PMA

Pourquoi les Françaises en mal d'enfants vont en Espagne

De plus en plus de femmes se rendent à Barcelone pour bénéficier de techniques de procréation médicalement assistée que la France interdit.
par Catherine Mallaval
publié le 3 février 2017 à 10h50

Mais que vont donc faire à Barcelone les Françaises qui fréquentent la Clinique Eugin ? De plus en plus nombreuses (en hausse de 7% en 2016 versus 2015), au point même de représenter aujourd'hui 24% de la patientèle de la clinique (5 224 traitements en 2016), elles trouvent là des solutions à leurs multiples désirs d'enfants que la France s'entête à ne pas proposer.

Bien sûr, il y a des couples d’homosexuelles en quête d’une insémination avec donneur, comme en témoigne le bilan de la clinique rendu public cette semaine. Mais ces femmes que la France exclut de ses services de procréation médicalement assistée (PMA) ne sont pas majoritaires (20% des patientes), comme on aurait pu le supputer.

Ce sont les couples hétérosexuels qui en majorité (50%) font le voyage. Ceux-là viennent surtout pour bénéficier d’un don d’ovocytes. Un don qui n’est pas interdit en France, mais difficile à obtenir pour cause de pénurie. Ainsi, en 2014, plus 3 000 couples étaient en attente d’un don face à 501 Françaises donneuses. L’écart est si vertigineux que de plus en plus de sommités de la médecine reproductive se demandent s’il ne faudrait pas renoncer à la totale gratuité des dons dans l’Hexagone. Et indemniser ces femmes qui pour donner leurs gamètes subissent quinze jours de traitement préalable, des prises de sang, une anesthésie, etc. La loi espagnole spécifie, elle, que la donneuse peut recevoir un dédommagement d’un peu moins de 1 000 euros.

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39,4 ans

Mais le plus frappant est sans doute la hausse importante du nombre de femmes célibataires qui franchissent les Pyrénées pour une insémination que la France leur refuse. Elles représentent dorénavant 30% des Françaises qui sont venues à Barcelone. Enfin, même s’il reste marginal, le nombre de Françaises qui viennent là vitrifier (congeler) leurs ovocytes afin de préserver leur fertilité a augmenté de plus de 47% (!) en 2016 par rapport à 2015. L’an dernier, 258 Françaises (à 98% célibataires) ont poussé les portes de la clinique pour avoir accès à cette technique, que la France réserve aux femmes présentant une maladie pouvant affecter un projet d’enfant.

«L'augmentation du nombre de vitrifications dites "sociétales" prouve que les femmes s'interrogent de plus en plus sur leur désir d'enfant. Je trouve que c'est un réel progrès. Trop de femmes ont encore tendance à faire l'autruche quand on leur parle des effets du temps sur leur fertilité. Il faut éviter qu'elles se retrouvent devant cette sentence irrévocable et encore trop fréquente : "si vous voulez un enfant, c'est maintenant ou jamais"» commente le DAmelia Rodriguez, qui travaille dans la clinique.

Enfin, autre constat établi par la clinique Eugin : quel que soit leur statut marital, l'âge moyen des femmes qui ont eu recours à l'un des traitements proposés par la clinique a augmenté de près d'un an en 2016 (vs 2015); portant cet âge moyen à 39,4 ans. Un problème ? «Nous entendons trop souvent que ces patientes sont des carriéristes qui se réveillent à 40 ans et se décident à faire un enfant sur un coup de tête», lance Amelia Rodiguez qui assure que chacune des femmes qu'elle reçoit «a une histoire singulière, bien plus complexe que ce qu'on imagine».

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