Wild it veut donner une note écologique à tous les lieux du monde

Wild it veut donner une note écologique à tous les lieux du monde

« C’est une force de permettre aux utilisateurs d’apporter une pierre à l’édifice », estime Esteban, utilisateur de Wild it, première appli environnementale et sociale qui redonne de l’espoir à ses membres.

Par Chloé Sartena
· Publié le · Mis à jour le
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Le nom de l’application Wild it n’a pas été choisi au hasard. Basé sur le slogan de Nike « Just do it », l’idée est d’inciter à l’action. Celle de préserver la nature.

Damien Cluzel, 30 ans, est le fondateur de l’appli. Ingénieur diplômé de l’école de commerce ESCP Europe, il a travaillé pendant quatre ans en tant que contrôleur financier chez L’Oréal. En 2015, il quitte le groupe pour s’engager dans la protection de l’environnement.

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Le 30 juin 2016, l’appli Wild it est lancée. « En quelques jours, elle enregistre 200 membres venant de plus de 30 pays », indique Damien Cluzel à Rue89. Aujourd’hui, ils sont trois à travailler pour l’appli. Le fondateur est accompagné d’une experte en développement mobile et d’un créatif.

« Vous sentez-vous bien ici ? »

Chaque utilisateur donne son avis sur les lieux qu’il fréquente dans le monde, en répondant à trois questions :

  • personnelle : « Vous sentez-vous bien ici ? »
  • environnementale : « La nature est-elle présente ? »
  • et communautaire : « Le lieu est-il respecté ? »

Pour répondre à ces trois questions, il faut monter ou descendre le curseur vers le + ou le -, puis l’appli vous demande de prendre une photo du lieu. Ces données apparaissent ensuite sur le profil de l’utilisateur. A ce stade, 243 « wilds » (évaluations) ont été enregistrées.

Capture d'cran des questions
Capture d’écran des questions

Les lieux à évaluer sont très précis : au mètre près. Il ne s’agit pas d’évaluer l’ensemble d’un quartier ou d’un parc. Le fondateur de l’appli précise :

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« Un coin de la plage peut très bien être propre quand le reste sera recouvert de déchets. »

L’appli écologique et participative

S’il existe déjà des applis environnementales, l’utilisateur restait jusqu’à présent passif. Avec Wild it, l’utilisateur devient actif car il dresse lui-même un constat sur l’état des lieux qu’il fréquente, à la place des villes, des organisations, ou encore des gouvernements.

Esteban, jeune musicien métalleux de 28 ans diplômé d’un bac+3 dans le domaine de la façade BTP, vit à Paris depuis huit ans. Peu de temps après son arrivée, il a développé diverses allergies, dues à la mauvaise qualité de l’air et à une mauvaise alimentation. Depuis, il se soucie beaucoup plus de son environnement. Il est devenu végétarien. Et il a téléchargé Wild it.

« C’est une force de permettre aux utilisateur d’apporter une pierre à l’édifice. »

Alain Granet, cadre, relève, lui aussi, ce distinguo entre applis environnementales traditionnelles et Wild it.

« Les autres applis environnementales étaient plus basées sur une gestion quotidienne pour améliorer nos capacités à effectuer des gestes écologiques (recyclage et tri par exemple). A titre personnel, j’utilise ces applis, j’ai équipé mes compteurs d’eau avec une application Oplug qui permet de suivre en temps réel sa consommation d’eau. Mais avec Wild it, l’idée de la cartographie collaborative m’a interpellé, et m’a donné envie d’essayer l’appli. »

Base de données environnementale

L’appli sert à répertorier les lieux où il est possible d’améliorer l’impact sur l’environnement. Grâce à la géolocalisation des « wilds », les membres participent à la constitution des toutes premières cartes interactives basées sur le respect de l’environnement.

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Une carte sur fond noir affiche les wilds récents effectués à proximité, une carte sur fond blanc ceux effectués dans le monde.

Capture d'cran des cartes interactives
Capture d’écran des cartes interactives

Esteban voit bien l’intérêt qu’une telle appli peut avoir à terme :

« L’appli peut être un outil vraiment intéressant pour l’urbanisme, ça pourrait servir de base de données pour établir des diagnostics sur la santé environnementale de tel ou tel endroit. »

Alain imagine aussi la suite :

« J’ai le sentiment que l’appli peut vraiment nous permettre de visualiser et donc de juger l’état de notre planète. Elle pourra donc être un bon support pour relayer l’information et les actions qui en découleraient pour tous les acteurs concernés par ce sujet. »

Attention aux lieux privés

Toutes ces données confiées à un acteur privé ? Damien Cluzel répond :

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« Nous n’avons pas vocation à commercialiser nos données, nous voulons les utiliser pour le bien de la communauté, en les rendant accessibles. »

Et qu’adviendra-t-il des lieux privés ? Pourra-t-on connaître l’état d’un terrain en vente ? Damien Cluzel :

« Actuellement, il n’y a pas de restriction dans l’évaluation d’un lieu, nous modérons manuellement les informations (photos principalement) et les membres peuvent nous signaler tout comportement abusif par e-mail. Cependant, dès que nous serons en mesure d’agrandir nos équipes, nous comptons nous appuyer sur l’apprentissage automatique (machine learning) pour détecter ces lieux privés et ainsi les refuser. »

Créer des communautés

Pour l’équipe, la première étape à franchir consiste à accroître le nombre d’utilisateurs pour créer la plus grande carte interactive possible.

Wild it dans l'App Store
Wild it dans l’App Store - Capture d’écran

Une fois cette étape franchie, la deuxième étape consistera à créer des communautés. Damien Cluzel expose ses projets :

« Au moment venu, on créera une version 2 de l’appli, qui connectera les membres entre eux en fonction de leur proximité. Ils pourront décider de réaliser des actions physiques, comme planter un arbre. L’idée serait aussi de se rapprocher des grandes villes. Elles ne voudront pas avoir de mauvaises pub, cela va les inciter à arrêter de mal agir, ou à mieux agir. »

Cette deuxième étape, Esteban a envie d’y croire. Mais il ne peut s’empêcher de rester malgré tout sceptique  :

« La question reste de savoir si cette appli sera toujours d’actualité, quand elle sera “validée” par des institutions officielles. »

Injecter du gaming

Capature d'cran classement des membres en fonction du nombre de wilds effectus
Capature d’écran classement des membres en fonction du nombre de wilds effectués

Wild it a mis en place un classement entre les membres qui leur permet de se challenger. Être en tête du classement signifie être celui ayant évalué la plus grand proportion de la planète.

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Damien Cluzel explique :

« Bien sur, on préférerait que les gens s’inscrivent sur l’appli car le sort de l’environnement leur importe plus que leur apparence. Mais la mise en place de ce côté gaming est un choix de notre part. Il fallait réussir à attirer le plus de membres possibles. »

Esteban a dit non merci à cet aspect gaming.

L’appli peut aussi attirer ceux qui recherchent d’autres critères que le prix ou la météo pour choisir leur destination de vacances.

Un « wild » en pleine mer

L’été rime avec vacances et découverte de nouveaux lieux. La période idéale pour faire des « wilds ». Mais il y a un hic : beaucoup de vacanciers décident de lâcher leurs téléphones pendant leurs congés. Aux yeux de Damien, aucun risque :

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« Quand je vois à quel point “Pokémon Go” est devenu viral en quelques semaines, je me dis que tout le monde ne lâche pas son téléphone pendant les vacances. »

(Oui, mais c’est pas tout à fait comparable.)

Le fondateur précise que l’appli peut être utilisée partout, même dans les lieux les plus reculés.

« On peut très bien faire un “wild” en pleine mer. »
Chloé Sartena
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