Arles : quand les handicapés se font secouristes

Par NPUIG

Personnes valides et handicapées ont passé leur diplôme sous le regard de la Croix Blanche.

Personnes valides et handicapées ont passé leur diplôme sous le regard de la Croix Blanche.

Photo N.P.

Arles

Pour la première fois, le diplôme de premiers secours est accessible à tous

Le chemin a été long à parcourir mais le résultat est là. "L'arrêté vient d'être modifié par la Direction générale de la sécurité civile. Il sera bientôt publié au Journal officiel" se réjouit Gilles Ruiz, conseiller municipal chargé de l'accessibilité aux personnes handicapées. Ancien pompier, l'élu connaissait les difficultés quotidiennes de ces personnes. Il a voulu faire évoluer leur situation. Mission accomplie ! Désormais, les personnes handicapées peuvent passer le diplôme de prévention et de secours civiques niveau 1 (PSC1). Les premiers ont été délivrés hier, dans la salle des fêtes d'Arles, en présence de l'élu et de représentants d'ACCM, des sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône, de la Croix Blanche, de l'Association des paralysés de France (APF), impliqués dans le projet, et du Crédit Agricole, qui a financé la journée.

Le diplôme de secouriste, un plus sur le CV

"Jusqu'à présent, il fallait pouvoir réaliser les gestes de premier secours, ce qui est impossible quand on est en fauteuil roulant. C'est le cas aussi quand on est une femme enceinte ou qu'on a un bras dans le plâtre. Désormais, on peut aussi être diplômé si on est capable de faire réaliser ces gestes", se réjouit l'élu. Pour lui, le secourisme n'est qu'un outil pour changer le regard des gens sur le handicap. "Si demain, un employeur reçoit le CV d'une personne handicapée et qu'il voit mentionner le diplôme de secouriste, il sera intrigué, intéressé, il voudra rencontrer cette personne."

Deux associations ont été invitées par Gilles Ruiz à participer à cette première journée de formation diplômante : APF pays d'Arles et A Cloche pied. Les futurs diplômés ont été encadrés et conseillés par Fabien Garcia et Rémi Arnaudo, secouristes à la Croix Blanche. Gestion d'un malaise et apprentissage de la position latérale de sécurité, réaction face à un arrêt cardiaque, toutes les situations d'urgence ont été présentées, avec un double objectif : apprendre à effectuer les gestes comme à les faire réaliser."Des initiations avaient déjà été délivrées l'an dernier, à Arles et à l'APF de Marseille, pour faire comprendre aux personnes handicapées qu'elles étaient capables de sauver des vies, note Fabien Garcia.C'est un tournant, on est en train d'écrire une belle page."

La prochaine étape, pour Gilles Ruiz, est de rendre accessible aux personnes en situation de handicap le poste de formateur secouriste. Cette mesure pourrait "permettre à des anciens pompiers de revenir au travail et de retrouver leur dignité professionnelle." En attendant, l'APF et la Croix Blanche comptent bien multiplier les journées mixtes comme celle d'aujourd'hui. D'une même voix, Jean-Luc Collange, président départemental de la Croix Blanche, et Mireille Fouqueau, directrice de l'APF des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse, estiment que "la prochaine étape sera de proposer une journée de formation à Marseille d'ici un mois et de diffuser l'information dans toute la France."


"Quelque chose de grand"

Pour Anita Bonutti, présidente de l'APF du Pays d'Arles, la journée a été enrichissante à plus d'un titre. "Je suis contente de pouvoir être considérée comme tout le monde aujourd'hui, que les gens sachent que je suis capable d'aider une personne en danger au même niveau qu'une personne valide. Je ne me suis jamais sentie inférieure à qui que ce soit. Après tout, j'ai eu un fils et des petits-fils. J'ai toujours été capable de les soigner comme tout le monde ! Mais aujourd'hui, c'est écrit." La même impression anime Patrick Duport, de l'association arlésienne A Cloche pied : "Désormais, les gens pourront se rendre compte que même si je suis en fauteuil, je suis capable de les aider. Pouvoir guider quelqu'un pour sauver une vie, c'est magnifique. Gilles Ruiz a réalisé quelque chose de grand. On est encore dans le vif du sujet, on ne se rend pas compte de l'importance de ce jour, mais ça viendra après."

"Les handicapés étaient juste des aidés pour les gens. Mais maintenant, ils vont pouvoir devenir des aidants", continue Frédéric Mocco, vice-président de l'association. "Ça va nous aider à briser cette image du handicap qui éloigne et isole des autres."

En présence de Gilles Ruiz et de représentants de l'APF, de la Croix Blanche, d'ACCM et du Crédit Agricole, le PSC1 a été remis pour la première fois à des personnes handicapées.
En présence de Gilles Ruiz et de représentants de l'APF, de la Croix Blanche, d'ACCM et du Crédit Agricole, le PSC1 a été remis pour la première fois à des personnes handicapées. photo N.p.