Emploi : pourquoi les seniors pèsent sur le chômage

Selon une note confidentielle du gouvernement, deux mesures prises sous Nicolas Sarkozy ont fait s'envoler le nombre de demandeurs d'emploi de plus de 50 ans durant le quinquennat de François Hollande.

Une note confidentielle du gouvernement pointe la catégorie des plus de 50 ans comme «explication de la hausse du chômage» entre l'entrée en fonction de François Hollande et novembre 2016. 
Une note confidentielle du gouvernement pointe la catégorie des plus de 50 ans comme «explication de la hausse du chômage» entre l'entrée en fonction de François Hollande et novembre 2016.  (LP/OLIVIER BOITET)

    C'est un pavé dans la mare : les seniors ont plombé les chiffres du chômage durant le quinquennat. C'est ce que révèle une note confidentielle du gouvernement que nous nous sommes procurée, alors qu'est publié ce mercredi le nombre de demandeurs d'emploi pour le mois de mars. Ce document pointe la catégorie des plus de 50 ans comme «explication de la hausse du chômage» entre l'entrée en fonction de François Hollande et novembre 2016. «Depuis mai 2012, 524 200 personnes supplémentaires sont inscrites en catégorie A (catégorie officielle) à Pôle emploi (+ 17,9 %)». Or «plus de la moitié de cette hausse (56 %) concerne des demandeurs d'emploi seniors (50 ans et plus) dont le nombre a progressé de 300 000 (+ 49,5 %)».

    Une explosion d'autant plus préoccupante que l'on en dénombre 127 600 rien que dans les rangs des 61 ans... Du jamais-vu! Si les seniors n'ont jamais été aussi nombreux à pointer à Pôle emploi, cette envolée ne serait pas à mettre uniquement sur le compte «d'une évolution des conditions d'emploi». Comprendre : les actifs les plus âgés sont notamment les premiers concernés par les plans sociaux et départs forcés. Selon cette note de deux pages, elle «résulte également et en grande partie de deux évolutions législatives» prises sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. La première concerne les dispenses de recherche d'emploi (DRE) pour certains chômeurs seniors (à partir de 55 ans) progressivement supprimées par le gouvernement de François Fillon à partir de 2009 jusqu'à l'extinction en 2012.

    «Entre mai 2012 et novembre 2016, le nombre de demandeurs d'emploi âgés de 50 à 60 ans a augmenté de 189 500. Si la DRE avait été maintenue, la hausse n'aurait été que de 110 970. Cela représente 25 % de l'augmentation du nombre total de seniors (50-65 ans) depuis 2012». Ce système avait permis pendant trente ans aux chômeurs âgés d'attendre la retraite et à la France de baisser artificiellement le nombre officiel de chômeurs. Avec le papy-boom du début des années 2000, le dispositif a atteint un pic en 2005 et 2006, où il fluctuait autour de 410 000 bénéficiaires.

    La réforme des retraites adoptée en 2010 est l'autre explication de la hausse du chômage avancée dans cette note. «Le relèvement progressif de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans entre le 1er juillet 2011 et 1er janvier 2017 a largement contribué à l'augmentation du nombre d'actifs de 50 ans et plus.»

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    Selon les calculs effectués par les experts gouvernementaux «en novembre 2016, 141 000 demandeurs d'emploi ont 61 ans ou plus. Si la DRE avait été maintenue et si l'âge légal de départ en retraite était toujours de 60 ans, on estime que seuls 5 800 seraient inscrits». Et la note de conclure : «La suppression de la DRE et le report de l'âge légal expliqueraient les deux tiers de la progression du nombre de seniors (50-65 ans) inscrits à Pôle emploi en catégorie A depuis mai 2012.» Soit une hausse d'environ 300 000 inscrits, dont 200 000 seraient à mettre sur le compte des prédécesseurs.

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