La Dominique, aventures entre copines : Champagne Reef et le sud de l’Île

Ça y est… nous venons de passer la dernière pointe de terre de Martinique ! Le ferry qui navigue vers la Dominique commence presqu’aussitôt à tanguer plus sérieusement. Surnommé le « vomit boat », l’Express des îles, qui fait la liaison entre Fort-de-France, Roseau et Pointe-à-Pitre n’est pas fait pour ceux qui sont sensibles au mal de mer dès que le bateau se retrouve en plein océan car les eaux qui séparent la Martinique et le Dominique sont plutôt remuantes.

J’ai déjà quitté le pont et bien installée dans mon fauteuil, la tête à côté d’une fenêtre ouverte, le vent salé sur le visage et quelque fois aspergée par la houle, je profite. Le bateau est à un peu de la moitié rempli et il y a pas mal de place. Devant, Sad somnole, profitant d’un moment de repos pour récupérer des découvertes de la journée. Une bonne heure et demie plus tard, terre en vue : la masse verte de la Dominique apparaît ! Dans les rayons de soleil couchant, les montagnes vertes de la sauvageonne des Caraïbes prennent des reflets dorés. Comme il y a neuf ans, son intérieur reste couronné d’une bonne couche de nuages… et je suis émue. Neuf ans que j’attendais de réaliser enfin cette promesse : celle de revenir voir mon coup de foudre. Imaginez-vous rencontrer quelqu’un, l’avoir vu pour quelques heures, être tombé(e) sous le charme et ne l’avoir jamais oublié(e). Neuf ans plus tard, vous vous retrouvez… et à première vue inchangé(e). C’est magique !

Pourquoi la Dominique ?
Située presque pile entre la Martinique et la Guadeloupe, la Dominique, souvent confondue avec la République dominicaine, est surnommée « l’île nature » des Caraïbes. A l’écart des circuits touristiques malgré une position plutôt favorable, l’île est en effet très préservée et compte pas moins de 3 parcs nationaux, 3 réserves et une réserve marine. On n’y vient pas pour se prélasser sur de plages mais pour explorer les sentiers et sites naturels au milieu de la forêt ou plonger découvrir les fonds marins. Avec un peu de 70.000 habitants (la Martinique, pour quasi la même surface en compte 380.000), la Dominique est sauvage et garde son caractère fait du melting-pot des différentes influences qui ont contribué à son histoire : celle des Indiens kalinagos, des descendants d’esclaves d’Afrique, des Français et des Anglais, la dernière puissance colonisatrice. Une belle créole avec plein de caractère, quoi !

Une fois les formalités d’immigration et de douanes passées, il fait déjà presque noir sur Roseau, la capitale de l’île. Fatiguées, nous abdiquons pour nous laisser emmener bien gentiment en taxi vers notre guesthouse. Finalement grand bien nous pris car au moment d’arriver devant la maison, personne, ni de porte ouverte. Oups. Ce qui nous permettra de découvrir dès le départ deux facettes des Dominiquais : leur gentillesse et le fait que tout le monde se connaît. Avec une population de près de 70.000 habitants, ce n’est pas étonnant ! Notre taxi dégaine son portable. Il sait très bien à qui appartient cette guesthouse et en 20 minutes, l’affaire est réglée, et nous voilà installées au Narakiel’s Inn ! La chambre est un peu petite mais bien pourvue par contre, pas de pièce commune, à part peut-être un très chouette balcon qui nous permet d’admirer Roseau la nuit sous les étoiles, bercées par le bruit de la rivière qui donne le nom à la ville. Un endroit parfait pour les confidences nocturnes.

Notre première tâche sera de trouver un lieu pour manger… et autant te dire Lectrice, Lecteur, que trouver un bar ou resto ouvert le dimanche, a fortiori le soir, à la Dominique, c’est plutôt difficile. Nous voilà donc obligées d’effectuer un repli stratégique vers l’unique Fast-food de l’île : un KFC, en se promettant de faire bien mieux demain !

Se déplacer à la Dominique n’est pas une sinécure. Les routes sont étroites, sinueuses, souvent en mauvais état et le passage de l’ouragan Erika n’a pas arrangé les choses (NDLR 2019 : la situation ne s’est pas améliorée avec l’ouragan Maria en 2017). Bref, pour le conducteur non habitué, c’est un challenge et pas mal de stress, c’est pourquoi nous nous passerons de louer une voiture. Conséquence : il faudra souvent faire appel à des chauffeurs/guides pour nous faire visiter les coins de l’île même s’il existe un réseau de minibus plutôt efficace, vu la situation, ce n’est pas vraiment adapté si le temps vous est compté. Notre hôte nous donne donc les cordonnées d’un chauffeur qu’il connait et quelques instants plus tard, l’affaire est conclue et nous partons sur les routes du sud de l’île.

Il est plutôt comique de penser que la toute première découverte d’une île connue pour ses sentiers de randonnées dans les montagnes soit… du snorkeling mais voilà, la Dominique est un environnement préservé pour une multitude d’espèce marine. On peut y voir des baleines et dauphins (pour ça, il faut organiser une sortie en mer) mais pour les passionnés de plongée et de snorkeling, c’est des meilleurs endroits des Caraïbes pour s’adonner à son activité préférée et le spot qu’il ne faut pas louper, c’est Champagne Reef.

Champagne Reef, faire des ronds dans l’eau…

A voir l’endroit, ce n’est pas très engageant… On passe une petite cahute qui appartient au club de plongée qui se trouve se place (le Champagne Reef Dive & Snorkel) où on s’acquitte de la taxe de 2 US$ pour avoir accès à la Réserve marine de Soufrière Scott’s Head dont Champagne Reef fait partie et on accède à une plage caillouteuse, pas spécialement jolie mais on nous pointe l’endroit où nous devons nager, près de rochers semi immergés. Après s’être bien fait mal aux pieds sur les galets, le fond se transforme finalement en sable leur offrant un peu de répits. Conseil : prenez donc des chaussons de plongée. Les premiers poissons ne tardent pas à apparaître et en quantité ainsi que pas mal de corail, même si la proportion de corail mort semble plutôt alarmante mais dans l’ensemble, le récif est sain dans cette zone protégée. De toutes les expériences dans les Caraïbes, c’est celle où j’aurai vu le plus de variété de poissons !

Mais ce qui fait de Champagne Reef un endroit unique au monde est qu’à côté des rochers qui nous été indiqués, il y a une faille d’où s’échappe du gaz d’origine volcanique. Et ce gaz s’échappe sous forme de bulles ce qui vous donne l’impression, lorsque vous arrivez au lieu donné, d’évoluer dans un immense verre du divin nectar. 

Et que te dire, Lectrice, Lecteur ? Je vais essayer de te décrire cette sensation au mieux ! Imagine un monde bleu, pas très profond, où la couleur des poissons perroquets ou des poissons anges apparaissent vivement. L’eau est chaude mais pas trop, juste bien. Les rayons du soleil filtrent sous l’eau comme autant de doigts géants et puis tout à coup, voici quelques bulles… Tu penses que c’est toi. Tu ne viendrais pas de péter dans l’eau d’ailleurs ? Mais plus tu avances, plus te voilà entourée et c’est là que tu réalises que ces bulles sortent de terre. Tu regardes fascinée, tu tends la main pour les saisir mais c’est peine perdue… Chacune scintille comme un parfait petit diamant rond et tout à coup, te voilà complètement entourée par des rideaux des bulles brillantes, qui montent droit vers la surface, plus ou moins vite. De véritables rideaux de bulles qui éclairent les fonds de la lumière que leur donne le soleil et partout, des poissons multicolores qui soit fuient à ton approche, soit restent stoïques sur le fond. C’est tellement beau que cela semble complètement irréel. Le genre de moment que l’on ne croit vivre que dans les rêves. Quand nous ressortons de l’eau, Sad et moi avons des sourires jusqu’aux oreilles.

Cette première excursion allait donner le ton des dix jours qui allaient suivre !

A la sortie du parc, on trouve une chouette petite cahute où on peut se restaurer et à voir le plat de notre voisin (et le délicieux fumet qui en sortait), ça n’avait pas l’air d’être trop mal !

Les batteries de ma GoPro s’étant déchargée dans mon sac (NONDEDJALLE), je n’ai pas d’images perso mais pour te donner une idée de ce que ça fait, voilà ce que j’ai trouvé :

Scott’s Head, le bout du monde

La prochaine étape doit être l’un des lieux les plus photographiés de l’île. Nous sommes à l’extrême sud de la Dominique, au petit village de Scott’s Head et ce qui en fait sa particularité, c’est une petite péninsule reliée à l’île par une fine langue de terre de 20 mètres de large environ. D’un côté, c’est l’Atlantique qui rage et vient s’abattre sur la grève, de l’autre, ce sont les eaux calmes de la Mer des Caraïbes. C’est assez saisissant mais pour mieux apprécier le spectacle, il faut grimper tout en haut de la colline sur la péninsule. Une petite promenade facile, même si ça monte, qui vous récompensera par une vue à couper le souffle ! 

Tout là-haut, perchées sur ce promontoire, nous nous sommes un peu senties comme les maîtresses du monde (surtout quand nous avons découvert un ancien canon), avec une vue imprenable sur toute la côte sud-ouest et de l’autre côté, sur le vaste océan. En bas, le côté Mer des Caraïbes ne fait qu’attirer le regard. L’eau a l’air si claire qu’on a juste envie de faire un grand saut pour s’y jeter ! D’autant plus que les côtes du promontoire rocheux qui tombent à pic dans la mer sont une promesse de jolies cachettes pour les poissons ! On attendra quand même d’être descendues pour se mettre en maillot et explorer les fonds. Le billet que nous avions acheté ce matin à Champagne Reef couvre également Scott’s Head, qui fait partie de la même réserve marine. Garde-le bien donc bien précieusement pour le montrer au gardien). Et ici, c’est le bonheur ! A part deux autres touristes, nous sommes seules. 

L’après-midi est déjà bien avancé et si bateau de croisière il y a à Roseau, la plupart des passagers ont déjà dû rentrer pour embarquer. Malheureusement, ça veut aussi dire que l’ombre projetée par la colline assombrit beaucoup la mer et même s’il y a pas mal de poissons, c’est moins satisfaisant et moins joli que Champagne Reef. Par contre, le cadre de la plongée est top ! Après une petite heure d’ébats dans l’eau, nous rejoignons notre chauffeur pour notre dernière destination : le village de Soufrière.

Soufrière, village thermal

Soufrière touche presque Scott’s Head et doit être un des plus jolis villages de la Dominique, avec ses petites rues en pente et ses jolies maisons couleur pastel. Veillant sur tout ce petit monde, une bien jolie église domine le paysage du village. Un endroit bien joli pour se plonger dans l’ambiance d’une Dominique côté pêcheurs mais ce n’est pas le seul motif pour y aller.

Si Soufrière est connue, c’est pour ses sources d’eau chaude, dont certaines sont directement sur la plage ! En bas du village, suivez les panneaux qui vous indique le sentier pour « Bubble Beach Spa » et vous y voilà : une petite page avec un sable couleur caramel, enserrée par un mur de pierre avec un petit bar, et une cabane pour se changer, c’est tout.

A première vue, rien de particuliers… sauf que Bubble Beach se situe au-dessus d’un « point chaud » et l’eau sulfureuse qui remonte des entrailles de la terre chauffe l’eau de mer qui rentre à travers le mur de pierre, en faisant de petites bulles. Ce qui crée donc une piscine thermale naturelle ! Attention, le sable est brûlant et pour arriver à la partie immergée, il faut courir jusqu’au mur de pierre (à moins que tu ne veuilles cuire tes petits petons, Lectrice, Lecteur). Là, on s’allonge et un profite de la chaleur de l’eau et des bubulles qui viennent doucement vous chatouiller la peau. C’est aussi le moment de papoter avec d’autres adeptes de ce thermalisme naturel.

Nous entamons la conversation avec une dame qui termine son séjour ici. Expat dominiquaise aux Etats-Unis, elle revient tous les ans pour se replonger dans l’ambiance du pays : « Mais à chaque fois que je reviens, je reste plus longtemps ! » dit-elle en riant. « Vous devriez revenir pour le Carnaval » nous dit-elle… « Ou pour la Fête nationale, c’est vraiment bien ! ». Allongée jusqu’au menton dans l’eau chaude, j’ai bien envie de lui dire que ça fait 24h que je suis ici et je me dit déjà que je reviendrai !

Une fois sorties de notre baignade, nous prenons place au bar : c’est ici que nous allons faire connaissance avec LA boisson locale qui aura volé mon cœur : le rhum punch ! Le rhum punch est donc du rhum accommodé aux fruits ou aux épices. On en trouve au coco, au fruit de la passion, à la cacahuète… mais le plus classique (et sans doute le meilleur), c’est celui au citron vert, agrémenté d’épices. Un peu plus difficile à trouver, il y a également celui au « sorel », un jus de fleur d’hibiscus parfumé à la cannelle et typique de la période de Noël (que l’on peut d’ailleurs boire tout seul et bien frappé).

Pendant que Sad et moi dégustons, le soleil commence son plongeon dans la mer et le paysage prend des teintes de cuivre. Les cheveux mouillés, le visage encroûté de sel de mer et nos verres à la main en train de profiter de l’ambiance, est-il possible que Sad et moi soyons plus comblées, à ce moment précis ? La Dominique vient de nous offrir nos premiers moments de paix de l’âme et ce sera loin d’être le dernier !

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Cet article a 5 commentaires

  1. Lauriane

    Un coup de foudre, carrément ! En vérité ta série de photos sur Scott’s head est vraiment, mais vraiment trop belle ! Si c’est pareil en vrai je comprends 🙂
    Je n’ai jamais nagé à un endroit avec une activité « volcanique », ça doit être spécial !

    1. Melissa

      Ah oui… un coup de foudre qui s’est confirmé pendant ce voyage. Et oui, c’est tout à fait pareil en vrai. Ce doit être le plus beau point de vue de l’île. En tout cas, le plus beau que j’aie vu pendant ce séjour.

      1. Charumati

        Merci beaucoup pour ces informations. Je suis à La Dominique en ce moment.
        En revanche, je suis logée chez un ancien chef indien, à Concord donc sur le territoire Kalinago, ayant toujours des responsabilités et en lien avec leur gouvernement mais aussi d autres gouvernements, universités, scientifiques pour différentd projets, par exemple avec l Australie, le Canada, la Hollande, l Allemagne etc. Je tiens à préciser que les Kalinagos ne sont pas tous noirs ou foncés car en effet mélangés pour certains,on hôte a la peau blanche et à un faciès indien, j en ai vu d autres de ce « type ».
        Par ailleurs, n hésitez pas à vous déplacer en mini bus qui sont fréquents (en effet pas d horaire), attendre quelques minutes sur les bords de route ou de faire du stop ce qui fonctionne parfaitement, aucun danger y compris pour les femmes.
        Excellentes découvertes de cette île dont la Nature est incroyablement généreuse et la majorité du peuple gentile.

        1. mellovestravels

          Merci Florencia,
          Tu as de la chance d’être là-bas. Cette île m’a beaucoup touchée et j’aimerai beaucoup y revenir. Nous ne sommes pas allées à Concord mais au village de Barana Autê que tu dois bien connaître. Nous avons rencontré un ancien chef qui est devenu sculpteur. Peut-être est-ce la même personne ?
          On a aussi testé les minibus, quelques fois. C’est vrai que c’est assez facile.

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