutale plus que de soutien financier.

Pas mal de désengagements, mais un noyau dur

Le but est de lancer Explicite sous la forme d'un modèle payant, de type Mediapart ou Les Jours, à l'orée 2018, le tout sans publicité. "Il faut redonner une place à la production originale, convaincre que ça mérite d'être acheté, insiste Olivier Ravanello. Plus j'y réfléchis et plus je rencontre des acteurs du milieu, plus je suis convaincu que la publicité n'est pas un modèle pertinent. Sauf quand on fait comme Brut., qui assume de faire du brand content [la promotion de marques] et qui le fait très bien."

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Explicite ne devrait compter qu'une vingtaine de participants à cette nouvelle aventure, contre une cinquantaine à son lancement. Il y a eu, depuis six mois, pas mal de désengagements. "Allier Explicite et un travail de journaliste à temps plein, c'est juste impossible, estime Olivier Ravanello. Certains ont trouvé du boulot. On est dans une profession qui ressemble beaucoup aux chaises musicales, il y a beaucoup de demandes et peu de places. C'est difficile de dire non à un boulot."

Reste un noyau dur d'anciens, dans lequel on retrouve Antoine Genton, qui animera par ailleurs la matinale d'Europe 1 du 31 juillet au 25 août. "C'est une aventure éditoriale collective", se réjouit Olivier Ravanello, qui n'a pas l'intention de revenir de sitôt à la télévision. "C'est un peu vertigineux mais incroyablement exaltant, confie-t-il à L'Express. Je ne regrette à aucun moment ma décision. Quand on est sur un projet qui fait autant sens, quand on est sûr d'être dans ce que sera l'information dans dix ans, cela empêche de revenir tout de suite dans sa zone de confort."

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