Des créateurs d'entreprise de plus en plus novices

A quoi ressemble un entrepreneur français ? Loin des clichés du genre startupper branché ou cafetier aveyronnais, l'Insee a dressé un portrait-robot des personnes qui ont créé leur entreprise en 2014 dans l'Hexagone, en y enlevant toutefois les autoentrepreneurs, une population très particulière. Les créateurs de 125.000 entreprises étudiées au premier semestre de l'année 2014 ont plusieurs caractéristiques intéressantes. D'abord, il s'agit en premier lieu de salariés du privé, à 32 %, puis de chômeurs pour 27 % d'entre eux. « Ceci est une première », constate l'Insee puisque, en 2006 et 2010 - deux années étudiées par les experts de l'institut -, « les chômeurs étaient les plus nombreux ». En 2010, un tiers des créateurs d'entreprise étaient des personnes sans emploi tandis que 28 % étaient des salariés du privé.

Ensuite, « la création d'entreprise reste une activité très masculine », notent les auteurs. La proportion de femmes n'a pas varié entre 2010 et 2014 et reste à 28 %. Autre caractéristique, les personnes qui ont fondé leur société sont un peu plus âgées qu'avant : 22 % avaient plus de cinquante ans en 2014, contre 20 % en 2010. Elles sont aussi un peu plus diplômées : 31 % étaient titulaires d'un diplôme égal ou supérieur à la licence, soit 4 points de plus qu'en 2010.

De plus en plus, les Français qui se lancent dans la création d'entreprise sont des novices en la matière. Pour 72 % d'entre eux, il s'agit de leur première expérience, alors que ce n'était le cas que pour 67 % d'entre eux quatre ans auparavant. Et ils sont de plus en plus indépendants : 41 % des créateurs d'entreprise de 2014 ont monté leur projet seul, contre 28 % en 2010. A peine un sur cinq déclare s'être appuyé sur une structure dédiée à la création d'entreprise.

Des projets plus modestes

Conséquence logique de ce « do it yourself », les projets sont souvent plus modestes. Un peu plus d'un créateur d'entreprise sur deux s'est lancé dans son projet avec un investissement initial inférieur à 8.000 euros en 2014, alors que cette proportion n'était que de 44 % en 2010. Avec un bémol toutefois, le nombre de ceux qui partent avec un capital important ne recule pas : 12 % de ceux qui ont fondé leur société disposaient d'une mise de départ d'au moins 80.000 euros.

Si, à court terme, la création d'entreprise semble insuffisante pour combattre l'ampleur du chômage, le nombre d'emplois induits chaque année est loin d'être négligeable. « Les entreprises créées au premier semestre 2014 et toujours en activité en fin d'année employaient 57.000 salariés hors dirigeants au moment du démarrage de leur activité, et 89.000 fin 2014 », selon l'Insee.

Enfin, c'est dans le commerce que se trouvent le plus de créations avec plus d'une société fondée sur cinq en 2014. La construction suit. En revanche, l'hébergement-restauration ne représente que 8 % des créations. Surtout, le secteur information et communication ne regroupe qu'à peine 3 % des entreprises créées en 2014. Si l'Hexagone paraît à certains entré de plain-pied dans l'ère du numérique, il faut donc relativiser. Même si le label French Tech du gouvernement rayonne à l'étranger, la France est loin d'être une « start-up nation ».