Exercice fictif dans le fort de la terreur

Pour la première fois, les quatre délégations de la Croix-Rouge en Franche-Comté ont participé à un exercice de secourisme commun sur un site très compliqué, le Fort Dorsner à Giromagny (90). Un scénario catastrophe qui a été très riche d’enseignements.
Karine FRELIN - 14 sept. 2014 à 05:00 | mis à jour le 14 sept. 2014 à 09:17 - Temps de lecture :

Si le faux accident survenu hier au Fort Dorsner de Giromagny avait été réel et s’était déroulé de nuit, les difficultés éprouvées par les secouristes auraient sans aucun doute été très lourdes. Mais il a été sans conséquences, si ce n’est l’enseignement qu’ont pu tirer les quatre délégations de la Croix-Rouge de Franche-Comté qui ont participé à ce premier exercice régional en commun.

Le scénario était réellement angoissant : un son et lumière est organisé au Fort Dorsner, à Giromagny, l’un des joyaux de la ceinture fortifiée autour de Belfort, en grès rose, circulaire, rempli d’étages, de tunnels, d’anciennes batteries installées en hauteur et de trous dans les fossés. 200 à 300 personnes sont censées y assister quand les organisateurs perdent le contrôle de leur feu d’artifice et que des explosions surviennent, blessant des personnes dans le public. En tout, 25 victimes, dispersées par la déflagration sur le site, qu’il faut d’abord retrouver et secourir. Gérer aussi la panique éprouvée dans ces lieux atypiques où l’on peut très vite se perdre.

120 personnes issues des délégations régionales du Territoire de Belfort, du Jura et du Doubs, pour les secouristes, de Haute-Saône pour le Centre d’aide aux impliqués, qui regroupe et rassure les valides, ont donc passé la journée à Giromagny. D’abord pour faire connaissance le matin, et pour l’exercice opérationnel l’après-midi.

L’alerte a été donnée à 14 h 10 et le décompte du temps a alors commencé : premières prises en charge en situation de moyens de secours dépassés, arrivée progressive des renforts, installation des postes de commandement et d’un poste médical avancé, tri des victimes, transport des plus graves vers un hôpital fictif installé dans une école de Giromagny… Au bout d’une heure, les deux tiers des victimes potentielles avaient été approchés voire soignés, sous l’œil attentif d’évaluateurs et des partenaires de la Croix-Rouge dans la région : police, pompiers, gendarmes, militaires, médecin du Samu 90, élus locaux et services des préfectures de région et du Territoire de Belfort.

« On est prêt quand on s’est préparé à être prêt »

En situation réelle, la Croix-Rouge, qui est un auxiliaire des pouvoirs publics, n’est jamais seule très longtemps dans ce genre d’incident. Elle est très rapidement rejointe par les secours professionnels dès que sont actionnés le 15 ou le 18. Mais « se préparer à l’urgence est totalement essentiel », relevait, sur le terrain, Françoise Fromageau, secrétaire nationale de la Croix-Rouge, chargée des bénévoles, qui sont quelque 10.000 en France. « On est prêt quand on s’est préparé à être prêt. »

Et si l’ensemble a paru, pour les yeux néophytes, un peu cafouilleux au départ, « il y a toujours une désorganisation totale au début d’un événement dramatique », rectifiait le Dr Sandra Deleule, médecin urgentiste à Belfort et directrice du Centre d’enseignement des soins d’urgence Nord Franche-Comté, venue observer le travail de l’association de sécurité civile. « L’objectif, c’est que cette période soit la plus courte possible. »

Les 120 secouristes ont pu, dès la fin de l’exercice, remettre tout à plat avec leur hiérarchie. En attendant la mise en pratique, le plus tard possible.

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