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La French Tech se met à l'heure africaine

De plus en plus de start-up font de l'Afrique leur priorité, se développant des deux côtés de la Méditerranée.L'intensification des relations entre la France et l'Afrique pourrait passer par la constitution de hubs.

Les fondateurs de Money to Goods (debout), et leur équipe. Moods, le service proposé par la start-up, permet d'envoyer de l'argent à l'étranger qui pourra être dépensé chez un commer�çant partenaire.
Les fondateurs de Money to Goods (debout), et leur équipe. Moods, le service proposé par la start-up, permet d'envoyer de l'argent à l'étranger qui pourra être dépensé chez un commerçant partenaire. (Photo Moods)
Publié le 16 juin 2016 à 03:00

A défaut d'un grand sommet sur l'Afrique numérique, prévu à Paris ce mois-ci puis annulé, Axelle Lemaire a tenu à saluer de sa présence la première conférence du hub parisien Afrobytes (voir ci-contre), organisée la semaine dernière dans le cadre de Futur en Seine. « Le numérique est l'avenir de l'Afrique, et l'Afrique est l'avenir du numérique », a expliqué la secrétaire d'Etat au numérique, soulignant que « la France [avait] un rôle à jouer dans cette évolution ». Et d'appeler de ses vœux la constitution de nouveaux « French Tech hubs », après ceux déjà constitués à Abidjan et Le Cap.

Nouvelle vague

Car, si des ponts commencent à être jetés entre la French Tech et le continent africain, si prometteur sur le plan des nouvelles technologies et du mobile notamment, celui-ci n'échappe pas aux services populaires développés par les géants américains et chinois. La première génération de la French Tech n'avait pas fait de l'Afrique sa priorité, mais une nouvelle vague de start-up émerge, qui n'hésite plus à proposer des services sur mesure pour la diaspora, pour les Africains, et même à s'implanter localement, pensant leur projet d'emblée des deux côtés de la Méditerranée.

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C'est le cas notamment d'Afrostream. Le « Netflix » des contenus afro, créé il y a deux ans et passé par le célèbre accélérateur californien Y Combinator, a notamment séduit Orange, devenu actionnaire de la start-up, et rendu son service disponible en Côte d'Ivoire et au Sénégal, après la France. Même investisseur chez Afrimarket, un service de transfert d'argent vers l'Afrique, convertible sur place en biens, et qui a récemment développé sa propre plate-forme d'e-commerce. Et un ancien étudiant de Polytechnique, Ted Boulou, a lancé au Sénégal Somtou, un appareil connecté destiné à la gestion des petits commerces. « Il y a des choses à développer entre la French Tech et l'Afrique, notamment au niveau du hardware, l'une des forces de la France mais qui se heurte encore à des freins en Afrique », explique-t-il.

Le filon du transfert d'argent

Ces derniers mois, les projets se sont encore multipliés. Sur un segment proche de celui d'Afrimarket, Money to Goods vise d'abord le Sénégal. La start-up a été créée par Arslan Touba, ancien consultant télécoms, et Stéphane Poutcheu, ingénieur commercial passé par plusieurs grands groupes. Son service, Moods, permet d'envoyer, par exemple, 20 euros à une personne vivant au Sénégal. Celle-ci peut alors dépenser intégralement ces 20 euros chez un commerçant partenaire, chez qui Money to Goods prélève une commission. « Les commissions sur les transferts d'argent sont deux fois plus élevées en Afrique qu'ailleurs, elles tournent autour de 10 %, soit environ 4 milliards de dollars qui s'envolent en fumée tous les ans, affirme Arslan Touba. Nous avons créé un système qui permet à chacun d'envoyer de l'argent gratuitement. Et nous apportons des revenus supplémentaires aux commerçants locaux. » La start-up a aussi embauché une douzaine de commerciaux pour aller démarcher les commerçants, la solution s'adaptant aux grands supermarchés - elle a convaincu le groupe Casino - comme aux épiceries de quartier - une centaine pour l'instant. Et, après le Sénégal, elle souhaite s'étendre à toute l'Afrique de l'Ouest.

Autre projet prometteur : Afrikwity. Prenant le modèle des plates-formes de financement participatif, la start-up a conçu un service ouvert aux projets sur l'ensemble du continent. Et, comme Anaxago, Wiseed ou SmartAngels en France, elle se concentre sur l'equity, les utilisateurs finançant les start-up contre une participation à leur capital. Soutenu par l'Agence française de développement et fondé par trois jeunes entrepreneurs d'origine tunisienne, Afrikwity se focalise pour le moment sur la Tunisie, mais vise à terme l'ensemble du continent.­ « Il y a un vrai problème de financement des PME en Afrique, explique Amina Nasri, cofondatrice d'Afrikwity. Et, dans le même temps, la diaspora a envie de s'investir, de sentir que son argent peut être actif. Nous répondons à ces deux problèmes. »

Des problématiques universelles

Mais cette nouvelle vague ne cherche pas à répondre qu'à des problèmes africains. Social Wall Me, par exemple, est une jeune pousse qui analyse les données des réseaux sociaux pour les mettre en forme sur un écran ou un site et ainsi transmettre, entre autres, une sélection de tweets en direct. Si ses clients sont essentiellement français (le Midem, Solidays, etc.), il cherche à se développer aux Etats-Unis et en Afrique. « Nous étendre sur le continent, cela pourrait contribuer à démocratiser l'usage des réseaux sociaux », affirme Khadim Lo, directeur commercial de la start-up.

Nicolas Rauline

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