Comment Criteo résiste à Facebook et Google dans la course aux talents

Avec vente-privee.com, Criteo (« je prédis » en grec ancien) sont les deux startups à figurer dans le classement #LinkedInTopAttractors, qui recensent les employeurs les plus courtisés du moment. Ce spécialiste de la publicité en ligne se hisse ainsi au 11ème rang en France pour son attractivité. Il faut dire que, face à la concurrence des géants de la Silicon Valley, Criteo doit rivaliser d'inventivité. Olivier Giovanni, responsable des ressources humaines, nous révèle ses secrets pour fidéliser les meilleurs talents.

Sandrine Chauvin : Combien de recrutements sont-ils prévus chez Critéo en 2016 ?

Olivier Giovanni : En début d’année, nous étions 1900 salariés. Fin 2016, nous serons entre 2500 et 2600 dans le monde. En France, nous sommes 750 salariés et prévoyons 100 à 150 embauches en CDI d’ici la fin de l’année. Attirer et retenir les talents est donc un enjeu très fort pour Criteo.

Sandrine Chauvin : Quels sont les profils les plus recherchés ?

Olivier Giovanni : Les ingénieurs représentent 80% des postes à pourvoir. Ils travaillent dans nos équipes de Recherche et Développement, sur les développement web, sur notre moteur de recherche algorithmique, nos data centers, etc. La plupart sont diplômés de Centrale, de l’école Polytechnique, d’Epita/Epitech, Télécom, Supélec, etc... mais aussi de l’école 42 fondée par Xavier Niel, toutes formant des bataillons d’ingénieurs réputés dans le monde entier. Nous sommes d’ailleurs en concurrence à la fois avec la Silicon Valley, dont Google, Facebook, Amazon ou Netflix, qui viennent chercher nos talents en France, mais aussi avec des startups foisonnantes en quête de profils techniques capables de développer leurs infrastructures. Pour les autres fonctions, de type RH, finance ou vente, le marché est peut-être moins concurrentiel mais là aussi nous nous attachons à recruter les meilleurs profils.

 Sandrine Chauvin : Quels sont vos atouts pour attirer les talents ?

Olivier Giovanni : Notre technologie de pointe et notre rayonnement international. Nous avons des équipes d’expert internationaux et nous essayons  de diffuser notre savoir au maximum, en étant présent dans des conférences internationales, ou soit en tant qu’organisateur de nos propres conférences sur des sujets clés pour Criteo, à raison d’au moins 1 fois par mois dans nos locaux.  Nous choisissons un sujet technique sur lesquels nous invitons les professionnels du secteur, dans lequel nous parlons de nos solutions et de l’actualité du secteur, que ce soit sur le big data, un langage de programmation spécifique ou tout d’autre sujets ayant attrait au machine learning par exemple.  Nous publions des papiers de recherche sur les sites et les blogs spécialisés. Pour les férus de techniques, nous disposons de l’un des moteurs de recherche les plus puissants, de 8 datas centers et de plus 16000 serveurs - notre « cluster Hadoop » est le plus important d’Europe par exemple. Cet énorme volume de données est un terrain de jeu formidable pour nos ingénieurs.

Sandrine Chauvin : Quelle est la raison principale pour laquelle vos salariés ont envie de travailler – ou de rester – dans votre entreprise ?

Olivier Giovanni : Nous avons la taille idéale et qui n’a pas d’équivalent. Nous avons atteint un niveau suffisamment important dans notre secteur pour avoir les moyens d’utiliser toujours les meilleures technologies et attirer financièrement les meilleurs talents. Et malgré notre croissance rapide, nous gardons une extrême agilité pour arriver rapidement à mettre sur le marché des produits technologiques issus de notre "CriteoLabs" ou créés à partir de prises d’initiatives individuelles. Les jeunes ingénieurs en sont friands. Par exemple, pendant 2 jours dans l’année, les bureaux de Criteo vivent à l’heure du Hackathon. Des équipes s’organisent pour présenter un prototype issue d’une idée individuelle. Ceux et celles qui gagnent peuvent alors consacrés une partie de leur temps de travail pour faire avancer leur projet, afin de présenter les premiers résultats concrets lors d’un second round 6 mois plus tard. Plusieurs projets sont ensuite intégrés dans la roadmap produit de Criteo. Nous avons aussi mis en place l’initiative 10% : pendant 10% de son temps, chaque salarié peut travailler sur une initiative personnelle, seul ou en équipe, qui pourra aussi figurer parmi les projets stratégiques. Une bonne façon d’encourager l’innovation « bottom up » et de donner rapidement à nos collaborateurs la possibilité de prendre des responsabilités.

Sandrine Chauvin : Et côté rémunération, à quoi peuvent s’attendre les candidats ?

Olivier Giovanni : Evidemment, je ne peux pas communiquer de chiffres sur les grilles de salaires. A l’entrée, un jeune ingénieur peut toucher 3.000 euros. Nos avantages salariaux restent très intéressants car nous souhaitons rester compétitifs avec nos concurrents que sont Google et Facebook, qui, offrent, comme chacun le sait, des conditions très attractives.

Sandrine Chauvin : Quelles sont les initiatives que vous avez mis en place pour retenir les talents ?

Olivier Giovanni : La rétention des talents est évidemment un enjeu stratégique. Chez Criteo, la moyenne d’âge est de 31 ans. Ces profils jeunes veulent maîtriser leur carrière et la façon dont ils évoluent dans l’entreprise. Pour les y aider, nous mettons en place des « career tracks », qui leur permet de s’auto-promouvoir. Le programme « Voyager » leur permet de travailler sur un autre projet dans une autre équipe. Plus d’un quart des salariés passés par ce programme bénéficient ensuite d’une mobilité interne. Nous avons aussi créé un « think-tank RH », où régulièrement les salariés volontaires se rassemblent pour proposer et conduire eux-même des projets pour améliorer la vie de l’entreprise. Le programme « Voyager » en est le fruit. Nous réfléchissons en ce moment à un système de « peer reward » (ndlr, "récompense par les pairs").

Sandrine Chauvin : Qu’est-ce qui peut faire la différence entre Criteo et une autre start-up ?

Olivier Giovanni : Le cadre de travail. Tous nos bureaux dans le monde entier offrent des espaces de convivialité, de jeux et de détente pour assurer le bien-être de nos salariés. A Paris, nous avons la chance de disposer d’une position centrale dans le 9ème arrondissement et d’une vue à 360° sur les toits de la capitale. A l’occasion de l’Euro de football, non seulement les téléviseurs ont fait l’apparition dans les espaces de convivialité, mais des cages de football sont apparues à tous les étages et les bureaux sont ornés des couleurs des drapeaux des pays en compétition. Simple, mais efficace pour entretenir une ambiance de travail conviviale et fun.