Du choc à la complicité générationnelle : les jeunes au travail changent la donne !

Du choc à la complicité générationnelle : les jeunes au travail changent la donne !

Lorsque j’ai entamé ma carrière — j’appartiens à la génération X — nous étions très intimidés par les Anciens. Nous sommes en 1987 lorsque l’on m’attribue mon premier territoire de ventes. Autour de moi, l’excellence est palpable. Les commerciaux sont chevronnés, pétris d’expériences et semblent posséder un sens inné de la relation. Les rendez-vous clientèle sont préparés comme s’il s’agissait de dérouler une histoire, un « story-telling » avant l’heure. D’eux, j’ai appris les bases du métier et en retour, je n’avais au départ à apporter que mon énergie et mon enthousiasme.

La confiance est une marque qui change tout

Aujourd’hui encore, j’essaie d’appliquer cette pratique managériale dans tout ce que je fais à la tête de Hewlett Packard Enterprise France. Faire confiance aux jeunes, leur donner des missions importantes et stratégiques, prendre à mon tour des risques en les exposant à des challenges auxquels ils n’ont pas toujours été préparés, pour qu’ils puissent apprendre, se dépasser, aller au-delà de leurs propres limites — comme des sportifs de haut niveau — et démontrer — d’abord à eux-mêmes — qu’ils sont capables du meilleur et de réalisations insoupçonnées.

Très tôt, alors que j’étais encore dans la vingtaine, le directeur de l’agence commerciale — où j’avais débuté — m’avait tout simplement fait confiance. C’est une marque qui change tout. En me l’octroyant — alors que je n’avais rien démontré ou si peu — il se mettait en danger. Je compris plus tard que c’est justement cette prise de risque qui permet de réaliser les plus grandes avancées. Pour moi — qui en étais le bénéficiaire — c’était la preuve indiscutable que l’on voulait parier sur mon potentiel. Je me sentais propulsé, ne souhaitant qu’une chose, lui démontrer qu’il ne s’était pas trompé sur mon compte.

Quatre générations sont actuellement actives dans l’entreprise, une cinquième arrivant sous peu, la « Z ». A l’inverse de la génération X qui est composée de « mutants » vers le monde digital — tout ou presque devant être réappris — la « Z » est elle née avec les réseaux sociaux, les applications mobiles et les communications vidéo. Le digital est pour elle plus qu’un ensemble d’outils, elle est une langue, une culture, une façon d’être.

Cette complicité générationnelle va être l’un des facteurs du renouveau économique, social et sociétal

Depuis toujours, je fais donc le pari de pousser les jeunes à prendre plus de responsabilités dans l’entreprise. Je m’appuie pour cela sur la conviction que nous sommes passés en peu de temps d’une peur — on pressentait un choc entre générations du fait de la révolution digitale — à une opportunité — une forme de complicité générationnelle. Pourquoi ?

  • D’abord parce que la transmission est aujourd’hui bi-directionnelle. Avant, les « Anciens » transmettaient aux jeunes tout ce qu’ils savaient. C’était dans l’ordre des choses. Aujourd’hui, tout ce que l’on sait se périme le temps de le dire. La transmission s’est en quelque sorte faite « disrupter » ! Le progrès technologique est trop rapide et la connaissance accessible à tous. Reste que les « Anciens » peuvent toujours transmettre leur « savoir-faire », leurs compétences relationnelles et leurs acquis émotionnels. Ces éléments ne se trouvent nulle part dans internet ! En contrepartie, ils apprennent aussi des jeunes qui connaissent un nouveau langage qu’eux ne maitrisent que partiellement : le digital. L’apport est donc devenu réciproque et la relation entre les générations plus équilibrée.
  • Ensuite, parce que les jeunes générations bousculent le statu quo et l’ordre établi et permettent la réinvention — avec les anciens — d’une entreprise différente, moins hiérarchique, plus collaborative, plus intuitive, porteuse d’approches différentes, le digital devenant le socle de cette renaissance.
  • Enfin, parce que ces « jeunes » vont permettre aux générations précédentes de retrouver ce qu’elles ont perdu : le sens ! C’est en échangeant avec des étudiants d’HEC Paris que j’ai réalisé que nous avons perdu au fil du temps le sens que nous souhaitons donner à notre existence. Sous la pression du court terme, nous ressentons parfois un manque qui se traduit par une sorte de malaise ambiant. C’est typiquement le cas de nos jours dans l’univers politique. Les jeunes vont permettre de combler ce vide car s’ils ne sont pas si différents de leurs ainés en matière d’aspirations professionnelles, ils le sont davantage en ce qui concerne le sens et l’orientation spirituelle qu’ils souhaitent donner à leur vie. Au-delà de la recherche d’un certain équilibre vie professionnelle – vie privée ou des causes qu’ils entendent servir, ils veulent d’abord et surtout répondre à la question du « pourquoi ».

 J’ai la certitude que cette complicité générationnelle va être l’un des facteurs du renouveau économique, social et sociétal.

Gustave ONDOUNDA

Consultant international-Dirigeant Chercheur-Chercheur Associé chaire API de l'Académie de Management de Paris

7y

L'evolution sera garantie par une alchimie entre l'energie debordante des jeunes et la sagesse , la vision et l'experience des anciens, imaginez le village planetaire sans anciens est une folie douce

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Belle analyse...enfin un regard différent.

francis Masquelier

consultant at motiv'action

7y

Construction generationnelle complicité generationnelle intelligence collectives.En entreprenant sur ces bases nous redonnerons envie et plaisir de travailler

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Vincent Devianne Coach

Senior Executive Coach, Speaker, Leadership Trainer - Distance or Face-to-face Coaching - Coach Supervisor

7y

Merci Gérald Karsenti ! Je partage ces réflexions. Chaque différence de point de vue (générationnel, inné ou acquis) est l'occasion de nourrir la confiance nécessaire à la HQR (Haute Qualité Relationnelle) au sein des équipes et entreprises. Cela demande de lâcher-prise sur sa propre représentation de la collaboration, faire preuve d'altérité et de se mobiliser pour s"appuyer sur les leaderships de chacun. C'est une des clefs de la performance collective. Voir mes posts sur le Leadership sur mon profil. Vincent Devianne

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