Nouvelle-Zélande : Visiter la Bay of Islands, Paihia, Cape Reinga et l’extrême-nord

Bay of Islands, Paihia… des noms qui résonnent pour chaque Néo-zélandais. Sans doute neuf Kiwis sur dix sont venus ici, soit pour prendre un bain de culture māorie et d’histoire nationale, soit pour passer les vacances dans la Bay of Islands, une immense baie parsemée de 144 îles. Paihia, c’est aussi la porte de l’extrême-nord de la Nouvelle-Zélande et le phare de Cape Reinga. C’est également le vrai début de mon aventure en Nouvelle-Zélande, le premier bus de toute une série qui vont me faire traverser le pays du Nord au Sud. Un peu un roadtrip sans conduire, à sauter de bus en bus tous les deux ou trois jours pendant quatre semaines…

Paihia, comme un goût de vacances

Le bus vous débarquera au centre de la jolie petite de Paihia, près des quais. Et la première impression de Paihia, c’est que c’est une ville de vacances. Une ville de vacances aux airs un peu suranné avec ses jolies petites maisons et sa jetée en bois. On n’a pas de mal à imaginer tous les souvenirs d’enfance qui ont dû se former ici. Les miens se construiront sur la terrasse d’Alongside, au bord de l’eau, à attendre le coucher de soleil malgré le ciel un peu brouillé. D’ailleurs, je vais séjourner dans un « Holidays Park », une espèce de mélange entre le gîte et le camping. On y trouve en général des chambres, des cabanes et des terrains pour y poser votre mobile-home ou votre tente. Le mode de séjour préféré des familles néo-zélandaise ! Le mien, Waitangi Holidays Park, se trouve à un petit quart d’heure à pied de la ville, rien de bien méchant quand on a un bon sac à roulettes… et juste à mi-chemin vers un lieu d’une importance capitale dans l’histoire du pays : le « Waitangi Treaty Grounds & Museum« .

Waitangi Treaty Grounds, la fondation de la Nouvelle-Zélande

C’est un peu à la sauvette, en arrivant à pied, que j’a débarqué sur les terres d’un des musées les plus importants de Nouvelle-Zélande. En fait, je me suis aperçue à la sortie que j’étais une resquilleuse, parce que j’avais pris un chemin détourné pour arriver plus vite !

Le Traîté qui fondât la Nouvelle-Zélande

En début décembre 1840, sur ces lieux-mêmes, un traité fut signé entre le Capitaine William Hobson, Lieutenant-Gouverneur et représentant de la Couronne Britannique et une confédération de chefs de tribus maories. C’est une première puisque les Māoris ont été traités quasi en égaux et le document fut même traduit en langue māorie même si « traduttore, tradittore » (cette bonne vieille maxime du « traducteur qui trahit »), cette version māorie est sujette à controverses et diverse interpretations.

Néanmoins, le document établit que la Nouvelle-Zélande devient colonie britannique, garantit aux Maoris leurs prérogatives et, entre autre, possession des terres  et établit l’égalité entre les sujets britanniques et les Māoris (quand on pense à ce qui s’est passé en Australie avec les Aborigènes, on se dit que c’était un document d’avant-garde). La suite n’allait pas être de tout repos entre les colons et les Māori mais les bases d’une « nation » étaient jetées.

Outre le Musée (que je n’ai pas vu, étant arrivée pas loin de l’heure de fermeture), le « Treaty Ground » compte l’exposition d’un superbe canoë de guerre Maori un « Waka », le plus grand jamais construit. Bien à l’abri des intempéries en dessous de sa « waka house », « Ngātokimatawhaorua » (c’est son « petit nom ») est tout de rouge peint et orné de nacres. L’art maori est en pleine renaissance. Les figures courbes et géométriques que l’on trouvait gravés sur la pierre, les tikis et ici les wakas connaissent une nouvelle vie dans le design, la peinture et le tatouage. On y retrouve la figure du tiki (forme humaine), les motifs des écailles de poissons et des fougères chers à la tradition. Ils sont immédiatement reconnaissables et les ambassadeurs de la culture māoris.

On y trouve également une petite maison blanche « The Treaty House« . Cette maison était celle de James Busby et de sa famille. Busby était le représentant officiel du gouvernement jusqu’à la signature du traité et c’est ici, entouré des siens, qu’il travaillait. Histoire de se remettre un peu à l’horloge de l’époque, la « Treaty House » a été pensée pour plonger le visiteur en 1840. La chambre et le parloir des Busby ont été recrées, on y trouve aussi des objets de leurs vie quotidienne. Une chouette mise en situation !

Cap au Nord : Pukeki Forest et Cape Reinga

Paihia est aussi connue pour être la porte du « Northland », extrême nord néo-zélandais. Subtropical et peu peuplé, les côtes du Northland sont baignées d’un côté par le Pacifique et de l’autre côté par la Mer de Tasman. C’est un endroit sauvage, peu peuplé, imprégné par la culture maorie et qui vaut beaucoup plus que la journée que je lui aie accordé mais malheureusement, les jours ne sont pas extensibles !

Comme je n’ai pas le permis, il n’y a pas d’autres alternative (sauf le stop) pour rejoindre Cape Reinga : se joindre à une excursion. Il existe différentes formules : des « tout compris » (avec repas) et d’autres pas. Néanmoins, n’espérez pas que ce soit bon marché. C’est la Nouvelle-Zélande, et les prix sont plutôt élevés. En compensation, la qualité du service est tip-top ! Me voilà donc embarquée dans un bus dont la première étape est la Forêt de Puketi (Puketi Forest).

Bon… allez voir des arbres n’est peut-être pas le summum du fun sur le papier mais cette forêt est particulière puisqu’on peut y trouver d’énormes « kauris », des arbres gigantesques qui peuvent vivre jusqu’à 2000 ans et qui sont parmi les plus anciens arbres du monde. La forêt a longtemps été un lieu de protection pour la faune (et spécialement les oiseaux) du nord de la Nouvelle-Zélande et on y trouve même des kiwis (ne comptez pas les voir par contre, le kiwi est extrêmement bien camouflé, en plus d’être nocturne).  Une balade d’une trentaine de minutes à travers la réserve vous donnera déjà une idée de ce à quoi ressemblait l’île à l’arrivée des premiers maoris. Tout autour de vous, des troncs s’élèvent tous droits comme autant de colonnes de cathédrales tandis qu’en bas, des buissons, des arbres plus petits et une foule de fougères (l’autre emblème de la Nouvelle-Zélande avec le kiwi) couvrent les parties basses. C’est très impressionnant !

Après cette mise en bouche, nous reprenons la route pour le Cape Reinga.

Au vu de son status de point le plus septentrional du pays, n’espérez pas trouver une espèce d’endroit sauvage… le lieu est très fréquenté et bien emménagé ! On trouve un grand parking et une fois passée l’arche d’entrée, un sentier bien balisé et facilement accessible de 300 mètres vous emmène jusqu’au clou du cap : son phare. Et on ne peut pas trouver meilleur lieu pour en établir un. Il a l’air de sortir d’un livre d’image, tout habillé de gris et blanc et perché sur son promontoire qui domine la rencontre tumultueuse entre la Mer de Tasman et l’Océan Pacifique.

Ici, le vent souffle… pas d’arbres, seulement une étendue d’herbe battue par les embruns et partout, des nuances de bleu et de vert, celle de l’eau et le bruit grondant des vagues, entrecoupé par les cris d’un ou deux oiseaux de mer. C’est majestueux et mélancolique… nous sommes au bout de la terre des Maoris. Pas étonnant que le lieu ait été sacré. Le promontoire est le lieu des passages des âmes des morts qui « sautent » vers l’océan pour rejoindre « Hawaiki« , la mythique terre des origines pour les Polynésiens.

Tapotupotu Bay et Sandboarding à Te Paki

La deuxième partie de la journée sera plus « sablée ». Histoire de nous remettre les idées en place, au cas où nous étions encore un peu la tête dans les mythes et l’atmosphère du Cape Reinga, nous redescendons pour une petite séance baignade à Taputupotu Bay. Une jolie plage de sable gris perle/beige en forme de croissant et entouré de promontoire rocheux à ses extrémités. Le temps n’est pas au beau fixe mais qu’importe : j’avais prévu mon maillot et ce sera sans doute la dernière fois que j’irai me baigner dans la mer lors de ce tour du monde ! Et notre guide n’est pas en reste, il se jette à l’eau avec la petite bande de filles que j’ai rejointe. L’endroit est joli les vagues, plus qu’acceptables vu le nombre de surfeurs et même si l’eau est plutôt froide (fini les 26 degrés de la Polynésie), je me délecte et quand il faut sortir de là, c’est un crève-cœur… je laisse derrière moi mon élément, sans savoir quand je le retrouverai.

Mais je ne resterai pas triste trop longtemps… à moitié séché, tout ce petit monde retourne dans le bus pour rejoindre les grandes dunes de Te Paki.

Te Paki est un drôle d’endroit pour la Nouvelle-Zélande ! Dans ce pays si vert, alors qu’il y a deux heures, nous marchions encore dans une forêt humide, nous voilà des dunes dignes du Sahara ! Certaines faisant 140 mètres de haut (sérieusement ???) et on se demande bien ce qu’elles viennent faire là ; Et pourtant, ce sont des montagnes de sable qui nous dominent et nous écrasent. Outre le spectacle de la nature, c’est pour une activité bien particulière que l’on vient voir les Te Paki Giant Sand Dunes : pour y faire du sandboarding… une espèce de descente en luge des sables (qui est souvent une simple planche de bodyboard).

Yehaaaaaw… sandboarding!!! #NewZealand #latergram

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La première étape est de grimper tout en haut de la dune et laisse-moi te dire Lectrice, Lecteur, que grimper une dune géante, c’est une des ascensions les plus difficiles qui existent ! Les pieds s’enfoncent et les dégager prend de la force, on a même quelque fois l’impression de reculer en montant ! Le souffle court, me voilà enfin au sommet de la dune. J’essaie de profiter de la vue mais j’ai du mal à me concentrer, je suis assez nerveuse. Nous sommes à au moins 25 mètres au-dessus du ruisseau qui coule tout en bas et ça a l’air très, très loin.

C’est enfin mon tour… je regarde la pente créée par la dune… du 20% au moins ! Et ça a l’air si haut ! Et je dois me laisser glisser sur un bout de plastique ? Mais qu’est-ce qui m’a pris ? Pourquoi je suis montée jusque là ? Pourquoi me suis-je infligé çà ? Mais le guide me place gentiment. Aller, on s’allonge comme il faut, on agrippe les bords de la planche, juste assez pour ne pas s’arracher les doigts, on utilise la pointe des pieds pour freiner au cas où et on me laisse finalement glisser. Ça prend quelques secondes ! A mi-course, la planche prend de la vitesse et file encore plus vite avant de glisser tout en bas où il faut lever les jambes pour simplement se laisser porter par l’eau du ruisseau presque à sec, comme un vrai bodyboard et finalement, je me débrouille pas si mal que çà, ma petite taille évitant de me déséquilibrer et de finir dans l’eau. Je glisse quasi comme une pro et freine ma course en tournant légèrement ma planche en fin de course, sèche et en un seul morceau.

Finalement, j’y aurai tellement pris goût que je remettrai le couvert. Serais-je une adrénaline junkie qui s’ignore ?

Ninety-mile Beach

Pas très loin de Te Paki se trouve une immense plage ininterrompue qui prend presque toute la longueur de la péninsule qui termine l’île du nord : Ninety-Miles Beach. Mais c’est un peu une appellation mensongère, on devrait plutôt l’appeler « Ninety-kilometers Beach » puisqu’elle fait… 88 kilomètres et seulement une bonne cinquantaine de miles ! Imagine, Lectrice, Lecteur, un terrain de jeu aussi grand, du sable et la mer à perte de vue ! Pas étonnant que les surfeurs en aient fait un lieu de prédilection mais ce qui est le plus étonnant, c’est que Ninety-mile Beach est… une route ! On peut rouler dessus… Enfin, pas tous.

Conduire sur Ninety-mile Beach

Attention, la conduite sur cette plage n’est pas à prendre à la légère. Si vous louez une voiture, sachez que la plupart des compagnies de location ne vous autoriseront pas à rouler sur Ninety-mile Beach. Si la compagnie le permet, vous devrez alors louer une 4×4 (une voiture normale prend le risque de rester ensablée, veillez à emporter des planches en bois pour vous sortir d’un mauvais pas). Il faut également veiller à l’heure de la conduite (pendant les 3 heures avant et après la marée basse pour profiter du sable humide pour conduire).  

Quel sentiment de liberté sur cette plage mais le plus fun (même si ce n’est pas le plus écologiquement correct, je l’admets), c’est cette fameuse conduite. Et avec un bus équipé pour, on peut même rouler un peu dans l’eau, provoquant de grandes gerbes. Une drôle d’expérience où la voiture file sur une piste sableuse pendant une bonne demi-heure, entre terre et mer, au raz de l’eau. Au début, l’excitation est à son comble dans le bus mais comme pendant une balade sur la plage, l’effet lénifiant de la mer commence à se faire sentir. Les conversations se font de plus en plus rares, jusqu’à presque s’éteindre. Les fronts se posent sur les fenêtres pour regarder, certains s’endorment… c’est la presque la fin du trajet. Mais on ne se quittera pas comme ça !

Le meilleur « fish and chips » de Nouvelle-Zélande ?

Il est tard dans l’après-midi et les estomacs grondent. Nous nous arrêtons donc pour manger mais pas n’importe où : au meilleur stand de fish and chips du pays : Mangonui Fish and Chips Shops, un chouette petit restaurant-snack perché au-dessus de l’eau. Quand on me lance un argument pareil, je fronce un peu les sourcils mais voilà… Mangonui est un village de pêcheur et il suffit de jeter un œil pour voir que le poisson est écaillé presque devant nous et qu’il sort du port à 100 mètres du restaurant. Une fois prêts, le poisson et les frites nous arrivent comme il se doit, emballés dans un papier avec une serviette et une rondelle de citron. Je goûte et là… BAM !!! La réputation du lieu n’est pas usurpée DU TOUT ! Le poisson est savoureux, la chapelure goûteuse et croustillante à souhait et les frites n’ont presque rien à envier à mes bien aimées frites belges. Le secret ? Je crois l’avoir surpris lors d’une conversation avec le guide : une part de la friture serait de la graisse de porc, ce qui leur donnerait leur goût unique (si j’ai bien saisi les brides de conversation). Ce ne serait pas si étonnant, les frites traditionnelles sont normalement cuites dans 3/4 de graisse de bœuf et 1/4 de graisse de cheval (si, si, parole de semi-Belge).

Le trajet de retour jette le groupe repus et fatigué dans une bienheureuse somnolence. J’ai l’impression de revenir de colonie de vacances ! Et ça doit être çà, le charme du « Northland » qui rend les Néo-zélandais aussi nostalgiques quand ils évoquent la Bay of islands.

Le meilleur fish and chips de Nouvelle-Zélande parait-il en tout cas, il déchire! #latergram #foodporn

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Cet article a 5 commentaires

  1. Itinera Magica

    Cet article magnifique m’a passionnée. Comme toi, j’ai été très sensible à la différence de traitement entre Maoris en NZ et Aborigène en Australie, et ce lieu me passionnerait. Quant aux paysages… à couper le souffle. Merci !!

    1. Melissa

      Oui, j’avoue que j’ai mal à m’expliquer cette différence. Bien que l’histoire entre les colons européens et les Maoris n’ait pas été rose non plus, on ne peut pas manquer de remarquer que les Maoris sont beaucoup plus respectés que les Aborigènes.

  2. Lauriane

    Moi aussi j’ai trouvé super d’avoir fait ce parallèle entre aborigènes et maoris. Il suffit que les mauvaises personnes aient le pouvoir entre les mains… Les bonnes idées ont toujours été là, mais pas les gens qu’il fallait ! BREF
    J’ai adoré tes photos du cap, l’endroit a l’air très beau… Par contre pour la dune de sable, avant même de lire ton retour je me suis demandé si je me crèverais à monter toute cette pente sableuse pour quelques sensations !

    1. Melissa

      Oui, cette différence est vraiment frappante. Mais je pense qu’une des raisons pour lesquelles celà s’est si mal passé pour les Aborigènes, c’est parce qu’ils étaient plus vulnérables.
      Pour le sandboarding… Ah ah… ca va le coup pourtant de monter (je l’ai fait deux fois mais j’ai pas eu le courage de gravir la dune une troisième fois).

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