399,5 millions d'euros. C'est le chiffre d'affaires, hors transferts de joueurs, qu'a atteint lors de la saison 2012-2013 le Paris-Saint-Germain. Soit une progression de 45% sur un an. L'information a été rendue publique mardi 15 avril par la Ligue de football professionnel, qui a sorti les comptes de tous les clubs français. Le deuxième plus gros revenu de Ligue 1 est l'Olympique de Marseille, avec... 104,9 millions. Quasiment quatre fois moins.
Ecrasée par des coûts salariaux exorbitants dus à sa politique de recrutement de stars (Zlatan Ibrahimovic, Thiago Silva, etc.), l'équipe de football de la capitale a malgré tout terminé le dernier exercice clos sur un résultat net négatif de 3,5 millions d'euros. Elle fait un peu moins bien que la moyenne, la perte cumulée des vingt clubs de Ligue 1 étant de 17,6 millions d'euros.
Le contrat avec QTA a rapporté 233,5 millions
La stratégie de montée en gamme menée par Qatar Sport Investments (QSI), le propriétaire du PSG, depuis juin 2011 paye. Chacun des postes de recettes traditionnels a fortement progressé. Les droits audiovisuels ont ainsi doublé en deux ans, pour atteindre la saison dernière 90,9 millions, tandis que la billetterie est passée de 18,1 à 39,9 millions d'euros.
Cela ne suffit pas pour autant à expliquer le bond gigantesque du chiffre d'affaires. Il faut pour cela se reporter à la ligne "autres produits", sous laquelle est enregistré l'énorme contrat d'image que le club parisien a passé avec la Qatar Tourism Authority (QTA), émanation de l'Etat du Qatar, comme l'est QSI. En 2012-2013, cette ligne comptable affiche un résultat spectaculaire: 233,5 millions d'euros. En 2010-2011, avant l'arrivée fracassante de Doha à Paris, elle plafonnait à... 17,1 millions d'euros. C'est ce qu'on appelle une ressource providentielle.
L'UEFA pourrait interdire le PSG de recrutement
Elle est tellement miraculeuse qu'elle pourrait bien être jugée farfelue par l'UEFA. D'après le quotidien britannique The Daily Telegraph, l'instance européenne de football serait sur le point de sanctionner le Paris-Saint-Germain, par une amende ou une interdiction de recruter. Elle pourrait estimer que le contrat avec QTA, dont la valeur dépasse toute rationalité économique, est un contournement illicite du principe de fair-play financier qu'elle vient de mettre en place. Celui-ci commande aux clubs européens de ne pas dépenser plus d'argent qu'ils n'en gagnent, afin de ne pas rompre l'équité sportive.
En théorie, le manquement à cette règle peut aller jusqu'à l'exclusion de la prestigieuse et rémunératrice Ligue des champions, la compétition européenne que les Qatariens rêvent de remporter -et pour laquelle, précisément, ils dépensent tant d'argent... Le Telegraph assure que l'UEFA, qui aurait également Manchester City dans le viseur, ne devrait pas recourir à cette arme de destruction massive. Elle-même n'y a pas intérêt, étant l'organisatrice de la Ligue des champions, qui lui assure une grande partie de ses revenus...
En revanche, une sanction de l'UEFA, même symbolique, pourrait tout à fait être le prétexte à une action en justice des concurrents directs du Paris-Saint-Germain en Ligue 1. Ces derniers pourraient crier à la concurrence déloyale, leur rival n'ayant pas respecté les règles du jeu. Pas sûr que Monaco, propriété du milliardaire russe Dmitry Rybolovlev et actuel second de Ligue 1, lance les hostilités: l'équipe de la Principauté ne doit pas être loin de violer le fair-play financier... En revanche, le troisième, Lille, pourrait y songer. Cette éventualité est toutefois improbable: elle reviendrait à une déclaration de guerre contre les Qatariens, dont les investissements en France profitent aussi à l'ensemble de l'écosystème...