jeunes ig

Help : comment comprendre les conditions d’utilisation des réseaux sociaux ?

Une avocate a pris le soin de vulgariser celles d’Instagram, un réseau très prisé par les jeunes.

Au Royaume-Uni comme ailleurs, les utilisateurs des réseaux sociaux sont parfois très jeunes. Un problème, quand on sait que les plateformes qu’ils utilisent n’adaptent en rien leurs politiques aux différents profils.

L’association Children’s Commissionner a établi un rapport qui pointe du doigt qu’internet n’est pas conçu pour les enfants, malgré le fait qu’un tiers des utilisateurs ait moins de 18 ans. Les filtres parentaux peuvent être un bon début, mais les enfants ne sont pas munis des bons outils pour gérer leur vie en ligne.

50 %

Or, presque la moitié des 11 – 16 ans pensent qu’il est plus facile d’être soi-même en ligne que dans la vraie vie.

Pour l’association, l’  « espace public » qu’est Internet, contrôlé par des entreprises privées trop peu soucieuses d’être responsables à l’égard des enfants, doit être drastiquement repensé. Au programme : une transparence accrue et une meilleure compréhension des règles imposées par le système net. Des projets qui rejoignent la pensée de l’avocat Alain Bensoussan :

Il ne s’agit pas d’obtenir un consentement général, mais un consentement au plus près de l’action, pour que les utilisateurs soient en capacité de comprendre le pouvoir auquel ils se confient.

Alain Bensoussan

Ces mesures semblent plus que nécessaires : Children’s Commissioner a éprouvé les conditions d’utilisation d’Instagram, réseau utilisé par 56% des 12-15 ans et 43% des 8-11 ans au Royaume-Uni, auprès de son public.

Condensées au sein de 17 pages, et énoncées dans un langage qui n’est clairement pas destiné aux enfants, le verdict ne se fait pas attendre. « Je m’ennuie ! Et ça ne veut rien dire », se plaint l’une des participantes de 13 ans. Un autre note qu’il lui faut 10 minutes pour lire chaque phrase. Et on ne parle là que de l’acte de lecture… Question compréhension, ce n’est pas gagné non plus : « Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris, à cause de la quantité de texte et du manque de clarté du document », confie Sam, 15 ans.

Pourtant, ces conditions d’utilisation contiennent bon nombre d’informations concernant la protection des données et les droits des utilisateurs quant aux photos qu’ils postent.

Le cabinet d’avocat Schillings s’est prêté à l’exercice de vulgariser les conditions d’utilisation du réseau, et les a simplifiées en 24 points explicites. Entre autres, on retrouve les informations suivantes :

  • Officiellement, vous possédez toutes les photos et vidéos que vous prenez et poster, mais nous pouvons les utiliser, et nous permettons à d’autres de les utiliser également, partout dans le monde. Si d’autres gens nous payent pour les utiliser, vous ne serez pas payés de votre côté.
  • Nous pouvons gardez, utiliser et partager vos informations personnelles avec des entreprises liées à Instagram, comme votre nom, votre adresse e-mail, l’école où vous allez, votre adresse, vos photos, votre numéro de téléphone, vos « likes » et « dislikes », les lieux où vous allez, qui sont vos amis, comment vous utilisez Instagram, et d’autres informations que nous pourrions trouver comme votre anniversaire où avec qui vous discutez, y compris par messages privés (MP ou DM).
  • Nous pouvons vous forcer à abandonner votre nom d’utilisateur pour quelque raison que ce soit.

Sans fioritures, c'est tout de suite plus parlant pour les enfants. La même utilisatrice qui se plaignait du non-sens des phrases admet qu’elle utiliserait beaucoup moins les messages privés si elle avait su qu’Instagram pouvait les lire. Et celui qui souffrait du temps de lecture est plus radical : « je supprime Instagram, c’est trop bizarre ».

L’exercice met en avant l’écart flagrant qui peut exister entre les pratiques des réseaux et celles des utilisateurs. Si l’association entend bien alerter les gouvernements et l’Union Européenne sur ce problème majeur, la route est encore longue avant que les géants de la tech ne pensent à l’éthique et au bien-être de leurs utilisateurs.

Et ça, même les enfants sont capables de le comprendre :

Ils doivent savoir que personne ne lit leurs conditions d’utilisation. Mais s’ils les rendaient compréhensibles, les utilisateurs les liraient pour de vrai, et y penseraient à deux fois avant d’installer une application.

Amy, 13 ans

Rassurant…

Instagram rules

 

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.
premium2
commentaires

Participer à la conversation

Laisser un commentaire