Hérault : les salariés des guitares Lâg, délocalisés, ont le blues

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  • Huit personnes sont concernées par le plan économique.
    Huit personnes sont concernées par le plan économique. J. M.
  • Des célébrités, dont Carla Bruni, portent haut les couleurs du luthier héraultais.
    Des célébrités, dont Carla Bruni, portent haut les couleurs du luthier héraultais. PIERRE SALIBA
Publié le , mis à jour
JÉRÔME MOUILLOT

Implantée à Bédarieux (Hérault) la prestigieuse usine de fabrication de guitares va être déplacée près de Nantes.

Triste, le message partagé jeudi 21 janvier sur Facebook par Michel Lâg Chavarria s’est répandu sur la toile comme une traînée de poudre : "Une partie de mon univers et de ma vie s’effondre", peut-on lire sur le post. Mais le fondateur de la marque de guitares Lâg est loin d’être le seul à avoir le moral dans les chaussettes.

L’usine de fabrication de guitares, basée à Bédarieux dans l’Hérault, doit en effet être délocalisée près de Nantes. Les huit salariés, avertis le 24 décembre par la direction du groupe Algam, qui avait racheté Lâg en 2002, en ont eu confirmation la semaine dernière. Ils ont jusqu’à la mi-février pour décider de leur avenir professionnel : suivre la production de lutherie en Loire-Atlantique ou être licenciés économique. Pour Kévin, luthier chez Lâg depuis onze ans, la question ne se pose pas vraiment : "Je réfléchis quand même mais, divorcé, père de deux enfants et avec une maison en construction, pour moi le contexte est très compliqué."

Un fort soutien des musiciens

Éric est un taiseux. Préposé au polissage des guitares de prestige, sa réponse parle d’elle-même : "J’ai dix-neuf ans de boîte, j’en ai bientôt 53." Derrière la réponse laconique du quinquagénaire, se cache la crainte de ne pas retrouver un emploi, même hors de sa branche spécialisée. Célina, secrétaire de l’entreprise bédaricienne, est à la même enseigne. Certains, parmi les plus jeunes, comme Robin, à qui Algam a "fait une proposition qui ne se refuse pas", iront certainement tenter l’aventure à Thouaré-sur-Loire. Mais les négociations avec la DRH du groupe sont encore loin d’être achevées.

En attendant que leurs décisions mûrissent, les salariés reçoivent des messages qui les galvanisent. Plusieurs musiciens du cru ont téléphoné à l’entreprise afin de prendre des nouvelles des salariés, d’autres ont modifié leur image de profil en “Je suis Lâg” ou imaginent déjà faire un concert de soutien pour les employés de leur marque fétiche. "Il ne faut pas exagérer, on ne peut pas nous comparer à des victimes d’attentats", juge Kevin. Il analyse : "Mais de nombreux guitaristes entretenaient avec nous un rapport quasi familial."

"Perdre un sacré savoir-faire, voire une âm"

Et avec le départ de l’usine héraultaise, ces "gratteux" ont souvent aussi le sentiment de "perdre un sacré savoir-faire, voire une âm". Ils perdront aussi, certainement, la croix occitane qui trône à côté du logo Lâg sur des six cordes jusque-là imaginées et créées à Bédarieux. Un clin d’œil régional qui brille et résonne encore, depuis cette petite cité des hauts cantons, jusqu’aux quatre coins du monde.

Michel Lâg Chavarria serait en arrêt maladie depuis plusieurs jours. Jeudi, il est resté injoignable malgré nos sollicitations. La direction et le service communication d’Algam participent en ce moment à un salon international de musique à Los Angeles. Les responsables du groupe n’y sont pas joignables.

Des célébrités, dont Carla Bruni, portent haut les couleurs du luthier héraultais.
Des célébrités, dont Carla Bruni, portent haut les couleurs du luthier héraultais. PIERRE SALIBA

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