Veolia fait rouler le métro de Mexico aux déchets ménagers
Le groupe a signé un contrat de près de 900 millions d’euros pour un incinérateur. Sa chaleur produira l’électricité nécessaire au métro de la capitale.
Par Myriam Chauvot
Rouler aux déchets avait déjà été envisagé pour les voitures. A Mexico, dans trois ans, ce sera une réalité, mais pour le métro. Veolia a signé avec cette mégapole un contrat de près de 900 millions d’euros pour construire d’ici à 2020, puis opérer pendant trente ans, le premier incinérateur d’ordures ménagères d’Amérique Latine, un continent où la pratique est encore l’enfouissement en décharge.
Le projet est particulièrement original. Grâce aux turbines actionnées par la chaleur (vapeur) de l’incinération, « le site produira 965 gigawatts-heure (GWh) d’électricité par an, destinés à alimenter en énergie le métro de Mexico et couvrira 100 % des besoins de ce dernier », souligne Antoine Frérot, le PDG de Veolia. Le fait que cette unité de valorisation énergétique des déchets soit capable de générer assez d’énergie pour faire fonctionner douze lignes de métro s’explique par sa taille exceptionnelle.
4.565 tonnes de déchets traités par jour
Le site aura une capacité de traitement de presque 4.565 tonnes de déchets par jour (un tiers des déchets de la ville), soit quasiment 1,7 million de tonnes par an. Cela en fait une installation géante au niveau mondial. A titre de comparaison, l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII, le plus gros de l’Hexagone, a aujourd’hui une capacité de traitement de 730.000 tonnes par an.
Si la France est passée à l’économie circulaire et veut réduire l’incinération au profit du recyclage, en Amérique Latine tout part encore en décharges. Or elles saturent et « dans les pays en voie d’industrialisation, il revient souvent moins cher de passer à la valorisation énergétique que d’ouvrir de nouvelles décharges plus éloignées des villes, souligne le patron de Veolia. Ce marché émerge à peine et nous sommes actuellement en discussion pour des projets de valorisation énergétique dans plusieurs grandes villes d’Amérique Latine ».
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Un contrat à 886 millions
C’est en Amérique Latine que Veolia a enregistré ces six derniers mois sa plus forte croissance mondiale, devant l’Asie. Il y réalise un chiffre d’affaires annuel de 600 millions d’euros. Le contrat de Mexico y ajoutera en moyenne 30 millions par an, soit 886 millions sur les trente ans de l’accord, au titre de l’exploitation du site. Si Veolia est l’exploitant, il s’est en revanche allié à des partenaires pour limiter à 15 % son intérêt dans la société chargée de la construction de l’usine. Elle coûtera l’équivalent de 510 millions d’euros mais le groupe français ne déboursera à ce titre que treize millions.