Keynes : Le « profit comptable » nous empêche de voir grand

Le 19 avril 1933, John Maynard Keynes est invité à donner la première des « Finlay Lectures » à University College à Dublin. Dans cette conférence, il évoque spécifiquement la situation irlandaise. Il en réécrira le texte, en le décontextualisant et en en généralisant le propos. L’article paraît sous le titre de « National Self-Sufficiency », l’autosuffisance nationale, dans deux numéros successifs du New Statesman : le 8 et le 15 juillet ; il paraît également aux États-Unis, dans la Yale Review dont le numéro est daté de juin 1933.

Keynes se prononce en faveur de l’autosuffisance. Il s’enflamme à son habitude contre la libre circulation des capitaux à vocation spéculative et déclare que

« Je me range […] aux côtés de ceux qui voudraient restreindre l’intrication des nations, plutôt que de ceux qui voudraient la voir s’étendre. Les idées, le savoir, la science, l’hospitalité, les voyages – telles sont les choses qui de par leur nature devraient être internationales. Mais faisons en sorte que ce qui peut être fait chez soi le soit autant qu’il est raisonnable et pratique de le faire, et, surtout, faisons en sorte que la finance soit essentiellement nationale » (Keynes [1933] 1982 : 236).

Les propos sont convenus et ne reflètent guère l’enthousiasme qui caractérise généralement les interventions orales de Keynes. On ne peut manquer de se demander si le thème de l’autosuffisance ne lui a pas été imposé par le cadre ou par ses hôtes et qu’il se contente là de les obliger.

Autre sujet dont il se débarrasse rapidement : le capitalisme, haïssable sans aucun doute mais difficilement remplaçable et qu’il vaut mieux, du moins pour l’instant, réparer plutôt qu’éliminer purement et simplement :

« Le capitalisme international, décadent mais individualiste, dans les mains duquel nous nous sommes retrouvés après la guerre, n’est pas une réussite. Il n’est ni intelligent, ni beau, ni juste, ni vertueux – ni ne remplit ses promesses. Bref, nous ne l’aimons pas, et nous nous mettons même à le haïr. Mais lorsque nous nous demandons ce qu’il faudrait mettre à la place, nous sommes aussitôt plongés dans la perplexité » (ibid. 239).

Les mots les plus durs de cette intervention viseront d’ailleurs un tout autre adversaire : le communisme soviétique,

« … la Russie aujourd’hui présente le pire exemple que le monde ait, peut-être, jamais connu, d’incompétence administrative et du sacrifice à des esprits ossifiés de pratiquement tout ce qui fait que la vie vaut d’être vécue » (ibid. 243-244),

… et son chef de file, à la pensée duquel Keynes devient lyrique :

« Staline s’est débarrassé de tout esprit indépendant ou critique, y compris de ceux qui lui étaient favorables sur un plan général. Il a créé un environnement au sein duquel le fonctionnement de l’esprit est atrophié. Les circonvolutions flexibles du cerveau s’y sont figées en bois. Le braillement démultiplié des haut-parleurs remplace les inflexions nuancées de la voix humaine. La rengaine de la propagande ennuie les oiseaux et les animaux des champs eux-mêmes, jusqu’à la paralysie » (ibid. 246).

Hitler s’en sort presque à meilleur compte :

« L’Allemagne est à la merci d’irresponsables déchaînés – même s’il est trop tôt pour juger sa capacité à réussir » (ibid. 244).

… tandis que Mussolini bénéficie d’un quasi-satisfecit :

« Mussolini, peut-être, est en train de gagner ses dents de sagesse » (ibid. 243).

Mais l’adversaire désigné de cette intervention à Dublin est lui inédit dans les réflexions de Keynes jusque-là : il s’agit de la logique comptable, de son étroitesse, et de ce qu’elle nous force à faire contre notre gré et à l’encontre même de toute rationalité économique. Je reproduis le passage dans son entier :

« Le XIXe siècle a promu jusqu’à la caricature le critère que l’on appellera pour faire bref, « les résultats financiers », comme test permettant de déterminer si une politique doit être recommandée et entreprise dans le cadre d’une initiative d’ordre privé ou public. Le destin personnel s’est transformé en une parodie du cauchemar d’un comptable. Au lieu d’utiliser leurs ressources techniques et matérielles désormais beaucoup plus vastes pour construire une cité idéale, les hommes du XIXe siècle construisirent des taudis ; et ils pensèrent que bâtir des taudis était la chose juste et recommandable, parce que les taudis, à l’aune de l’entreprise privée, « cela rapporte », alors que la cité idéale aurait été selon eux un acte fou d’extravagance, qui aurait, dans le vocabulaire imbécile du monde financier, « hypothéqué l’avenir ». Comment la réalisation aujourd’hui d’œuvres ambitieuses et imposantes pourrait appauvrir l’avenir, nul ne peut le concevoir, à moins que son esprit ne soit sous l’emprise des fausses analogies d’une comptabilité sans lien avec la question. Je passe mon temps encore aujourd’hui – à moitié pour rien, mais aussi, je dois le reconnaître, à moitié avec succès – à tenter de convaincre mes compatriotes que la nation dans son ensemble sera sans conteste plus riche si les hommes et les machines sans emploi sont utilisés pour bâtir les logements dont nous avons tant besoin, plutôt que de devoir leur apporter un soutien dans le désœuvrement. Car les esprits de notre génération demeurent à ce point embrumés par les calculs faussés qu’ils se méfient de conclusions qui devraient être évidentes, parce qu’ils se fient à un système de comptabilité financière qui sème le doute quant au fait qu’une telle opération « rapportera ». Nous sommes condamnés à rester pauvres parce que cela ne « rapporte » pas d’être riches. Nous devons vivre dans des bouges, non pas parce que nous n’avons pas la capacité de construire des palaces mais parce que « nous n’en avons pas les moyens ».

Et c’est la même règle de calcul financier autodestructeur qui gouverne chaque domaine de notre quotidien. Nous détruisons la beauté des campagnes parce que les splendeurs inappropriées de la nature sont sans valeur économique. Nous serions capables d’éteindre le soleil et les étoiles parce qu’ils ne versent pas de dividendes. Londres est l’une des villes les plus riches de l’histoire de la civilisation, mais elle « ne peut pas se permettre » les standards de réussite les plus élevés dont ses propres habitants sont cependant capables, parce qu’ils ne « rapportent » pas.

Si je disposais du pouvoir aujourd’hui, je ferais en sorte, avec la plus grande détermination, de doter nos capitales de tous les accessoires de l’art et de la civilisation du plus haut niveau dont bénéficient à titre individuel les habitants de chacune d’entre elles, convaincu que ce que je suis à même de créer, j’en ai les moyens – et pensant qu’il ne serait pas seulement préférable que l’argent soit dépensé de cette manière plutôt qu’alloué à un fonds d’allocations-chômage mais rendrait tout fonds d’allocations-chômage sans objet. Car avec tout ce que nous avons dépensé en allocations de chômage en Angleterre depuis la guerre, nous aurions pu faire de nos villes les plus grandes réalisations de l’homme au monde.

Ou encore, nous avons jusqu’à récemment considéré qu’il s’agissait d’un devoir moral de ruiner les cultivateurs de la terre et de détruire les traditions millénaires de l’art de l’élevage, si cela nous permettait de payer la miche de pain un dixième de penny meilleur marché. Il n’y avait rien que nous ne jugions notre devoir de sacrifier à ce Moloch et ce Mammon tout en un, car nous imaginions avec ferveur que le culte de ces monstres nous permettrait de vaincre les hideurs de la pauvreté et de mener la prochaine génération sûrement et confortablement, à cheval sur l’intérêt composé, vers la paix économique » (ibid. 241-242).

Et, de crainte de s’être insuffisamment fait comprendre, Keynes conclut :

« Car aussitôt que nous nous octroyons le droit de désobéir au critère du profit comptable, nous entamons de changer notre civilisation […] C’est l’État, plutôt que l’individu, qui doit modifier son critère. C’est la conception du ministre des Finances en tant que président-directeur général d’une sorte de société cotée en Bourse qui doit être rejetée » (ibid. 243).

Ce qui nous interdit donc de prendre les mesures que le jugement rationnel nous enjoindrait de prendre, c’est la logique comptable : la manière toute conventionnelle en réalité dont nous avons pris l’habitude d’établir le bilan de nos entreprise. Nous subissons la dictature des « résultats financiers », qui nous forcent à vivre dans un univers de taudis, au prétexte que « nous n’avons pas les moyens » de faire mieux, alors que des armées de travailleurs désœuvrés et de machines à l’abandon nous permettraient de bâtir d’ores et déjà la cité idéale. L’utopie n’est hors d’atteinte que dans la représentation des banquiers, trouvant un renfort dans la pusillanimité des comptables.

C’est là un thème sur lequel Keynes ne reviendra pas à ma connaissance, en dépit de sa très grande pertinence : une idéologie armée de pied en cap est en réalité inscrite dans les règles comptables. Ce n’est rien d’autre en effet qu’une convention que de considérer les avances faites en travail comme un coût qu’il s’agit à tout prix de minimiser, alors que les dividendes ou les bonus accordés à la direction pour des avances en capital ou en supervision, sont des parts de bénéfice, le montant duquel étant admirable par définition, n’est jamais jugé assez élevé.

La dévalorisation du travail, l’idéalisation au contraire du capital et de la direction d’entreprise, ne sont pas simplement des valeurs dont l’opinion publique pourrait débattre à son gré : elles ont été chevillées, à l’abri de la délibération démocratique, dans la logique économique de nos sociétés, par le biais des règles comptables que nous avons adoptées, ou plutôt qu’adoptent pour nous, loin du débat public, les organismes privés sur lesquels nous nous sommes déchargés de leur rédaction et de leur modification : le FASB (Financial Accounting Standards Board) pour les États-Unis et l’IASB (international Accounting Standards Board) pour le reste du monde, comme s’il s’agissait là de questions techniques indifférentes dont il serait loisible d’abandonner sans danger la rédaction à des « experts » cooptés par leurs pairs.

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41 réponses à “Keynes : Le « profit comptable » nous empêche de voir grand

  1. Avatar de ThomBilabong
    ThomBilabong

    Ce post est lumineux.

    Il fait le lien direct entre « l’horreur économique » et les billets de Pierre Sarton du Jonchay qui en décrivent les uns après les autres la matérialisation monétaire et financière.

    Tout cela ne serait donc que pures conventions qui déterminent la valeur de tout chose en fonction de l’intérêt et du pouvoir de quelques uns ?

    Allons donc, ce serait trop simple de régler le problème !!
    A moins, à moins que cette évidence ne permette à nos politiques de reprendre le manche des événements. Ce serait fun, non ?

  2. Avatar de juannessy
    juannessy

    Qu’en pense la Cour des Comptes ( souvent moins bornée que Bercy , mais parfois tout autant )?

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Tu connais cette aristocratie là mieux que nous, Juan. Tu savais qu’il avait fallu six ans pour que le Théorie Générale de Keynes soit publiée en Français (en 42…) ? Bon, cela dit soyons honnête, c’est quand-même bien un inspecteur des finances qui, sur son temps libre ! et dès 38/39, s’était chargé de la traduction (Jean de Largentaye, un proche de Mendès et beau-père de… Olivier Schrameck, président du CSA et autre grand commis patati patata…).

  3. Avatar de ThomBilabong
    ThomBilabong

    A lire le sérieux de la prose qui circule sur l’IASB, on comprend que remettre en cause leurs interprétations du monde réel via la comptabilité semble aussi ardu que de reconsidérer la question de la propriété privée à l’aune du rapport du GIEC.

    Qu’en penses les lecteurs si pointus de ce blog ?

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Sur les artefacts comptables, voir les travaux d’Eve Chiapello, y’en a pas mal en accès libre.
      Limpide, chose rarissime en la matière.

      1. Avatar de vigneron
        vigneron

        Eh ouais… y’a pas, zont des bons profs à HEC…
        http://gspm.ehess.fr/document.php?id=408

        1. Avatar de Julien Alexandre

          Voui, d’excellents profs. Simplement dommage que les brillants étudiants qui en sortent ne sachent pas en faire bon usage.

    2. Avatar de Michel Lambotte

      reconsidérer la question de la propriété privée à l’aune du rapport du GIEC.

      Idée! Si on la reconnaissait (avec sa rente) à l’aune du pic pétrolier, il me semble que ce serait plus simple.
      En effet, le PIB est corrélé à l’approvisionnement énergétique qui devrait être obligatoirement en croissance exponentielle puisque le PIB suit la croissance exponentielle des intérêts composés.
      Comment on fait quand la croissance pétrolière devient d’abord proportionnelle (1970) en attendant qu’elle s’annule (2010-2030) puis devienne négative?

  4. Avatar de justebienlibre
    justebienlibre

    Je me souviens avoir eu la sensation de devoir intervenir sur « la mort du travail » un sujet d’un reste de chaîne public Fr3.
    On y voyait le fonctionnement de Carglass qui répare et qui remplace sans que vous ne déboursiez un sou.
    Hé, bien chez Air liquide santé, c’est du même acabits, à partir du moment ou cela est gratuit c’est vous le produit à vendre.
    Le meilleur de ces grand groupes, était de vous faire participer à votre autodestruction en étant actionnaire d’eux même (bien sûr sans aucun pouvoir de décision).
    Et cela fonctionne à merveille …un salarié de service parapublic mais privé s’occupe de votre santé à domicile avec un fonctionnement mortifère de grosse structure qui décide de la vie ou de la mort d’une pme ou pmi qui serait un concurrent potentiel , car ces petites structures (moteur) ont encore un fonctionnement à la papa ou passéiste.
    Mais toutes les grands groupes qui ne cesse de fusionner applique systématiquement les mêmes procédures, d’où un avenir très morbide et très bref.

  5. Avatar de lois-economiques
    lois-economiques

    Ce que résume parfaitement les citations suivantes :

    J’ai peur que nous ayons réveillé un géant endormi.
    Amiral japonais Yamamoto, responsable de l’attaque sur Pearl Harbour,

    Et une nation qui, en 1934 ne pouvait pas produire de la nourriture pour la vendre, put tout d’un coup produire des bombes à envoyer gratuitement sur l’Allemagne et le Japon !
    Pasteur Sheldon Emry , dans son article Des milliards pour les banquiers et des dettes pour le peuple.

    1. Avatar de Julien Alexandre

      Ah, ce bon vieux « pasteur » Sheldon Emry. Ça donne du poids à tout argument que d’aller citer un bon pamphlétaire antisémite, n’est-ce pas ? En tout cas, ça va assez bien avec les vidéos de Grignon que vous diffusez sur votre site, et surtout ça éclaire les intentions anonymes des « lois-economiques », merci.

      Oh, laissez-moi deviner : vous êtes comme ce pauvre Chouard, un facho qui s’ignore, c’est ça ? Vous cherchez juste la « vérité », où qu’elle se trouve. Et si pour ça il faut ressasser les poncifs de l’antisémitisme économique pondus par une poignée d’illuminés essentiellement américains, et bien Amen, right ?

  6. Avatar de lois-economiques
    lois-economiques

    @Julien Alexandre.

    Totalement hors sujet votre intevention.
    Lorsque je cite quelqu’un je me fiche complétement de la personne seul les idées véhiculées par la citation sont intéressantes.
    Vous devriez devérser votre fiel ailleurs étant anonyme je m’en fiche complétement !

    P.S : Etonnnant que la modération laisse passée ce type d’intervention sans aucun intérêt est totalement hors sujet !

    1. Avatar de Julien Alexandre

      @ « lois-économiques »

      Comme c’est étrange, n’est-ce pas ? Juste comme Chouard, à la virgule près, comme prévu.

      Ps : la modération, c’est moi. Et la prochaine fois que vous nous collez des citations d’antisémites notoires, c’est vous que je vire. Capisce ?

      Ps2 : la modération ne laisse pas « passée », elle laisse « passer », et ce qu’elle ne laisse pas passer non plus, c’est les personnes allergiques à la grammaire française. On va mettre ça sur le compte d’un énervement passager. Ça fout les boules de faire patiemment de l’entrisme pour se retrouver finalement à poil juste avant de pouvoir – enfin ! – diffuser sa « vérité ».

      1. Avatar de Lucas
        Lucas

        (@lois-économiques: Je trouve toute vos interventions pleines d’aigreur !)

        «Car aussitôt que nous nous octroyons le droit de désobéir au critère du profit comptable, nous entamons de changer notre civilisation » , écrit par Keynes, ça fait du bien !

      2. Avatar de Lucas
        Lucas

        « toutes » … désolé 🙂

    2. Avatar de juannessy
      juannessy

      Des lois économiques « découvertes » par un pseudo sur-anonymé aussi peu perspicace et observateur , ça doit pas valoir le détour .

      D’autant que les lois grammaticales et orthographiques semblent absentes de ce nid auto génératif de lois .

      Quand on veut faire la loi, il faut être un peu plus transparent .

      Où s’appeler Moïse .

  7. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    J’aime bien Keynes, il a cultivé une vision saine de l’économie, de plus il est agréable à lire.
    Le problème (qu’il a en commun avec de nombreux économistes): il ne dit pas comment convertir ses théories intéressantes en pratique opérationnelle. Le personnel politique agit comme un ivrogne qui se cramponne au réverbère non pas pour y trouver de l’éclairage, mais pour se tenir. Autrement dit, il se servent des économistes et leurs théories pour justifier telle ou une autre politique. Dans ce sens, les économistes jouent le rôle de l’idiot utile, qui déchargent le personnel politique de ses responsabilités envers le public..

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      « agréable à lire » ? Keynes ?
      Franchement ?
      Non.
      Franchement alambiqué oui.

      1. Avatar de Germanicus
        Germanicus

        Vigneron
        Alambiqué? Je ne trouve pas. Je le lis en anglais, cela fait peut-être la différence.

      2. Avatar de vigneron
        vigneron

        C’est c’la oui. En même temps, à voir votre syntaxe, je comprends mieux.

      3. Avatar de Germanicus
        Germanicus

        Vigneron
        Merci de me coller une étiquette.

  8. Avatar de Lejoly Stéphane
    Lejoly Stéphane

    « Ce n’est rien d’autre en effet qu’une convention que de considérer les avances faites en travail comme un coût qu’il s’agit à tout prix de minimiser, alors que les dividendes ou les bonus accordés à la direction pour des avances en capital ou en supervision, sont des parts de bénéfice, le montant duquel étant admirable par définition, n’est jamais jugé assez élevé. »

    Nous pourrions en effet concevoir une comptabilité où les rémunérations ne figurent plus dans les charges, mais où celles-ci résultent uniquement d’un partage des bénéfices entre les travailleurs (y compris la direction de l’entreprise) selon une clé de répartition prédéfinie. Les écritures y afférentes se feraient dès lors uniquement à l’actif et au passif du bilan.

    Il en résulterait dès lors que non seulement les rémunérations ne constitueraient plus une charge, mais le travail ne serait plus marchandise, il ne pourrait pas être vendu. Seuls les biens et marchandises seraient vendus tandis que les travailleurs se partageraient les fruits de ces ventes.

    Avec une telle conception de la comptabilité et du partage des bénéfices, il en résulterait aussi que les intérêts des travailleurs et dirigeants d’entreprise seraient davantage convergents que divergents : le développement économique de l’entreprise et surtout toute augmentation de ses bénéfices, etc. seraient avantageux pour les uns comme pour les autres.

    Certes, opérationnaliser cette idée requerrait une mise en oeuvre technique relativement complexe (vu qu’au cours d’un exercice comptable, le résultat (un bénéfice, s’il est positif) ne peut être qu’estimé et ce n’est qu’à la fin de l’exercice que celui-ci peut-être connu, il faudrait sans doute réaliser des écritures au bilan qui correspondraient à des espèces « d’avances » sur les bénéfices à recevoir. Comme c’est technique… c’est soluble. Ce qui importe, c’est surtout de bien clarifier les concepts fondant ce type d’opération comptable.

  9. Avatar de Hadrien
    Hadrien

    Avec une telle conception de la comptabilité et du partage des bénéfices, il en résulterait aussi que les intérêts des travailleurs et dirigeants d’entreprise seraient davantage convergents que divergents : le développement économique de l’entreprise et surtout toute augmentation de ses bénéfices, etc. seraient avantageux pour les uns comme pour les autres.

    Bien sûr ! Cette approche semble +- suivie en Allemagne (cogestion) mais refusée en pays latins (lutte des classes).

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Ok pour la « cogestion », sauf que sur l’intéressement ou la participation, contrairement à ce qu’on s’imagine spontanément, l’Allemagne est loin d’être à la pointe en Europe. C’est plutôt… la France avec ses 15 à 20 milliards distribués annuellement qui tient la corde…
      http://fr.worker-participation.eu/Systemes-nationaux/Comparaison?countries%5B%5D=346&countries%5B%5D=273&fields%5B%5D=8

  10. Avatar de Pierre Lang

    Bonjour,

    Comptabilité des entreprises et de la nation

    Selon moi, la comptabilité des entreprises (micro-économie) est une chose. Elle est basée sur les prix et l’argent.

    La comptabilité nationale est une autre chose (macro-économie). Elle est actuellement calculée à partir des comptes des entreprises. C’est une erreur conceptuelle du modèle sensé représenter le monde économique !

    La comptabilité nationale devrait être calculée sur base d’une mesure de l’utilité des produits pour la société.

    Cette affirmation n’est pas à comparer de façon épidermique avec celle qui consisterait à définir un bonheur intérieur brut ou un autre indicateur, car quoi qu’il arrive, les agrégats existants gardent une raison d’être, quoique leur signification et leur interprétation devront, selon moi, changer.

    Révolution robotique

    Tant que l’automatisation était très faible, le prix (micro) et la valeur (macro) des produits étaient chou vert et vert chou, comme Paul Jorion le mentionne notamment dans « l’Argent, mode d’Emploi ».

    Quand la robotisation devient très importante comme c’est devenu le cas aujourd’hui, on ne peut plus écrire que les agrégats macro-économiques sont égaux à la somme des résultats des entreprises, sans prendre de précautions.

    Quand on pousse la robotisation dans ses derniers retranchements, il n’y a plus d’emploi humain, donc plus de salaires, donc plus de possibilités d’échanger les produits fabriqués au moyen d’argent.

    En réalité, ce qui se passe dans la comptabilité nationale est que l’on considère le travail des robots comme ayant un coût = zéro. C’est vrai pour l’entreprise, mais c’est faux pour la nation, car les robots ont produit plus de richesse que leur valeur comptable inscrite dans le bilan des entreprises.

    Esclavagisme moderne

    D’un point de vue du travail, les robots sont des esclaves modernes dont la main d’oeuvre (la force de travail) ne coûte rien.

    D’un point de vue de la richesse nationale produite, peu importe que ce soient des esclaves humains, des travailleurs rémunérés ou des machines qui travaillent.

    C’est la production qui doit être partagée équitablement et pas nécessairement de l’argent ni avec de l’argent.

    Cela m’amène à noter que Paul Jorion et d’autres auteurs (tous, je pense) n’ont pas considéré qu’un des rôles actuels de l’argent est de partager des surplus. Cela rajoute un niveau de confusion et de contradiction parfois avec les autres rôles de l’argent. Dans l’Argent (pg 66), Paul identifie 3 rôles de l’argent (unité de compte pour la richesse, intermédiaire d’échange et réserve de valeur). Cela correspond à ce qui est enseigné dans le cours de l’ULB « Introduction à la macro-économie » (pg 120, Pierre-Guillaume Méon).

    Quand je regarde la société, je ne peux m’empêcher de penser que le 4e rôle de l’argent a été oublié : partager et distribuer les richesses.

    Cette omission ne prête pas à conséquence tant que les richesses de la nation sont égales à la somme des richesses produites par les entreprises. Mais…

    Richesse = Production + Travail des robots

    Aujourd’hui, les richesses de la nation sont égales à la somme des richesses produites par les entreprises (mesurées par leur comptabilité) plus le travail des robots, charge à des gens intelligents et compétents de définir l’étalon de mesure et les méthodes de comptabilisation. Jusqu’à une certaine époque (passée, présente ou future) on pouvait négliger la valeur du travail des robots par rapport à celui des hommes. Plus le temps passe, moins cette négligence (au propre et au figuré!) était acceptable.

    A mon avis l’époque où l’on pouvait négliger le travail des robots dans les comptes de la nation est dépassée. Elle est passée inaperçue, car on a dilué le travail des robots dans les revenus de l’industrie des services, en créant de nombreux emplois qui n’apportent pas de richesse à la communauté.

    Conclusion

    Autrement dit, le problème, aujourd’hui n’est plus de partager le surplus monétaire comme par le passé, mais de partager la richesse produite par un moyen ad hoc.

    Pierre

    PS : Mon hypothèse, que je ne sais pas démontrer formellement actuellement, est que la distorsion apparue entre le modèle du système économique en vigueur et la réalité fait partiellement partie des causes endogènes de l’origine de la crise financière (et peut-être même aussi de la bulle Internet), mais c’est un autre débat, hors sujet de ce post.

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Quand on pousse la robotisation dans ses derniers retranchements, il n’y a plus d’emploi humain, donc plus de salaires, donc plus de possibilités d’échanger les produits fabriqués au moyen d’argent.

      Ça ne signifie strictement rien. Puisqu’inversement si vous « poussez » l’autogestion par ses salariés de cette même entreprise totalement robotisée (avec une compta « à la yougoslave » ou le résultat de l’entreprise correspond aux « salaires » et non à la part des actionnaires comme en système capitaliste ou à celle de l’Etat en système soviétique), ben les salariés deviennent juste des rentiers, des actionnaires capitalistes lambdas prélevant la survaleur sur le travail des robots et donc tout à fait en capacité de consommer, d’échanger – si le résultat bénéficiaire est là, ce qui est beaucoup moins sûr…

      1. Avatar de Pierre Lang

        Merci de me pemettre de me permettre de mettre mon post à la l’épreuve. Ce n’est pas simple à expliquer, d’autant que cette approche sort des sentiers battus.

        – quand les robots produisent tout et les hommes rien, trouvez-vous normal que le modèle économique n’en tienne pas compte ? Il n’y a plus de salaires à partager, donc plus d’argent qui circule. Sauf évidemment si l’on rémunère les robots comme s’ils étaient des hommes, ce qui est justement l’écueil que je soulève.

        – il y a apparition de deux classes oisives : les rentiers-capitalistes et les sans-travail (travailleurs remplacés par des robots). En réalité, si la robotisation est inférieure à 100%, il y a entre les deux une classe peu nombreuse d’avec-travail. Dans ce cas, le taux d’impôts devraient être gigantesques pour assurer la distribution entre tous. Actuellement, cela passe via les dividendes et les super bonus.

        Conceptuellement, rien n’empêche en effet de réunir en une seule classe les rentiers-capitalistes et les sans-travail. C’est un moyen comme un autre de partager.

        Dans le cas contraire, il y a deux classes oisives, les rentiers-capitalistes et les sans-travail. Là, le partage est le même, avec des critière plus ou moins différents.

        Quoi qu’il en soit, je maintiens jusqu’à preuve du contraire, que la richesse correspondant au travail des robots est considérée comme nulle actuellement dans la comptabilité nationale, et cela ne me paraît pas cohérent avec la réalité.

      2. Avatar de Dominique Gagnot

        Vous avez entièrement raison. C’est le rapport de force capital/travail qui décide du partage du gâteau. En l’occurrence, si le Capital n’a plus besoin du Travail (les robots sont du capital), les propriétaires n’ont plus à partager. Le pouvoir d’achat du Travail dégringole donc, la consommation s’effondre (ne reste plus que celle des propriétaires).
        Nous sommes dans ce schéma depuis 40 ans. On fait comme si on ne voyait rien, et on tente de freiner la chute a coup d’endettement, mais elle est inéluctable.

        Le seul moyen de l’enrayer serait de retirer la propriété du Capital aux propriétaires privés, pour en confier la gestion à la collectivité qui pourrait en faire un meilleur usage que de stupidement rechercher le profit. Mais hélas ce n’est pas à l’ordre du jour.

        Ce qui fait le plus peur est que aucun parti politique ne semble en être conscient, puisque personne ne remet en question la propriété privée. Même pas Nouvelle Donne. Podemos non plus, du moins je ne l’ai pas vu. Pour moi c’est un mystère. D’autant qu’il suffirait de remplacer le droit à la propriété privée par le droit d’usage…
        J’ai l’impression d’être dans le vol AF447 , j’assiste impuissant à la chute, tout en en connaissant la cause. C’est fou.

      3. Avatar de Pierre Lang

        Dominique Gagnot : C’est le rapport de force capital/travail qui décide du partage du gâteau. En l’occurrence, si le Capital n’a plus besoin du Travail (les robots sont du capital), les propriétaires n’ont plus à partager.

        Dans le cadre d’une robotisation à 100%, ce qui fait défaut, c’est le flux de monnaie entre producteurs et travailleurs/consommateurs. Il ne faut pas perdre ce facteur.

        D’une part, les capitalistes ont à partager les richesses produites par les robots entre eux. Cela impose qu’ils trouvent un moyen d’échange pour partager. Disons qu’ils se distribuent entre eux des bons à valoir pour consommer la production (cela peut être de l’argent). Puisqu’il n’y a pas de salaires, cela revient à mettre à disposition de l’argent (créé pour l’occasion) qui fait juste un tour dans le (leur) système. S’il est créé, l’argent est détruit après l’échange…

        Comme ils doivent faire en sorte de ne pas être assassinés par les inactifs, ils doivent faire pareil pour eux, en leur donnant le minimum non pas pour qu’il survivent mais pour qu’ils ne se révoltent pas. Pour donner, il faut un intermédiaire, qui peut être l’état et un moyen qui peut être des bons à valoir ou de l’argent. Quand cette monnaie revient chez eux, ils la détruisent. S’ils ne la détruisent pas, cela ne change rien, il faut simplement imprimer des billets de plus pour tenir compte de l’inflation (la masse de monnaies ne fait que représenter la richesse)

        C’est auto-régulant et auto-équilibrant, yaka laisser-faire dirait l’autre !

        Comme il n’y a pas (assez) de monnaie disponible pour le partage des richesses, on se rapproche de l’ancien temps où l’on « donnait ». Ce n’est qu’une question de vocabulaire, car l’impôt est une forme de donnation (forcée) et les allocations sociales aussi…

        Dominique Gagnot : Le seul moyen de l’enrayer serait de retirer la propriété du Capital aux propriétaires privés, pour en confier la gestion à la collectivité qui pourrait en faire un meilleur usage que de stupidement rechercher le profit. Mais hélas ce n’est pas à l’ordre du jour.

        C’est une façon de faire, mais elle est plus politique qu’autre chose. Faire cela est aussi simple ou aussi difficile à réaliser que de prélever des impôts et de les redistribuer… De toute façon il faut prendre aux uns et donner aux autres. La question est : si la propriété du capital est répartie à égalité, va-t-elle le rester où certains vont s’approprier le capital des autres en échange de menus services ? Si la propriété revient à la collectivité, le régime sera-t-il encore démocratique ?

        S’ils sont motivés par la quantité de richesse, leur truc ne peut survivre que s’ils donnent (altruisme forcé), sinon ils étouffent sous le tas de produits que leurs robots produisent.

        S’ils sont motivés par le rapport de force et la domination (perversion voulue), alors ils se contentent de produire juste ce qu’il faut pour être des tyrans efficacement sadiques.

        Plus de salaires => plus de monnaie => plus de capital

        Quand les robots produisent tout, les capitalistes ont à se partager de plus en plus de richesses sous forme de marchandises et de moins en moins sous forme de monnaie. Au final, leur position est essentiellement une position de pouvoir de décision quant aux règles de redistribution des richesses produites.

        Au final, « vigneron » a raison. « Cela ne change strictement rien »… au fait que la nature humaine est capable du pire en étant l’une des rares espèces à martyriser son prochain avec autant perversion.

        Je me trompe ou je déconne ?
        C’est rigolo cette suite de déduction ! Non ?

        Moralité : il faut croire en la capacité de l’humanité (je ne dis pas l’individu victime des effets collatéraux) à se sortir des embûches dans lesquelles elle se met elle-même. Quand on regarde l’histoire d’un point de vue macroscopique, il en est ainsi la plupart du temps : les méchants finissent généralement par être vaincus, tôt ou tard.

    2. Avatar de Dominique Gagnot

      La question est : si la propriété du capital est répartie à égalité, va-t-elle le rester où certains vont s’approprier le capital des autres en échange de menus services ? Si la propriété revient à la collectivité, le régime sera-t-il encore démocratique ?

      Seule la collectivité peut gérer les ressources de manière raisonnée afin d’éviter que cela ne débouche sur des catastrophes écologiques ou sociales

      J’ai proposé une ébauche de solution ici (qui n’a rien à voir avec une union soviétique !)

      « Voici un système économique ou il n’y a ni taxes ni impôts! Et pourtant on peut financer tout le nécessaire! De plus, sans l’y contraindre, chacun a intérêt à entreprendre, à travailler … ou pas, si le nécessaire, apporté par un Revenu de base, lui suffit.
      De plus, les « riches » ne sont pas spoliés. Par contre ils ne peuvent plus tirer de rente de leur capital. C’est tout. Car ce serait la société toute entière qui profiterait de la rente, rente qui fait tourner le système! Vous ne le croyez pas ? cliquez ici
      « 

  11. Avatar de Bernard Morice
    Bernard Morice

    Bravo pour ces citations de Keynes très actuelles.Pour avancer il faut:
    – contrer la théorie économique néo-classique libérale conservatrice, dix-neuvièmiste et archaique qui repose sur du vent.Keen, Gael Giraud, Bernard Guerrien…vont dans le bon sens
    – s’inspirer de la grande théorie keynésienne vingtièmiste même si elle a utilisé quelques approximations.

    – créer la théorie vingt et unièmiste qui doit faire face aux trois mégarentes financière, de vieillissement pour le Nord et de pollution.

  12. Avatar de Dominique Gagnot

    Que l’on qualifie les salaires de charges ou de profits salariaux, dans tous les cas les propriétaires ont le pouvoir, puisqu’on le leur a donné via la constitution. Donc qu’est ce que ça change?

    Ils ont d’autant plus de pouvoir qu’ils peuvent se passer du travail.
    A terme ils auront donc le pouvoir absolu, (ce qui est déjà quasiment le cas), et d’ailleurs eux seuls auront les moyens de financer une police!
    Keynes n’est il pas passé a coté du vrai problème ?…

  13. Avatar de Pseudo Cyclique
    Pseudo Cyclique

    la compta c’est le seul taff qui va rester même si c’est le truc le moins utile au monde ?
    c’est une vision déformée par l’argent !
     » Nous subissons la dictature des « résultats financiers », qui nous forcent à vivre dans un univers de taudis, au prétexte que « nous n’avons pas les moyens » de faire mieux, alors que des armées de travailleurs désœuvrés et de machines à l’abandon nous permettraient de bâtir d’ores et déjà la cité idéale.  »
    la misere intellectuelle de la finance est cruelle elle impose sa fletrissure partout
    au monde universitaire
    http://universiteenruines.tumblr.com/
    comme au monde industriel (voir les images de Detroit avant après ) …
    http://detroiturbex.com/content/ba/
    la politique de l’autruche ne dure qu’un temps , pourquoi feindre de ne pas voir , pourquoi accepter des conditions pareilles de vie ou de travail ?
    aucune fierté ou déjà zombie ?

  14. Avatar de octobre
    octobre

    travail, famille, patrie, religion…

    Cependant les ruines de la ville d’Alep prouvent que nous sommes tous des rats.

  15. Avatar de Antoine
    Antoine

    Moi j’y vois dans ces propos la dénonciation du culte du chiffre et de la logique, aux dépens de l’art, qui lui donne du sens à la vie.

    Tout sentiment qui peut soulever des montagnes, mais qui naît simplement en retournant la terre de la bonne manière; ou en construisant une chaumière, en faisant sonner juste son harmonica, a été balayé par la logique et la raison,et donc la financiarisation.

    Mais, si on en croît le Regain de GIONO, avec sa renaissance d’un village, tout est encore et toujours possible, à condition de le vouloir, et reconnaître simplement ce que l’on est et ce dont on a besoin.. Pas grand chose, à l’en croire.
    Lui va même plus loin, dans Colline, il prétend que la nature est capable de rappeler à l’homme qui il est. Elle devrait donc nous faire retrouver raison prochainement, il faut espérer.

    1. Avatar de Pierre Lang

      Selon moi, il est aussi absurde de ne considérer que des chifres et de la logique que de ne considérer que de l’art. Je pense que l’économie est le mix de nombreuses sciences exactes et humaines, de l’algèbre à la psychiatrie en passant par l’art et l’impossible définition de ce que sont le bien-être et l’harmonie régnant dans un groupe social.

      S’il est quasi impossible de créer un modèle rigoureux représentant le système économique (personne, même pas un bataillon de prix Nobel d’économie, n’y est arrivé), il est nénamoins très facile de démontrer avec des équations qu’un modèle proposé ne peut pas fonctionner dans la réalité. En justice où l’intime conviction est le seul critère, c’est du même tonneau : On peut prouver que quelque chose existe mais pas prouver que quelque chose n’existe pas.

      J’ai pu soigner un schizophrène qu’avec beaucoup créativité, mais je n’ai jamais réussi à acheter mon pain avec un billet de 20 € sans faire de mathématiques !

      1. Avatar de Antoine
        Antoine

        Pierre Lang,

        « Je pense que l’économie est le mix de nombreuses sciences exactes et humaines, de l’algèbre à la psychiatrie en passant par l’art et l’impossible définition de ce que sont le bien-être et l’harmonie régnant dans un groupe social. »

        Oserai- je dire que c’est donc un « savant gloubi boulga » 🙂

        Si c’est un savoir insaisissable, ce me paraît donc sans objet… La croissance, source de bien être en économie, est donc une chimère que l’on poursuit sans vraiment savoir par quel bout la prendre. Bernard MARYS, qui a publié sur ce blog, le dit mieux que moi.

        L’art a ça de vrai qu’il produit du résultat: le beau, le sentiment du travail bien fait, de ce qui est utile et fondamental. Il permet à l’homme de se retrouver, et de comprendre le sens des mots comme celui de fraternité.

  16. Avatar de juannessy
    juannessy

    Un aspect , plus secondaire , qui n’est pas évoqué dans le billet :

    les divergences sources d’effets pervers entre règles comptables et règles fiscales .

    Par ailleurs les règles de compta publique et de compta privée sont différentes , dans leurs énoncés , calendriers et outils , sinon dans leurs motivations .

  17. Avatar de Pierre Lang

    Antoine,

    Si c’est un savoir insaisissable, ce me paraît donc sans objet…

    Je n’ai pas dit cela ! Disons, pour couper la poire en deux, que l’économie n’est pas l’art que l’on croit. Elle n’est pas de l’art en elle-même. C’est la comprendre qui est sans doute un Art 😉

    Concernant, le « beau ». Je suis artiste photographe à mes heures. Mon dada est de peindre avec un appareil photo. Et plutôt que de photographier la laideur ou les débordements de l’espèce humaine comme certains artistes, je préfère justement montrer le beau… Je me « retrouve » avec mon appareil et je partage avec plaisir avec vous la photographie d’une petite île (Flatey) se trouvant en Islande, à quelques encablures du cercle Arctique.

    La beauté de cette peinture digitale est double, car au-delà de l’image, elle peut s’expliquer grâce à une autre beauté de la nature à savoir le merveilleux comportement des rayons lumineux au-dessus d’une mer chauffée par le soleil froid du nord.

    Croyez-moi ! Je préférerai retourner dans ces contrées pleines de vie plutôt que de me faire des cheveux gris en essayant de comprendre les mécanismes absurdes de la macro-économie !!!

    1. Avatar de Antoine
      Antoine

      Ok!

      Merci pour cette photo!

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