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La créativité, nouveau credo des grandes écoles

Les écoles d’ingénieurs et de commerce s’efforcent de développer davantage la fibre créative de leurs étudiants, en misant notamment sur l’interdisciplinarité.

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Publié le 25 mars 2016 à 23h13, modifié le 15 avril 2016 à 18h02

Temps de Lecture 4 min.

A la Défense, le pôle Léonard-de-Vinci fait travailler ensemble les étudiants de ,ses trois écoles [une école d’ingénieurs (Esilv), une école de management (EMLV) et l’Institut de l’Internet et du multimédia (IIM)].

C’est le concept en vogue. Un centre « i-Magination » à l’Essec de Cergy-Pontoise, dans le Val-d’Oise ; un cours de créativité dispensé à HEC ; un « learning lab » créé par Centrale Lyon et l’EM Lyon pour développer l’interdisciplinarité et la créativité… Les étudiants des écoles de commerce et ­d’ingénieurs sont un peu partout incités à inventer, utilement si possible.

« Nous devons aujourd’hui former des ingénieurs capables d’exercer plus tard des métiers qui n’existent pas encore, de résoudre des problèmes à ce jour inconnus, avec des outils qui n’ont pas encore été créés. Nous devons donc développer la capacité créative de nos étudiants, en plus de leur donner des savoirs et des compétences techniques solides », explique Jean-Pierre Berthet, directeur du learning lab lyonnais.

« Dans un monde incertain où les entreprises innovent de plus en plus vite, la créativité est une compétence-clé », ajoute Anne-Laure Sellier, professeure de marketing à HEC, chargée d’un cours sur la créativité, qui a remporté le prix de l’initiative pédagogique de la Fondation HEC en 2013.

Contrairement aux idées reçues, elle ­affirme que la créativité n’est pas un don tombé du ciel, réservé à quelques génies. « Dans mon cours, je commence par démystifier cette notion, puis j’amène les étudiants, souvent très cultivés, mais parfois formatés, à identifier les jugements de valeur qui les empêchent d’aller vers des propositions originales », précise-t-elle.

« iMagination Week  » à l’Essec

Comment générer de nouvelles idées ? « En croisant les champs disciplinaires, en allant vers des secteurs complètement différents de son domaine d’expertise », ­répond Xavier Pavie, directeur du centre i-Magination de l’Essec. Il organise chaque année depuis cinq ans une « iMagination Week » pour les 600 étudiants du cycle master en management, invités à plancher sur le monde de demain, avec la participation de personnalités, comme l’astrophysicien Hubert Reeves ou le chocolatier Jacques Genin, conviées à parler de leur processus de création et de leur spécialité.

A la Défense, le pôle Léonard-de-Vinci mise sur l’idée de faire travailler ensemble des étudiants issus de formations différentes. « Nous avons la chance de pouvoir rassembler des étudiants de nos trois écoles [une école d’ingénieurs (Esilv), une école de management (EMLV) et l’Institut de l’Internet et du multimédia (IIM)], ce qui nous permet de jouer à fond la carte de la transversalité pour travailler sur la créativité », indique Laure Bertrand, directrice du département soft skills (« qualités humaines et compétences relationnelles ») et transversalité.

Une semaine transversale a été suivie en février par les 650 étudiants de 2e année, avec pour thème « Créativité et numérique au service du handicap ». Une tablette tactile en braille et un fauteuil électrique avec GPS intégré ont ainsi vu le jour.

A l’X, prendre le risque de créer

De son côté, l’Ecole polytechnique propose à ses élèves de 3e année du cycle ingénieurs un cours de « Design des technologies innovantes », créé en 2013 par Charles Baroud, professeur associé au département de mécanique de l’X. Chaque année, la vingtaine d’étudiants qui le suit est priée de démonter une imprimante pour la détourner de sa fonction initiale. Objectif : en faire un tout autre objet, par exemple un chronomètre, ou même un instrument de musique !

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« C’est un projet difficile, déstabilisant, qui permet aux élèves de surmonter leurs appréhensions et de prendre le risque de la créativité », estime Charles Baroud. Il dit s’être inspiré des cours qu’il a suivis au Massachusetts Institute of Technology (MIT). « L’ingénieur y est perçu et formé comme un inventeur, et non comme un scientifique qui résout des équations, comme c’est parfois le cas en France », ajoute-t-il.

Influence américaine aussi pour le « design thinking », conceptualisé à Stanford (Californie) en 2004, dont s’inspire, depuis une quinzaine d’années, l’alliance Artem de trois écoles lorraines, les Mines Nancy, l’ICN Business School et l’Ecole nationale supérieure d’art et de design de Nancy – ainsi que Centrale Lyon et l’EM Lyon. Ces deux dernières écoles ont créé le programme « Innovation, design, entrepreneurship et arts » (IDEA) et un learning lab, lieu d’innovation pédagogique.

Dans cet espace modulable de 400 m2 doté d’un écran géant tactile, les étudiants expérimentent, et collaborent en design thinking. « C’est une approche centrée sur l’usager : il s’agit de comprendre ses besoins puis, par tâtonnements, de tenter d’y répondre en proposant rapidement un prototype, que l’on peut améliorer en cours de route. Bref, d’expérimenter en continu », détaille Nicolas Minvielle, coauteur du livre Are you design ? Du design thinking au design doing (Pearson, 2015).Le maître mot de cette méthode est la collaboration entre designers, ingénieurs, et spécialistes du marketing.

« La créativité, résume Delphine Manceau, directrice de l’European Business School de Paris et professeure de marketing de l’innovation, est l’un des facteurs qui favorise l’innovation, tout comme la recherche. Mais elle n’y aboutit cependant pas forcément… »

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