A ma grande surprise, je me suis rendu compte que c’était un sujet polémique en lisant les commentaires d’un article du JDN : Google pénalise les lenteurs d’affichage . On y voit un débat animé mais correct entre Olivier Andrieu, l’éditeur du site SEO bien connu Abondance et l’auteur de l’article, Pierre Elemento qui défend l’impact du temps de chargement sur le référencement. Je vais donc donner des explications, d’après mon expérience et un peu de recherches, sur les effets d’un site rapide sur le SEO, avec quelques preuves à l’appui…

Ce qui est bon pour l’utilisateur est bon pour le SEO

L’objectif de google a toujours été de calquer la pertinence de son moteur de recherche avec celle de l’utilisateur, tout en alliant vitesse d’affichage des résultats, monétisation et contraintes techniques.

Mais ce besoin de pertinence était freiné justement par ces contraintes techniques et la nécessité d’afficher ses résultats de recherche (SERP) en quelques dixièmes de secondes. Les critères étaient donc plus quantitatifs que qualitatifs, car plus simples et plus rapides en temps de calcul. Aujourd’hui l’infrastructure de google, ses serveurs surpuissants lui permettent d’ajouter des critères plus qualitatifs dont les signaux utilisateurs mais aussi des critères sémantiques plus évolués par exemple.

Partant de ce principe, la rapidité d’une page ayant un impact sur l’expérience utilisateur, google étant capable de capter les signaux relatifs à ce comportement, la vitesse d’un site a donc un impact sur le SEO.

Pourquoi c’est dans l’intérêt de google de privilégier les sites rapides ?

« Parce que lorsque google positionne des sites lents, les gens utilisent moins google ».

C’est la conclusion de google après de nombreux tests qui consistaient à augmenter le délai d’affichage des résultats du moteur et à observer le comportement de leurs utilisateurs. Le tableau ci-dessous est un extrait du test complet que vous trouverez ici :

test google sur l'impact utilisateur d'un rallongement des délais d'affichage des résultats d'une SERP

Amit Singhal et Matt Cutts cite une nouvelle expérience en juin 2009 qui donne une des conclusions suivantes :

Nos expériences démontrent que le ralentissement de la page des résultats de recherche de 100 ms à 400 ms a un impact mesurable sur le nombre de recherche par utilisateurs entre -0.2% et -0.6%

Comment google connait la vitesse de chargement d’un site ?

Google connait le temps de chargement des pages d’un site depuis :

  • Le temps de réponse récupéré par googlebot ;
  • Le navigateur chrome.

Seul le temps de réponse récupéré par Google chrome est pris en compte dans les facteurs de positionnement comme le suggère ce document d’aide google. Contrairement à Googlebot, du moins pour l’instant, le navigateur chrome récupère l’ensemble des éléments chargés sur la page (CSS, JS, image,…).

Google chrome, agit comme un espion, et récupère non seulement le temps de chargement, mais aussi des données comme le temps passé sur un site, le taux de clics,… Vu que la vitesse de chargement a un impact sur ces derniers critères, ça signifie donc qu’il a un impact direct et indirect sur les critères de classement d’une page.

Le pogosticking ou le taux de retour vers la SERP

Au-delà de ça, google possède aussi des données de son propre moteur, comme le taux de retour du site vers les pages de résultats, appelé aussi pogosticking.

pogosticking ou taux de retour vers la page de résultats google

Il arrive qu’un visiteur retourne rapidement d’un site vers la page de résultat Google parce que la page ne s’affiche pas assez rapidement par exemple. Avec la qualité du contenu, le temps d’affichage est la principale cause de ce pogosticking. Personnellement, ça m’arrive souvent.

C’est mauvais signe et google se sert de cette donnée pour affiner ses positions.

C’est inscrit dans l’algorithme Google

Si vous n’êtres pas encore convaincu, je vais continuer sur cette digression au sujet de l’expérience utilisateur qui n’en ai pas vraiment une car la vitesse d’affichage d’un document influence les critères d’usage.

Voici ce que dit ce brevet de google déposé en 2003 au sujet du comportement utilisateur :

Si un document est retourné pour une certaine requête dans un temps donné, les utilisateurs passent plus ou moins de temps sur le document correspondant à la requête ou une requête similaire, alors cela peut être utilisé comme une indication que le document est pertinent ou non.

Pour accéder à l’extrait original en anglais, rendez vous à la section « User Behavior » .

Parce que Google l’a dit

Les objectifs de la communication de Google et les objectifs du lecteur ou d’un référenceur ne sont pas forcément les mêmes, il faut parfois pondérer certains de leurs propos. Toutefois, les déclarations de google ou de Matt Cutts, leur porte parole, sont à prendre en compte.

Voici donc quelques annonces de google sur l’influence de la rapidité d’un site sur le référencement :

En avril 2010, Google annonce officiellement la prise en compte de la vitesse d’un site dans ses critères de classement. Il précise aussi que seul 1% des requêtes sont affectés. 1% à l’échelle du web c’est énorme et c’était en 2010, ça a sans doute évolué.

En juin 2013, à l’exposition search marketing SMX, Matt cutts annonce qu’ils vont mettre en place un critère de positionnement sur les résultats mobiles basé sur le temps de chargement des pages.
On retrouve aussi dans la page d’aide de google dédiée aux smartphones, une rubrique sur l’importance d’optimiser la vitesse de chargement des pages

Le 23 Mai 2014, Google explique son intention, à petite échelle dans un premier temps, de crawler les sites comme un navigateur, c’est-à-dire avec le chargement de tous les éléments tel que le javascript. Un passage relève de l’intérêt SEO d’avoir un site performant :

Si votre serveur web est incapable de gérer le volume de requêtes de crawl, cela peux avoir un impact négatif sur notre capacité à afficher vos pages

Googlebot crawle plus vite, et alors !

Influence du temps de chargement sur le volume de pages crawlées par jour

Nous avons vu que la vitesse d’un site est un facteur direct de positionnement, un facteur influençant l’expérience utilisateur et donc le SEO, et c’est aussi un facteur de crawl. Sur le graphe ci-dessus, tiré de google webmaster tools, on voit bien l’influence de la diminution du temps de chargement sur le volume de pages crawlées par jour.

On peux considérer que Google a un temps de crawl alloué à un site. Plus google explorera ( ou crawlera) vite les pages d’un site, plus il en explorera. Ca augmente donc au final le potentiel de pages indéxées et pouvant générer des visites. Ca surprend souvent mais google connait rarement l’intégralité des pages d’un site, sauf pour les tout petits sites de quelques dizaines de pages.

Outre le fait d’augmenter ce potentiel de pages actives (page qui fait au moins une visite), ce qui est déjà un gros levier de croissance, l’augmentation du crawl se traduit aussi par une amélioration des positions et du nombre de visites par page.

Vitesse des pages et conséquence sur la fréquence de crawl et les visites

Pour le graphe ci-dessus, j’ai récupéré les données « temps de chargement en ms » en abscisse, « nombre de crawl » et « nombre de visites » pour un peu plus de 250 000 articles sur la santé et sur une période de 15 jours. Pour tirer des conclusions de ce type de corrélation, il faut que le volume soit suffisamment important et que les pages soient suffisamment proches sur le plan thématique et structurel afin d’avoir par ailleurs des données égales ou très proches.

Ce qu’on constate, c’est qu’une page chargée entre 100 et 1000 ms fait en moyenne 3 fois plus de visites qu’une page chargée entre 3 secondes et 4 secondes. On constate aussi que google passe plus souvent sur une page qui charge rapidement que sur une page qui charge plus lentement.

Cette étude tendrait donc à prouver que la fréquence de crawl a un impact sur le nombre de visites. Et pour avoir plus de visites, c’est que les positions des pages qui chargent vite sont meilleures.

Etudes de cas sur l’amélioration des performances et le trafic

L’impact de la vitesse de chargement sur le trafic est très variable, il peut être très minime comme très important. En fait il dépend de l’état de départ du site et de son nombre de pages. Si un site a des gros problèmes de performances et qu’il possède un grand volume de pages, l’impact après optimisations SEO sera significatif, avec des gains constatés pouvant aller jusqu’ à 50% de trafic organique supplémentaire.

Voici un cas client avec mise en place de recommandations d’un audit seo avec une forte composante performances:

optimisations des performances et impact sur le trafic organique

Le temps de chargement baisse et le trafic augmente. Dans ce cas, d’autres changements structurels sont aussi survenus sur le site, l’augmentation de trafic n’est donc pas dû uniquement à l’amélioration des temps de chargement.

Voici aussi d’autres études de cas trouvés sur le web :
20% de trafic organique en plus
40% de trafic organique en plus

Conclusion

De manière directe et indirecte, les performances d’un site ont selon moi un impact indéniable sur le référencement naturel. Dans une perspective plus inbound marketing, il y a aussi des impacts sur l’engagement social et les conversions.

L’optimisation des performances fait partie des point les plus importants à analyser dans un audit seo avec le contenu, le maillage interne, les partages sociaux ou encore les liens entrants.