En fermant sa dernière centrale thermique au charbon, Pékin espère tourner la page de la pollution aux microparticules. Mais le taux de pollution deux jours après la fermeture, dix fois supérieur aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, montre que contrôler la pollution est plus complexe qu’il y paraît.
Dès 2013, la municipalité a annoncé le remplacement progressif des quatre vieilles chaudières au charbon par des unités à gaz modernes. Ces fermetures devaient officiellement éviter l’émission de 10 000 tonnes de dioxyde de soufre, de 19 000 tonnes d’oxyde nitrique et de 3 000 tonnes de poussière par an – et d’environ 30 millions de tonnes de CO2, estimait de son côté le centre de recherche anglais North Square Blue Oak en 2015.
Ces efforts n’ont pas été vains. D’après les mesures de l’ambassade des Etats-Unis, la pollution aux particules fines a baissé d’environ 25 % depuis 2014. Mais les épisodes désormais qualifiés d’« airpocalypse » restent fréquents tous les hivers à Pékin. Le problème est régional.
« Le smog a commencé à rouler »
« Le coupable, c’est l’industrie lourde gourmande en charbon dans les provinces entourant Pékin, explique Zhang Kai, chercheur pour l’ONG Greenpeace à Pékin. Le smog s’est accumulé dans les zones de production d’acier à 300 km au sud de Pékin ces dernières semaines. Quand le vent a changé de direction vendredi, le smog a commencé à rouler vers le nord, avant de se fixer sur Pékin », écrivait le chercheur sur son blog lors de la première « alerte rouge » de l’hiver 2016, le 16 décembre.
Pourquoi un tel recul après trois ans d’amélioration ? D’après Greenpeace, le retour aux vieilles recettes économiques est en cause : pollution et croissance restent étroitement liées en Chine. Confrontées à un ralentissement de l’économie plus sévère que prévu, les autorités ont pris des mesures de relance début 2016. « La production de ciment et d’acier a augmenté cette année, poussée par des projets gouvernementaux d’infrastructures et la construction immobilière. L’augmentation des prix de l’acier a entraîné la réouverture de capacités anciennes et moins efficaces poussant encore les émissions vers le haut. Il y a une corrélation évidente entre la production de fer et d’acier et les niveaux de pollution dans la région de Pékin, de Tianjin et du Hebei [la province entourant Pékin], où l’industrie de l’acier est concentrée », précisait l’ONG dans une note du 16 décembre 2016.
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