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JANVIER 2017
MMOIRE
PROJET DE LOI 115
LOI VISANT LUTTER CONTRE LA MALTRAITANCE ENVERS LES ANS
ET AUTRE PERSONNE MAJEURE
EN SITUATION DE VULNRABILIT
Le Conseil dadministration de lOTSTCFQ tient remercier le personnel professionnel
de la permanence pour son prcieux concours.
Les orientations gnrales de ce mmoire ont t adoptes en sance spciale
par le Conseil dadministration de lOTSTCFQ le 16 dcembre 2016.
CONTENU ET RECHERCHE
Anouk BOISLARD, agente de communications
Genevive CLOUTIER, T.S., courtire de connaissances
Myriam DELISLE, stagiaire en droit
Alain HBERT, T.S., charg daffaires professionnelles
Guylaine OUIMETTE, T.S., prsidente
Marielle PAUZ, T.S., directrice, dveloppement professionnel
Sylvio RIOUX, T.S., directeur gnral et secrtaire
Marie-Lyne ROC, T.S., charge daffaires professionnelles
Richard SILVER, avocat, T.S., conseiller juridique
Luc TROTTIER, directeur, communications
RDACTION, RVISION ET MISE EN PAGE
Direction des communications
Office des professions du Qubec. Sommaire du Plan daction stratgique 2015 2019.
OMS (2009). Combler le foss en une gnration, Rapport de la Commission sur les dterminants sociaux de la sant.
Harper, Elizabeth, Dorvil, Henri (dir.) (2013). Le travail social. Thories, mthodologies et pratiques, Presses de
lUniversit du Qubec, 436 p.
Toutefois, nous souhaitons attirer lattention du lgislateur sur les risques, pour les
personnes concernes, que pourraient gnrer les modifications au Code des professions et
certaines lois relatives la protection des renseignements personnels, particulirement en
matire de secret professionnel et de confidentialit, modifications qui pourraient porter
ombrage au droit lautodtermination de la personne et au lien de confiance.
LA MALTRAITANCE ET LA BIENTRAITANCE;
Lors dun point de presse, en octobre dernier, la ministre titulaire de ce projet de loi
affirmait que :
La maltraitance est un phnomne dont il faut constamment se proccuper. Bien que des
actions importantes aient t dployes au cours des dernires annes, des situations de la
maltraitance sont malheureusement encore rpertories.
Du mme souffle, la ministre Francine Charbonneau, prcisait quil existe sept formes de
maltraitance : la maltraitance physique, psychologique, sexuelle, matrielle ou financire,
organisationnelle, la violation des droits de la personne et lgisme. notre avis, et selon
lexprience clinique de nos membres, nous croyons que la maltraitance matrielle et financire
compte parmi les plus frquentes.
Du point de vue de lOrdre, il est essentiel ici dajouter la dimension sociale , laquelle
est au cur de la finalit du bien-tre, elle-mme fondamentale dans une perspective de
bientraitance.
Loi visant lutter contre la maltraitance envers les ans et toute autre personne majeure en situation de
vulnrabilit, chapitre 1, article 2.2.
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Adaptation par lOrdre de la dfinition de la bientraitance propose dans un document de travail produit par Jacky
Rioux, conseiller, Secrtariat aux ans, ministre de la Famille, septembre 2016.
RECOMMANDATION 1
LOrdre recommande que ltat dveloppe et mette en uvre un plan visant
sensibiliser le grand public ainsi que lensemble des gestionnaires, professionnels, intervenants
et proches aidants au phnomne de maltraitance envers les personnes majeures vulnrables
et promouvoir des comportements et des mesures favorisant la bientraitance.
De plus, il serait important que les milieux denseignement incluent les notions de
maltraitance et de bientraitance dans les formations offertes aux tudiants du domaine de la
sant mentale et des relations humaines des cgeps et des universits. Des formations similaires
devraient galement tre offertes au personnel qui uvre auprs des personnes anes, ainsi
quun processus permettant de mesurer les acquis et le maintien de bonnes pratiques.
RECOMMANDATION 2
LOrdre recommande ltat de faire le ncessaire pour que les concepts de
maltraitance et de bientraitance soient inclus dans les programmes de formation offerts aux
tudiants du domaine de la sant mentale et des relations humaines des cgeps et des
universits ainsi quauprs du personnel qui uvre auprs des personnes aines.
Bien que le principe soit noble, force est de constater quil rvle une ralit
proccupante sur ltat de nos ressources dhbergement au Qubec. Comme socit, nous
devons rflchir sur les raisons qui expliquent lincapacit actuelle des gestionnaires des centres
dhbergement pour personnes ges du rseau dassurer la scurit et la bientraitance des
personnes qui leur sont confies. Nous ressentons un certain malaise constater que ltat doive
lgifrer pour contraindre les tablissements, dont cest pourtant le mandat et la responsabilit,
de prendre soin adquatement de ces personnes.
En ce sens, nous partageons la lecture que font plusieurs autres organisations selon
laquelle les dcisions conomiques et politiques des dernires dcennies constituent autant de
facteurs aggravants. notre avis, la restructuration du rseau de la sant et des services sociaux,
leffritement des services publics, les coupes budgtaires, la rduction du personnel et la
dtrioration des conditions de pratique des professionnels et intervenants expliquent en partie
ltat actuel des ressources publiques dhbergement et leur capacit jouer efficacement leur
rle. La vrificatrice gnrale, en 20127, et le Commissaire la sant et au bien-tre, en 20168,
Vrificateur gnral du Qubec (2012). Rapport du vrificateur gnral du Qubec pour lanne 2012-13, vrification
de loptimisation des ressources personnes ges en perte dautonomie Services dhbergement chapitre 4,
Qubec, Vrificateur gnral du Qubec.
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Commissaire la sant et au bien-tre (2016). Entendre la voix citoyenne pour amliorer loffre de soins et services.
Rapport dapprciation thmatique de la performance du systme de sant et de services sociaux. Un tat des lieux.
Qubec : gouvernement du Qubec.
ont signifi tour tour au gouvernement le dcalage important entre les politiques adoptes et
leur mise en uvre, sur le terrain.
Dautre part, le lgislateur doit sassurer que les commissaires locaux aux plaintes et la
qualit des services disposeront des ressources et de lindpendance ncessaires pour exercer
efficacement ce nouveau rle, particulirement dans un contexte o ceux-ci sont de moins en
moins nombreux au sein des CIUSSS et des CISSS. De plus, le projet de loi ne prcise pas qui aura
la tche deffectuer les suivis ncessaires pour sassurer que les personnes anes, leurs
reprsentants lgaux ou les membres de leur famille qui dposent des plaintes ne subissent pas
de reprsailles la suite dune dnonciation. Il sagit pourtant dun lment fondamental qui
influence la dcision de ces personnes de porter plainte ou non.
RECOMMANDATION 3
LOrdre demande ltat de sassurer que les commissaires locaux aux plaintes et la
qualit des services disposent des ressources ncessaires pour exercer efficacement le rle que
leur attribue le projet de loi 115.
RECOMMANDATION 4
LOrdre demande ltat de faire en sorte que les commissaires locaux aux plaintes et
la qualit des services, ou toutes autres personnes dsignes, soient responsables dassurer
les suivis ncessaires afin que les personnes anes, leurs reprsentants lgaux ou les membres
de leur famille ne subissent pas de reprsailles la suite dune dnonciation.
la lumire de certaines situations rapportes loccasion par les mdias, il faut se rjouir
du fait que le projet de loi 115 interdise formellement les poursuites en justice pour une
personne qui fait un signalement de bonne foi . De mme, le personnel qui dnonce une
situation sera labri de rtrogradation ou de suspension. Enfin, lidentit du dnonciateur
sera galement protge.
RECOMMANDATION 5
LOrdre appuie les dispositions du projet de loi 115 interdisant les poursuites en justice
pour les personnes qui effectuent un signalement de bonne foi, les dispositions faisant en sorte
que les membres du personnel qui dnoncent des situations de maltraitance soient labri de
rtrogradation ou de suspension ainsi que celles qui protgent lidentit du dnonciateur.
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LE PROCESSUS DINTERVENTION
ET LES ENTENTES INTERSECTORIELLES
Le projet de loi 115 confie la ministre responsable des Ans et la Lutte contre
lintimidation le mandat de coordonner la mise en place dun processus dintervention concernant
la maltraitance envers les ans, notamment par la conclusion dune entente entre
ltablissement, le directeur des poursuites criminelles et pnales, les corps de police locaux, la
Suret du Qubec et toute autre personne juge utile . Sur ce point, lOrdre appuie et adhre
toute dmarche visant la mise en commun des comptences de tous les professionnels et
intervenants impliqus auprs des personnes anes en situation potentielle de maltraitance.
RECOMMANDATION 6
LOrdre appuie et adhre toute dmarche visant la mise en commun des comptences
de tous les professionnels et intervenants impliqus auprs des personnes anes en situation
potentielle de maltraitance.
De plus, dans les faits, de telles ententes existent dj, sous forme de projets pilotes dans
quatre rgions du Qubec. Ces ententes, comme les interventions de concertation
intersectorielles ralises dans plusieurs communauts locales, sont notamment supportes par
le Guide de rfrence pour contrer la maltraitance envers les personnes anes. Ce Guide, fruit de
plusieurs annes de travail et riche de nombreuses contributions, constitue un rfrent prcieux
pour agir en prvention ou en contexte de maltraitance9. Nous ne pouvons qutre en accord avec
ce type dinitiatives qui sinscrit dans une perspective de dveloppement social des
communauts, reconnaissant ainsi une responsabilit collective pour contrer la maltraitance.
Conformment aux bonnes pratiques dintervention sociale fondes sur les principes de
respect, de droit et dautodtermination des personnes, le Guide de rfrence fait valoir
limportance dobtenir le consentement dune personne apte le fournir pour en valuer la
situation et lui proposer des interventions ou lui fournir des services10. Une telle orientation
demeure fondamentale pour les travailleurs sociaux, mme en contexte de maltraitance, et plus
10
Voir par exemple cet gard : Simard, Robert avec la collaboration de Roxane Leboeuf (2014). Rles et enjeux lis
lintervention auprs des personnes anes victimes dexploitation financire , dans Crte, Raymonde, Tchotourian,
Ivan et Marie Beaulieu (sous la direction de). (2014). Lexploitation financire des personnes anes : prvention,
rsolution et sanction, ditions Yvon Blais, p. 477 488.
11
Il arrive que les travailleurs sociaux se retrouvent face un dilemme thique srieux
lorsque les personnes anes vulnrables et victimes de maltraitance, ne les autorisent pas
divulguer de linformation un tiers au sujet de leur situation. Le dilemme est le suivant :
respecter la volont de la personne ou lever le secret professionnel? Dans de tels contextes, les
travailleurs sociaux doivent effectuer une valuation rigoureuse de la situation et prendre en
considration lensemble des consquences possibles de leur dcision afin qu terme la
dnonciation nentrane pas de consquences plus aggravantes, pour la personne, que la situation
initiale. Notons que le travailleur social sexpose aussi, lui-mme, des consquences
potentielles. Ainsi, nous croyons que le lgislateur doit faire preuve dune grande prudence avant
de permettre la dnonciation de situations de maltraitance potentielle envers des personnes
anes vulnrables sans le consentement de la personne concerne.
RECOMMANDATION 7
LOrdre recommande au lgislateur de faire preuve dune grande prudence avant de
permettre la dnonciation de situations de maltraitance potentielle envers des personnes
anes vulnrables sans le consentement de la personne concerne.
12
LA CONFIDENTIALIT
La confidentialit constitue un principe fondamental protg par la Charte des droits et
liberts de la personne11, le Code civil du Qubec12 ainsi que diverses autres lois. Chez les
professionnels du domaine de la sant mentale et des relations humaines, la confidentialit est
balise et assure notamment par le code de dontologie, le secret professionnel ainsi que par le
jugement professionnel.
LE SECRET PROFESSIONNEL
Le secret professionnel sapplique aux professionnels qui dispensent des services des
personnes. Son objet est dassurer la protection du client et non celle du professionnel. Ainsi, le
professionnel doit respecter le secret de tout renseignement de nature confidentielle qui vient
sa connaissance dans lexercice de sa profession. Il ne peut tre relev de son obligation au secret
professionnel que si son client y renonce, cette renonciation expresse ou tacite, mais toujours
claire et volontaire; ou si la loi lordonne ou le lui permet.
11
12
Code civil du Qubec, L.Q., 1991, c. 64, art. 35-41; Dispositions sur le respect de la rputation et de la vie prive.
13
Turmel, 2012.
13
14
En ce qui concerne spcifiquement les personnes anes, une autre auteure identifie un
enjeu primordial :
Il existe des similarits entre le juridique et le psychologique qui se situent au niveau
dune volont et des actions en vue de respecter et de faire respecter les droits du majeur
avanc en ge; ces professionnels du juridique et du psychosocial vivent un dilemme
dordre thique lorsquils doivent choisir entre protger le majeur vulnrable (la vie) ou
respecter son autodtermination (la libert) 15 [nos soulignements].
Selon les nouvelles dispositions proposes par le projet de loi 115, un professionnel du
domaine de la sant mentale et des relations humaines pourrait sans obtenir le consentement
libre et clair de son client ou mme contre le gr de celui-ci transmettre des informations
un tiers dans plusieurs situations. En effet, sont vises les situations o la vie nest pas
immdiatement menace, mais qui peuvent nanmoins entraner des torts pour la sant et le
bien-tre de la personne. Par exemple, la violence conjugale, litinrance, la dpendance, etc.
14
Frank BARBARA, Rflexions thiques sur la sauvegarde de lautonomie dans S.F.C.B.Q., vol. 182, Dveloppements
rcents sur les pouvoirs publics et la protection (2003), Cowansville, ditions Yvon Blais, p. 196.
15
Ginette SIMONEAU, Autonomie dcisionnelle des personnes ges selon Mars et Vnus , dans S.F.C.B.Q., vol.
301, Dveloppements rcents sur la protection des personnes vulnrables (2009), Cowansville, ditions
Yvon Blais, p. 14.
15
Mme si le titre du projet de loi englobe toutes les personnes majeures en situation de
vulnrabilit, nous dcodons que les personnes anes victimes de maltraitance matrielle et
financire sont particulirement cibles. notre avis, la majorit de ces cas pourrait tre
solutionne efficacement, entre autres, en mettant en place les moyens ncessaires au
dploiement de meilleures conditions de pratique pour lensemble des professionnels qui ont
intervenir dans ces situations. Nous entendons ici la capacit dexercer pleinement leur jugement
professionnel, de recourir lensemble de leurs comptences et de pouvoir consacrer le temps
ncessaire pour accompagner la personne potentiellement victime de maltraitance. Le
professionnel pourrait ainsi dvelopper un processus lamenant comprendre la situation et
identifier les solutions possibles. De plus, il pourrait galement inviter la personne consentir
la leve du secret professionnel pour dnoncer une situation de maltraitance potentielle lorsquil
est ncessaire de le faire.
RECOMMANDATION 8
LOrdre demande la ministre responsable de sassurer que les professionnels qui
uvrent auprs des personnes anes vulnrables bnficient de conditions de pratique leur
permettant de dployer lensemble de leurs comptences, dexercer pleinement leur jugement
professionnel et du temps ncessaire pour accompagner adquatement les personnes anes
potentiellement victimes de maltraitance dans un processus dintervention menant la
rsolution du problme.
Nous ninsisterons jamais suffisamment sur ce point : il faut se proccuper des risques,
pour la personne concerne, daller lencontre de sa volont sans savoir prcisment quelles en
seront les consquences, particulirement lorsque labuseur est un conjoint, un enfant, une
16
17
LA MALTRAITANCE INSTITUTIONNELLE
Par maltraitance institutionnelle, nous rfrons et adhrons la dfinition que propose
la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes anes :
Toute situation cre ou tolre par une procdure des tablissements et qui
compromet lexercice des droits et des liberts des usagers ou qui leur cr des
prjudices16.
Plusieurs dcisions gouvernementales, depuis les 20 dernires annes, ont des impacts
directs et indirects sur la qualit des soins et services offerts la population en gnral et aux
personnes vulnrables en particulier. Par voix de consquences, certains facteurs lis la
maltraitance sont lis au fonctionnement des tablissements dhbergement des personnes
anes. Il en rsulte un gouffre entre la notion de milieu de vie17, adopte par le ministre de la
Sant et des Services sociaux, et la ralit vcue tant par les rsidents que par le personnel
soignant. Nommons ici certains de ces facteurs : restructuration en profondeur du rseau,
manque de personnel en gnral et de personnel qualifi en particulier, organisation du travail
qui rend difficile souvent impossible la dispensation des soins de base pourtant
ncessaires, etc. Pourtant, dans le document Un milieu de vie de qualit pour les personnes
hberges en CHSLD18, le premier principe directeur indique clairement :
Les caractristiques, les besoins et les attentes des rsidents constituent le fondement
de toute dcision en matire dorganisation, dintervention et damnagement.
Autre lment important en lien avec lapproche milieu de vie, selon la Chaire de
recherche sur la maltraitance envers les personnes anes :
En plus de faire la promotion de la bientraitance et de la qualit des soins est des
services, cette approche [milieu de vie] est considre comme tant une pratique efficace
pour contrer la maltraitance19.
16
SPVM et Chaire de recherche sur la maltraitance des personnes anes (2016), Fiche synthse et statistiques. Lutte
contre la maltraitance envers les ans.
17
Ministre de la Sant et des Services sociaux du Qubec (2003). Un milieu de vie de qualit pour les personnes
hberges en CHSLD. Orientations ministrielles.
18
Ministre de la Sant et des Services sociaux du Qubec (2003). Un milieu de vie de qualit pour les personnes
hberges en CHSLD. Orientations ministrielles, p. 3.
19
18
Toutefois, le Protecteur du citoyen rappelle que la mise en place dun milieu de vie de
qualit ncessite que les quipes de gestion responsables manifestent du leadership afin de
prioriser la rponse aux besoins et attentes des rsidents20 .
RECOMMANDATION 9
LOrdre recommande la ministre responsable de sensibiliser les ministres concerns
au phnomne de la maltraitance institutionnelle afin que des mesures adquates soient
adoptes et mises en uvre pour contrer ce phnomne.
20
19
20
ENCADRER LUTILISATION
DES CAMRAS DE SURVEILLANCE
Le projet de loi 115 modifie larticle 505 de la Loi sur les services de sant et les services
sociaux en ajoutant la disposition permettant de :
dterminer les modalits dutilisation des mcanismes de surveillance, tels des camras
ou tout autre moyen technologique, dans les installations maintenues par un
tablissement, dans les ressources intermdiaires ou les ressources de type familial, dans
les rsidences prives pour ans ou dans tout autre lieu en lien avec la prestation de
services de sant et de services sociaux quil dtermine .
LOrdre ayant dj contribu des changes initis par le MSSS sur lencadrement de
lutilisation de camras et autres moyens technologiques aux fins de surveillance dans les CHSLD,
nous prsentons ici trois proccupations que nous avons dj souleves cet effet.
de la personne hberge et de sa dignit. En effet, mme si la personne est dclare inapte, tout
doit tre mis en uvre pour obtenir quand mme son consentement en fonction de lautonomie
dcisionnelle quelle dtient.
Une attention particulire doit galement tre porte aux personnes hberges qui
peuvent tre, dans les faits, inaptes, qui nont pas de reprsentant lgal, mais qui peuvent
compter sur des proches pour assurer une certaine reprsentation. Quels rles pourront jouer
ces personnes dans le processus dcisionnel li linstallation de camras de surveillance?
lment important, ltablissement doit prendre toutes les dispositions ncessaires pour
viter que les rsidents qui ont recours aux camras de surveillance ne soient victimes
dintimidation ou de reprsailles.
RECOMMANDATION 10
LOrdre recommande la ministre responsable de voir ce que les tablissements
prennent toutes les dispositions ncessaires pour viter que les rsidents qui ont recours aux
camras de surveillance ne soient victimes dintimidation ou de reprsailles.
DES MESURES ALTERNATIVES POUR AGIR EN AMONT
La dcision dinstaller une camra dans la chambre dune personne hberge est
gnralement motive par le besoin de protger cette personne dans un contexte o il y a une
perte de confiance. Entre la pose dune camra et la situation qui la motive, une panoplie
dinterventions sont possibles et devraient tre mises en uvre pour pallier les inquitudes de la
personne et de ses proches. Incidemment, plusieurs questions ont t souleves par le Comit
national dthique sur le vieillissement :
Est-il normal quon ne prenne pas ou quon nait pas le temps dchanger avec les
familles sur les conditions associes une maladie ou la perte dautonomie, sur les
risques associs aux pertes progressives et sur les choix dinterventions qui seront faire?
Est-il normal quon ne puisse pas changer avec les familles sur leurs inquitudes et sur
les fondements de celles-ci, sans passer par un lourd processus administratif et avant
quune situation ne devienne conflictuelle?21
21
Comit national dthique sur le vieillissement, Avis No 1, Aspects thiques de lutilisation de camras vido dans les
milieux de vie des ans, Qubec, 2015, p. 82.
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RECOMMANDATION 11
LOrdre souhaite que la ministre responsable sassure que les politiques de lutte contre
la maltraitance comportent un volet ducation et sensibilisation lendroit du personnel
des tablissements concerns, des familles et des proches afin quil soit clairement tabli que
le respect de ces personnes doit tre une proccupation partage par tous, en tout temps et en
toutes circonstances.
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EN CONCLUSION
Pour toutes les raisons voques pralablement, nous ritrons notre adhsion la
volont de ltat dagir afin de contrer la maltraitance envers les personnes anes vulnrables et
autres personnes majeures en situation de vulnrabilit. la suite des appels la prudence
exprims concernant les dispositions relatives la leve du secret professionnel proposes par le
projet de loi, nous invitons le lgislateur sil devait choisir daller de lavant en ce sens, tre
plus spcifique et mieux circonscrire les situations de maltraitance vises par la divulgation et y
maintenir son caractre discrtionnaire.
RECOMMANDATION 12
Tout en affirmant la primaut du principe de lautodtermination des personnes et
limportance du lien de confiance entre le professionnel et la personne ane vulnrable, lOrdre
invite le lgislateur tre plus spcifique et mieux circonscrire les situations de maltraitance
vises par la divulgation et y maintenir son caractre discrtionnaire. Ce faisant, lOrdre prne
nanmoins le recours des mesures plus souples et moins lourdes de consquences et faisant
appel, notamment, la mise en place de conditions de pratique permettant aux professionnels
de dployer lensemble de leurs comptences.
Toutefois, mme dans une telle approche restrictive, nous croyons toujours que de
bonnes conditions de pratique, qui permettent la pleine expression du jugement professionnel,
sont en mesure de dsamorcer la majorit des situations. Dans tous les cas, il faut garder lesprit
le srieux et les consquences potentiellement graves de la leve du secret professionnel et de la
dnonciation. Nous nous appuyons sur notre mandat de protection du public pour tayer cette
mise en garde et pour insister sur limportance de prserver le droit lautodtermination des
personnes.
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RECOMMANDATION 9
LOrdre souhaite que la ministre responsable soit en mesure de sensibiliser les ministres
concerns par la maltraitance institutionnelle afin que des mesures adquates soient adoptes et
mises en uvre pour contrer ce phnomne.
RECOMMANDATION 10
LOrdre souhaite que les tablissements prennent toutes les dispositions ncessaires pour viter
que les rsidents qui ont recours aux camras de surveillance ne soient victimes dintimidation ou
de reprsailles.
RECOMMANDATION 11
LOrdre souhaite que les politiques de lutte contre la maltraitance comportent un volet
ducation et sensibilisation lendroit du personnel des tablissements concerns, des
familles et des proches afin quil soit clairement tabli que le respect de ces personnes doit tre
une proccupation partage par tous, en tout temps et en toutes circonstances.
RECOMMANDATION 12
Tout en affirmant la primaut du principe de lautodtermination des personnes et limportance
du lien de confiance entre le professionnel et la personne ane vulnrable, lOrdre invite le
lgislateur tre plus spcifique et mieux circonscrire les situations de maltraitance vises par
la divulgation et y maintenir son caractre discrtionnaire. Ce faisant, lOrdre prne nanmoins
le recours des mesures plus souples et moins lourdes de consquences et faisant appel,
notamment, la mise en place de conditions de pratique permettant aux professionnels de
dployer lensemble de leurs comptences.
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