Les uns tiennent à se faire leur propre opinion sur le candidat. « Je recherche une clarification sans le filtre des médias », explique Nicolas, un étudiant-ingénieur de Compiègne (Oise) venu avec deux amis au meeting lyonnais d’Emmanuel Macron. Les autres n’ont plus besoin d’être convaincus : « Je viens chercher la vérité », assure sans hésitation Aurélia, collier bleu-blanc-rouge autour du cou, avant l’arrivée de Marine Le Pen sur la scène du Zénith de Nantes. Certains, comme Bastien, la quarantaine, disent vouloir partager avec d’autres un moment d’éducation populaire. « On apprend beaucoup dans les discours de Jean-Luc Mélenchon », assure-t-il, après avoir écouté les propositions du candidat dans une salle archibondée des Docks de Paris (Seine-Saint-Denis).
Curieux paradoxe. À l’heure où l’on dit les Français dégoûtés de la politique, ils se rendent toujours en masse dans les meetings. La vieille formule du tribun haranguant les foules continue de faire recette, comme imperméable aux ravages du temps et du discrédit. Dans cette folle campagne présidentielle, les candidats n’ont aucun mal à remplir les palais des sports et autres Zénith, ni même les places parisiennes les plus emblématiques. Les Français vont au spectacle.
Faire nombre, voire surnombre
Ce week-end, les amateurs (de gauche) auront, à Paris, l’embarras du choix. Le 18 mars, jour anniversaire de la Commune, Jean-Luc Mélenchon compte rassembler à Paris une foule d’au moins 100 000 « insoumis » de la Bastille à République. Il s’agira, bien sûr, de marquer les esprits. « L’un des enjeux du meeting est de montrer la force du nombre », considère Manuel Bompard, son jeune directeur de campagne. Comme en 2012, lorsque les troupes mélenchonistes avaient organisé la « prise de la Bastille ». « L’image de la place pleine à craquer a eu un impact communicationnel fort. En interne, c’est tout aussi important : les sympathisants repartent de ce genre de rassemblement regonflés et avec de l’énergie à revendre. » Le lendemain, son rival socialiste Benoît Hamon tentera à Bercy, dans un match à distance, d’enflammer la salle de l’AccorHotels Arena, annoncée pleine comme un œuf, pour relancer une campagne à la peine.
L’image d’une foule et la magie du verbe : la formule alchimique avec laquelle un candidat peut espérer modifier le cours d’une campagne n’a pas changé. La preuve la plus spectaculaire a été apportée par François Fillon, qui a réussi à noircir de monde le bitume détrempé de la place du Trocadéro, le 5 mars. « Ils pensent que je suis seul, ils veulent que je sois seul. Est-ce que nous sommes seuls ? », a martelé le candidat LR. De fait, ce rassemblement de la dernière chance a rempli sa mission première : faire nombre, voire surnombre. Et contrer la fronde en remplissant les rangs.
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