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La vie en colocation, du « havre de paix » à la « guerre nucléaire »

Le mode de logement progresse parmi les jeunes. Des étudiants qui l’ont expérimenté témoignent et conseillent ceux qui se lancent cette année.

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Publié le 08 septembre 2016 à 18h32, modifié le 08 septembre 2016 à 19h22

Temps de Lecture 4 min.

Nombreux sont les étudiants qui ont quitté la tranquillité du foyer familial pour poursuivre leurs études.

Avec quatre candidats pour chaque chambre en colocation, ce mode de vie fait de plus en plus d’adeptes, selon le dernier baromètre du secteur. Plébiscité par les étudiants, le système séduit aussi de plus en plus de jeunes actifs. Mais lorsqu’on partage un lieu de vie, on partage aussi bien davantage : des règles d’hygiène, un réfrigérateur, du temps passé en commun… Et le douillet cocon peut vite se métamorphoser en antichambre de l’enfer. Colocataires actuels ou anciens ont livré, sur Le Monde.fr, leurs expériences et leurs conseils. Comment bien réussir ses années coloc, mode d’emploi.

« Ma coloc, c’est une oasis de douceur dans un désert urbain », décrit poétiquement Robin. Comme lui, nombreux sont les étudiants qui ont quitté la tranquillité du foyer familial pour poursuivre leurs études. Ils ont laissé à des centaines de kilomètres une ambiance provinciale pour affronter la rudesse d’une mégapole, « le tumulte du métro, l’impression d’être prisonnier de millions de tonnes de béton, un environnement anxiogène ». Ne pas être seul, partager ce saut dans une nouvelle vie, c’est créer un « havre de paix où l’on se sent bien ».

Vivre ensemble, même avec des gens qu’a priori, du moins au début, on ne connaît pas, c’est l’antidote à la solitude. « Quand l’éloignement se fait ressentir et que la mélancolie pointe le bout de son nez, la vie en communauté est une véritable bouée », raconte Pierrick. Le bon colocataire est grégaire. Au moindre spleen, « l’autre est là pour partager un moment de peine. On se remonte le moral mutuellement ». La coloc « c’est être toujours entouré, résume Claire. C’est ce qui est vraiment top ! »

Deux écoles pour la colocation durable

Mais la coloc, ce n’est pas seulement prendre un verre ensemble sur le canapé et échanger sur ses tracas du quotidien. C’est aussi partager une chaîne hi-fi, un abonnement Internet, une cuisine, un réfrigérateur, une salle de bains, des toilettes… Et là, ça se complique.

Parmi les témoignages reçus, deux écoles de la gestion de la colocation se distinguent : la première regroupe les adeptes d’une réglementation décidée en amont et respectée à la lettre. Clara, 19 ans, en classe préparatoire, et sa colocataire se sont mises d’accord dès le début « pour éviter des frictions » : les repas sont pris ensemble, le ménage des parties communes prévu et réalisé à deux, les invitations de personnes extérieures sont autorisées avec l’accord du coloc et seulement lors des semaines où il n’y a pas une trop « grande charge de travail ».

Barbara conseille « un planning ménage et vaisselle », celle-ci s’avérant sinon un sujet de tension récurrent pour la plupart des colocataires. « Une casserole sale qui traîne dans l’évier peut très vite se transformer en guerre nucléaire », témoigne ainsi Robin. Les travaux d’intérêt général doivent être identifiés et préalablement affectés à l’ensemble de la communauté avec l’assentiment de chacun.

La seconde école de coloc est celle de la tolérance. « Il faut être ouvert d’esprit et accepter le mode de vie d’autrui », dédramatise Guillaume. « Mettre son ego de côté et accepter des habitudes différentes », abonde Robin. Claire, élève ingénieure à Montpellier, fait aussi partie des partisans de la souplesse plutôt que du règlement strict : « Chez nous, il n’y a pas de tours de ménage, les courses sont communes et nous sommes libres d’accueillir amis ou famille. »

Une école de patience

Supporter les « caractères, manies, tocs de chacun ce n’est pas simple tous les jours », admet Louise. Son mode de fonctionnement : la « conciliation, les compromis, l’adaptation. » Comme dans un couple, finalement. « La dispute ne règle rien, poursuit Etienne. La coloc demande un gros travail sur soi-même. Il faut apprendre à devenir tolérant. »

Toutefois, les colocations implosent régulièrement. Sylvain, étudiant en sociologie à Angers, a rapidement déchanté après avoir été emballé par la bonne ambiance d’une « coloc de copains ». Après quelques semaines, les difficultés pointent : « L’évier toujours très sale, les poils dans la douche, le sol qui colle le jour d’après une fête et les dix jours qui suivent. Des fiestas régulières et des personnes que je retrouve dans mon lit après un week-end… » La coupe est pleine.

Idem dans la coloc de filles d’Alix. Pointée du doigt, la propreté encore : « Tout le monde n’a pas la même notion de l’hygiène. » Autre motif d’énervement, des nuisances sonores qui ont fait imploser le groupe de copines : « Les murs fins ne permettaient pas d’avoir une intimité, surtout quand nous recevions nos copains respectifs, précise-t-elle. Une colocataire est partie du jour au lendemain en se plaignant que nous faisions trop de bruit. »

Etablir des règles, faire preuve de patience donc. Mais également prendre le temps de se connaître « avant de s’engager », conseille Anne, parisienne. Il est indispensable de se faire « une bonne idée de la personnalité de ses colocs », appuie Jeanne. Ne surtout pas se précipiter vers la première place qui s’offre, mais mettre sur la table rythme de vie, charge de travail, répartition des frais, règles de vie commune que chacun est prêt à partager… ou pas.

La coloc, c’est un enrichissement personnel, défend Frédéric, routier de la colocation. « Ce fut un apprentissage. Je me suis nourri de chacun de mes colocataires en termes de culture, de politique, de techniques. C’est l’occasion d’apprendre à gérer un budget, des conflits, à dialoguer, élargir son cercle social. La colocation a fait de moi un adulte ouvert. »

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