Il ne s’arrête jamais. En voyage d’études à Bangkok ou dans la Silicon Valley, avec ses collègues ou ses étudiants de Lille, Jean-Charles Cailliez est mû par la même énergie et la même volonté d’« insuffler un mouvement d’innovation ». Telle est sa mission en tant que vice-président innovation et développement de l’Université catholique de Lille, un poste qu’il occupe depuis sa création, il y a quatre ans.
A la tête d’une équipe de dix permanents, il s’attache à impulser de nouvelles dynamiques en matière de pédagogie, de recherche et d’entrepreneuriat. Concrètement, cela passe par l’organisation d’événements, dont des ateliers de codesign, une démarche fondée sur l’intelligence collective et la créativité venue de l’université de Stanford (Etats-Unis). Au programme : des réflexions sur l’évaluation des étudiants, la conception de nouveaux packagings commerciaux ou encore l’intérêt de la conférence dessinée par rapport au bon vieux PowerPoint.
Quelle que soit la thématique, le mot d’ordre reste le même : la transdisciplinarité. « Nos événements rassemblent des enseignants, des étudiants et des chercheurs, mais aussi des techniciens et des administratifs, ainsi que des représentants d’entreprises et de collectivités locales », souligne le biologiste, attaché à la diversité des publics comme à celle des espèces vivantes. « Nous veillons à créer des rencontres improbables car pour innover, il faut sortir de sa zone de confort, prendre des risques et explorer de nouveaux territoires, à l’intersection de différents domaines. » Un état d’esprit qui s’inscrit dans une démarche d’innovation ouverte : « Les gens qui ont peur protègent leurs découvertes, mais ils se nécrosent, affirme-t-il. Si vous êtes en perpétuel mouvement, vous n’en avez pas besoin. Le temps que les autres vous rattrapent, vous aurez déjà avancé ! »
Spécialiste de la classe inversée
Convaincu que l’« on ne peut pas entraîner les gens dans une dynamique d’innovation si on ne le fait pas soi-même », le vice-président tient à être, lui aussi, « un expérimentateur ». Il soumet ses dispositifs au débat sur Le blog de JC2. Après vingt ans passés dans les laboratoires de l’Inserm et de l’Institut Pasteur de Lille, il se consacre désormais à la recherche en pédagogie. Des innovations qu’il met en application lors de ses cours de biologie cellulaire et moléculaire, soucieux de « garder un contact avec [sa] discipline ». Fait rare dans le monde académique, ce professeur d’université enseigne ainsi une centaine d’heures par an, y compris à des étudiants de première année. Sa spécialité ? La classe inversée, et même renversée, méthode suivant laquelle l’enseignant amène les étudiants à chercher les ressources nécessaires pour construire eux-mêmes le cours.
En amont, le développement de nouvelles pratiques pédagogiques passe par une prospective internationale. « Si la Suisse, la Belgique et le Québec sont très avancés en la matière, les méthodes d’éducation orientales sont aussi intéressantes, car elles s’attachent moins au résultat qu’à la manière d’y parvenir, explique-t-il. Quant aux Anglo-Saxons, ils ont des approches beaucoup plus globales que nous, cartésiens, qui avons tendance à séparer les disciplines. » En aval, Jean-Charles Cailliez prend soin d’évaluer les actions menées, notamment en demandant aux étudiants de remplir des questionnaires de satisfaction. Deux étuidants de l’Université catholique ont par ailleurs commencé des thèses sur « l’impact des innovations pédagogiques sur celles et ceux qui les pratiquent, c’est-à-dire les étudiants, mais aussi les enseignants ». Une manière pour le chercheur de continuer à se remettre en question.
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