De Montréal, à Leipzig en passant par Oxford et Stanford, les programmes universitaires en creative writing (« écriture créative ») se sont multipliés sous l’impulsion de l’université d’Iowa qui fut dès 1936 la première institution à proposer un Master of Fine Arts (MFA) validant un diplôme de creative writing. Paradoxalement, comme le note Le Monde, la pratique de l’écriture créative reste marginale en France, où très peu d’établissements l’ont mise en place, alors que les universités canadiennes ou américaines l’ont institutionnalisée depuis 30 ans, à l’instar de l’Université du Québec à Montréal où fut crée la première chaire de professeur de création littéraire au Québec.

L’enseignement de la création privilégie en effet le dispositif de l’atelier d’écriture, cet espace-temps institutionnel dans lequel un public spécifique (étudiants), sous la conduite d’un « expert » (enseignant et/ou écrivain) produit des textes, en réfléchissant sur les pratiques et les théories qui organisent cette production, afin de renforcer les compétences lectorales et scripturales de chacun de ses membres. Mais dans le milieu scolaire ou universitaire, la création littéraire suscite toujours débats et polémiques.

Création littéraire et polémiques hexagonales

L’enseignement de la création littéraire s’avère compliqué et la mise en place de masters dans le domaine des ateliers d’écriture et de la création suscite des réserves, des tensions ou moqueries.

Il existe en effet plusieurs zones de résistance liées aux systèmes de représentations associés à l’écriture. L’enseignement de l’écriture créative induit d’emblée une réflexion sur la figure de l’écrivain qui ramène, d’un point de vue idéologique et théorique, à deux postures différentes en fonction du modèle français et américain. Pour certains, le régime de l’écriture, issu d’une tradition romantique française, dépend avant tout d’un « don », d’un mythe de l’écrivain-génie et ne peut donc pas être enseigné.

Une voie vers l’emploi ?

Le premier intérêt de ces cursus repose sur la confrontation avec l’auteur et constitue un moyen efficace de lutter contre les clichés associés à la figure de l’écrivain, comme en témoigne D. Viart :

La rencontre de l’écrivain et des étudiants – quand bien même, ce qui de fait n’est guère le cas, elle n’apporterait rien ou pas grand chose sur le plan de la connaissance critique – permet encore de corriger bien des représentations. Or il n’est pas bon qu’un texte soit abordé au travers d’une médiation aussi inhibante que le mythe de l’écrivain-génie.

Ne serait-il donc pas urgent, en pleine mutation #numérique, d’ouvrir un chantier de recherches universitaires pluridisciplinaires portant sur la création littéraire contemporaine et ses enjeux sociétaux ?

 

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