« L’équipe Trump passe un sale quart d’heure face à Bernie Sanders. » La vidéo a été visionnée 13 millions de fois sur Facebook. On y voit Bernie Sanders, visiblement excédé, poser des questions assassines à plusieurs membres de la nouvelle administration américaine. Le montage est rapide, les sous-titres colorés et le ton ironique.
Publiée en janvier, cette vidéo est emblématique de ce que produit Brut, un média en ligne présent uniquement sur les réseaux sociaux. Fondé en novembre 2016, il est sur le point de dépasser les 100 millions de vues depuis sa création. Et ce chiffre croît rapidement : en février, 29 millions de vidéos ont été regardées, soit deux millions de plus qu’en janvier.
« Beaucoup plus interactif que la télévision »
Brut a été lancé par Guillaume Lacroix, fondateur de la société de production Studio Bagel, et Renaud Le Van Kim, l’ancien producteur du « Grand Journal » sur Canal+. « Nous voulions créer un média qui soit un point d’entrée sur l’actualité pour toute une génération qui s’éloigne des [acteurs] traditionnels », explique M. Lacroix. Le résultat est là : « 80 % de nos fans sur Facebook ont moins de 35 ans. »
Une douzaine de personnes travaillent pour Brut. Direct de deux heures sur Facebook Live, vidéos courtes d’analyse, entretiens… le jeune média multiplie les types de formats. Les sujets, eux, sont ancrés dans l’actualité. La campagne présidentielle tient une place importante. En direct sur Facebook, plusieurs candidats ou ex-candidats se sont prêtés au jeu de l’interview. Parmi eux, Yannick Jadot, Manuel Valls ou Nicolas Dupont-Aignan.
« Tout le monde est bienvenu, mais les candidats doivent se prêter au jeu. C’est beaucoup plus interactif, et donc plus dangereux, que la télévision », explique Laurent Lucas, producteur exécutif de Brut, et ancien rédacteur en chef du « Petit Journal » (Canal+).
Un début de monétisation
Si l’audience est au rendez-vous, la monétisation n’a rien d’évident. « Jusqu’ici, nous n’avons pas gagné d’argent. L’idée était avant tout d’obtenir de l’audience, afin de la monétiser dans un second temps », explique M. Lacroix.
La situation pourrait bientôt changer. La régie publicitaire de France Télévisions s’occupe désormais de la monétisation des contenus produits par Brut. Certaines vidéos sont diffusées sur le site et la chaîne de Franceinfo. « Grâce à ces partenariats, nous gagnons toute la force d’un groupe bien installé », se réjouit Guillaume Lacroix.
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